Le rapport aux apprenants
Comme certains l'ont déjà, la finalité
première de l'enseignant, comme spécialiste de
l'éducation/apprentissage, c'est sa disparition. Il peut
considérer sa tâche achevée lorsque l'élève
est devenu suffisamment autonome pour poursuivre un processus de formation
continue, qui dure toute la vie. Paradoxalement, c'est en instituant une
relation de qualité avec l'élève qu'il atteindra ce but,
car l'action éducative repose sur la relation pédagogique
qu'entretient une personne avec une autre afin de favoriser son
développement. L'importance de cette relation n'est plus à
démontrer, même au début du troisième
millénaire, dans une société caractérisée
par la mondialisation et la globalisation des marchés et par la
prépondérance des technologies de la communication qui
envahissent tous les domaines, y inclus celui de l'éducation. Tout en
préconisant une adaptation de l'éducation à cette
«nouvelle civilisation», à ce monde du virtuel, l'UNESCO
reconnaît aussi la prééminence de la relation
pédagogique (BRUNSWICK et DANZIN,
1998) cités par GOHIER (2001).
Outre l'aspect affectif, cette relation met en jeu d'autres
dimensions. On oublie trop souvent de parler de la relation intellectuelle qui
s'instaure entre l'enseignant et l'élève. En donnant
l'information requise ou en l'orientant vers des pistes de solution ou vers les
outils nécessaires pour les trouver, l'enseignant permet à
l'élève de retracer la connaissance, voire de la
réinventer, et, ultimement, de participer à sa construction. En
mettant en oeuvre un ensemble de savoirs, disciplinaires, pédagogiques
et didactiques, autant théoriques qu'issus de la pratique ou de l'action
(TARDIF, 1993; GAUTHIER et al. 1997),
l'enseignant peut atteindre cet objectif, qui est en somme l'ultime
finalité de l'éducation.
On ne saurait non plus taire le rôle de modèle
que peut jouer l'enseignant pour l'élève. L'enseignant exerce une
influence sur l'élève par son comportement et par les valeurs
qu'il véhicule, même dans les pédagogies actuelles non
directives ou plus centrées sur l'élève. Davantage de
cette manière, peut-être, puisqu'il ne fait plus figure
d'autorité absolue et extrinsèque, mais plutôt
d'accompagnateur sur les chemins du savoir, l'élève compagnon
risquant d'autant d'intérioriser les valeurs qu'elles lui semblent
intrinsèques, partie intégrante de son propre cheminement.
Mais bien que l'enseignant soit en dernière instance
seul avec ses élèves dans sa classe, il n'est pas l'unique acteur
sur la scène de l'éducation. Bien d'autres instances et bien
d'autres personnes y jouent un rôle important. Le ministère de
l'Éducation, la direction de l'école, les commissions scolaires,
autant d'intervenants qui ont voix au chapitre en ce qui concerne les
orientations éducatives, les programmes scolaires et la formation des
maîtres. Mais, au quotidien, c'est le rapport à la direction de
l'école et aux collègues qui oeuvrent dans son
établissement qui sont au coeur de la vie professionnelle de
l'enseignant.
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