2.3.2 Les différents
rapports de l'enseignant au travail
· Le rapport au travail
On peut définir l'enseignant comme un professionnel de
l'éducation/apprentissage. Les deux termes sont indissociables puisque
l'enseignant est un spécialiste des stratégies éducatives
ayant pour but de favoriser des apprentissages, voire la maîtrise
même des processus d'apprentissage chez l'autre. L'enseignement est un
service public, visant le bien-être de la collectivité en
contribuant au développement des personnes qui vont composer et
gouverner la société de demain, assurant ainsi sa
pérennité, et idéalement, dans une société
démocratique, favorisant l'accès pour le plus grand nombre
à une meilleure qualité de vie. L'acte éducatif est par
ailleurs un acte complexe (PERRENOUD, 1993; Conseil
supérieur de l'éducation, 1991) - complexe, réflexif et
interactif selon les termes du Conseil supérieur de l'éducation
(1991) - requérant la maîtrise de plusieurs savoirs, tant
théoriques que pratiques, et de plusieurs habiletés. Savoirs
pédagogiques et didactiques, savoirs disciplinaires, connaissances dans
le domaine de l'évaluation des apprentissages, habiletés
relationnelles, sens de l'éthique en sont autant d'exemples. C'est
d'ailleurs dans un rapport de responsabilité, et ce, à plusieurs
égards, que l'enseignant assume sa fonction.
Le rapport aux
responsabilités
L'enseignant est responsable, envers la
société, de l'éducation de ses membres. Il est imputable
de ses actes. La notion d'imputabilité est d'ailleurs de plus en plus
présente dans nos sociétés utilitaristes, qui
malheureusement l'interprètent souvent de manière trop comptable.
Car si l'enseignant, et plus largement le système éducatif, doit
rendre compte de ses actes auprès du gouvernement, notamment en tant que
représentant de la société et bailleur de fonds publics,
c'est surtout en termes de qualité de la formation et d'aide à
l'apprentissage qu'il doit le faire, et non en termes de rentabilité,
dans le vocabulaire désormais passé dans le langage courant de
rapports coût/production. La responsabilité qu'il a envers la
société doit au contraire l'amener à
réfléchir à sa fonction sociale et à l'orientation
qu'il veut lui donner. Dans cet acte de réflexion, il peut participer
à la définition ou redéfinition de sa profession,
étant un acteur de la professionnalisation et non un simple pion sur
l'échiquier de sa mise en place. Car la professionnalisation d'un
métier est un processus dynamique auquel participent les acteurs de la
profession et non pas la réitération en tous points conformes
d'un modèle professionnel figé, fermé
(ANADON, 1999). C'est le caractère réflexif de
l'action éducative qui en fait une profession et non un
répertoire, souvent trop vite institutionnalisé, d'actes
entièrement définis.
La responsabilité de l'enseignant s'exerce d'abord et
avant tout à l'égard de l'élève ou de
l'étudiant. Il est responsable de la qualité de sa formation et
aussi d'un rapport avec lui dans lequel il n'abusera pas de son pouvoir, que ce
soit sur le plan intellectuel par l'endoctrinement, entre autres, ou sur le
plan affectif ou sexuel, par la séduction (GOHIER,
1999). Cette responsabilité de maître/adulte (ayant la
maîtrise de son savoir ou de son champ d'expertise), l'enseignant ne peut
l'exercer que s'il est un véritable éducateur qui se soucie du
développement global de la personne. Il ne peut l'avoir que s'il
assortit son action pédagogique de considérations d'ordre
éthique et déontologique (GOHIER, 1997a). La
responsabilité de l'enseignant envers l'élève se double de
celle qu'il a envers le parent, tuteur de l'enfant, responsabilité au
sens de pouvoir répondre de ses actes envers les parents lorsqu'ils le
demandent. Il reste que c'est l'apprenant qui est au coeur de l'action
éducative.
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