2.2. LES DIFFERENTES MOTIVATIONS
DU CHOIX PROFESSIONNEL ENSEIGNANT
Les enseignants éprouvent des motivations diverses au
moment de leur choix professionnelles. Certaines études ont
révélé quelques raisons avancées par quelques uns.
Tel le cas des études menées sur les motivations de départ
de l'enseignant. Un rapport du ministère de l'éducation sur
l'affectivité et les motivations de l'enseignant (1987) permet de mieux
cerner la situation :
Au sein du monde enseignant, deux motivations dominent :
le besoin d'épanouir sa personnalité 49 % et le besoin
d'affection 48%. On retrouve à coté le besoin de
sécurité 38%, le besoin de prestige 38 % le besoin de
considération 3%.
Les besoins d'expression et
d'épanouissement : cette motivation est le moteur de la
volonté d'autonomie dont les enseignants font preuve en particulier pour
les plus jeunes. Le besoin d'affection peut constituer un
symptôme de désajustement progressif de l'institution scolaire par
rapport à l'évolution des mentalités. Il faut
également interpréter ce besoin d'affection comme un besoin
ressenti par les enseignants pour eux-mêmes, traduisant des attentes de
confort au quotidien, d'appartenance à des environnements humains plus
chaleureux, et de sécurité affectives.
Le besoin de sécurité est
beaucoup moins prégnant chez les enseignants que dans l'ensemble de la
population. La menace du chômage étant atténuée, il
faut comprendre le poids relatif de cette motivation de sécurité
économique comme l'expression d'une inquiétude en matière
de maintien de pouvoir d'achat, du niveau de confort de vie, et de progression
de carrière. Le besoin de prestige :
« s'offrir son rêve » motive moins les enseignants
que l'ensemble des français. Le besoin de
considération et d'estime ne motive qu'une minorité des
enseignants. Le sentiment de n'être pas reconnu apparaît assez
intensément chez les maîtres de 29-34 ans comme une crise
d'identité. Hommes et femmes ont-ils les mêmes motivations ? Les
motivations des femmes enseignantes sont massivement orientées vers
l'épanouissement et l'affectivité; celles des hommes enseignants,
plus hétérogènes, ont surtout trait à
l'épanouissement et au prestige.
Le sens donné au travail : le désir
d'enrichissement intellectuel et d'utilité sociale prime sur les
motivations pécuniaires. On note des tendances d'évolution
hétérogènes entre les enseignants et la population. Le
monde enseignant se montre traversé de clivages d'âge très
spécifiques, qui correspondent probablement à différentes
périodes de recrutement, et traduisent les différentiels
d'ajustement entre l'institution scolaire et la population au cours de
l'histoire récente. Les enseignants les plus jeunes se distinguent par
une intensification des motivations d'utilité sociale et
d'épanouissement. Les enseignants seraient davantage portés
à l'expression et l'épanouissement personnels, et peu
préoccupés par les aspects matériels de l'existence.
Cette implication est directement liée aux motivations de départ
pour l'enseignement. 1. Les motivations de l'enseignant pour
l'enseignement : d'après une enquête
réalisée en 1997 et 1981 auprès d'un échantillon
représentatif de 1040 enseignants du premier degré, relevons
quelle a été pour les maîtres interrogés leur
première motivation pour l'enseignement. -motivation active : garder
un contact avec les jeunes, à l'aise avec les jeunes,15.7 %
-motivation matérielle : avoir un moyen de gagner sa vie, devenir
indépendant,13.2 % -motivation active : avoir une fonction
éducative, un impact sur les jeunes, sur la société,
12.7% ; -motivation active: transmettre des connaissances, des
savoirs,12.3% - motivation matérielle : possibilité de
garantir un équilibre entre vie professionnelle et privée,
11,8% ; - motivation matérielle : liberté d'action,
flexibilité et diversité dans le travail, autonomie dans le
travail 59% ;
- motivation active : la tradition familiale, influence d'un
parent enseignant ou influence d'un enseignant, 59% ;
Les motivations actives qui mettent en relation
l'enseignant et l'élève sont davantage citées.
2. Relations entre le type de motivation de départ et le
degré d'activisme ou de fatalisme des enseignants au cours de leur
carrière
Le désir de rester dans l'enseignement en
fonction de la première motivation. Les maîtres qui
désirent fermement rester dans l'enseignement toute une carrière
ont eu pour le plus grand nombre d'entre eux des premières motivations
de départ actives. C'est parmi les maîtres qui ne souhaitent pas
demeurer dans l'enseignement ou qui ne savent pas vraiment s'ils quitteront le
métier que l'on trouve le plus de premières motivations de
départ matérielles. Les moments de doute au cours de la
carrière en fonction de la première motivation de départ.
Lorsque les moments de doute apparaissent très tôt dans la
carrière, les motivations de départ étaient
essentiellement des motivations matérielles ou passives. Quand les
moments de doute surgissent plus tard dans la carrière (en milieu ou en
fin de carrière) les motivations de départ étaient
plutôt des motivations actives. Des motivations actives permettraient un
début de carrière davantage serein. Lorsque les
maîtres pensent quitter leur métier leurs motivations de
départ étaient majoritairement matérielles et passives
(52,5 % pour les enseignants qui ont pensé fermement quitter leur
métier et 55,5 % pour ceux qui ont pensé quitter avec des
nuances). Parmi ces maîtres qui ont pensé sérieusement
quitter l'enseignement, quel est le motif en fonction de leur première
motivation. Chez les maîtres qui désirent quitter
l'enseignement pour faire autre chose, 50 % d'entre eux avaient des motivations
matérielles lorsqu'ils se sont engagés dans la carrière.
Il est intéressant de relever que les motivations initiales des
enseignants qui souhaitent abandonner leur métier par manque de charisme
étaient uniquement matérielles ou passives. Par ailleurs, ceux
qui souhaitent quitter leur métier parce qu'ils éprouvent un
malaise sont des enseignants qui au départ avaient en grande
majorité des motivations actives. Ce sont des maîtres qui seraient
plutôt déçus, lassés ou fatigués par leur
travail au quotidien. Enfin, pour les maîtres qui avancent des raisons
familiales pour justifier leur désir de quitter la carrière dans
laquelle ils s'étaient engagés, ils avaient essentiellement
à l'entrée dans le métier des motivations actives et
matérielles. Quand les maîtres ont choisi d'entrer dans
l'enseignement avec des motivations actives s'il survient au cours de leur
carrière une volonté de renoncer à leur métier,
cela est dû essentiellement au fait qu'ils souhaitent faire autre chose
ou qu'ils vivent mal leur profession. Pour ceux qui au départ avaient
des motivations matérielles ou passives, s'ils devaient quitter leur
métier pour une grande majorité d'entre eux la raison principale
serait de vouloir faire autre chose. Le degré d'activisme ou de
fatalisme des maîtres du premier degré au cours de leur
carrière est lié aux types de motivations de départ qui
peuvent donc influencer le déroulement ultérieur d'une
carrière.
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