4. En 2014 : une aide alimentaire qui montre ses
limites
Aux côtés des organismes publics comme
FranceAgriMer ou les collectivités locales, les différents
réseaux associatifs militants comme les Banques Alimentaires ou encore
les Restos du coeur, s'organisent pour venir en aide aux plus démunis
dans les conditions fixées par l'Europe.
En 1997, les restos du coeur ont distribué 59
millions de repas pour 575 000 bénéficiaires, les
banques alimentaires 97 millions de repas ou colis pour 830 000
personnes.
En 2012, près de loo 000 tonnes de
denrées alimentaires ont été distribuées par le
réseau des Banques alimentaires, soit l'équivalent de 318
millions d'euros de denrées
35
alimentaires pour plus de 800 000 personnes
accompagnées .
Ces chiffres montrent à quel point l'ampleur
de la tâche est difficile pour ces structures mais également que
la demande non satisfaite reste grandissante.
Si les années 1996-97 sont actuellement celles
où le taux de pauvreté a été le plus
élevé
36 37
(14,5% de la population vivant sous le seuil de
pauvreté) , en 2010, selon l'INSEE , 14,1% de Français vivent
encore sous le seuil de la pauvreté. Plus localement, en PACA, le
chiffre de 2010 est plus significatif puisque ce taux est de 16,3% (soit
près de 8o5 500 personnes, en augmentation de o,6% par rapport à
2009). Des chiffres alarmant au vu des efforts fournis par toutes les
structures.
Alain Clément, dans son article de 2001,
explique que «l'existence de critères
d'éligibilité plus sévères» peut
poser les limites de ces modèles. De fait, en 2014, une personne
qui
souhaite avoir accès aux restos du coeur, doit
remplir un dossier souvent complexe. Cela constitue un frein pour la personne
peu ou prou avertie sur le sujet.
L'idée de réciprocité entre le
donateur et le receveur apparu sous la Ille république fait
son chemin et s'accentue de nos jours. Michel LEGROS explique que les
politiques sociales d'aujourd'hui mettent «une
pression forte sur les gens» et que pour lui
«nous sommes passés de politiques d'insertion,
à des politiques d'activation». Il confirme
également que « la tendance, à l'heure actuelle, est de
durcir les contreparties». La « socialisation » des
individus est moins mise en avant dans les programmes politiques ou certaines
init iat ives solidaires.
Comme le rappelle Michel LEGROS, «il faut
balayer un mythe...qui est que l'aide alimentaire serait une réponse
très ponctuelle à une situation de détresse voire de
famine » et « l'histoire économique
des relations entre l'alimentation et la pauvreté nous montre qu'il faut
s'inscrire dans des cycles longs ». Les chiffres de
l'INSEE montrent que l'évolution de la pauvreté s'appuie sur un
« socle de pauvreté qui est à peu
près stable depuis 25 ans ». En
2014, la pauvreté peut toucher n'importe qui, et comme précise
Michel LEGROS on voit même apparaître une pauvreté qui
touche des personnes âgées, mais «des
«jeunes» personnes âgées ».
Suite à ces constats, l'aide alimentaire ne
peut pas rester sur des bases anciennes. Elle doit trouver d'autres solutions
d'organisations innovantes permettant la prise en compte des nouveaux facteurs
qui prédisent un investissement sur le long terme dans le
social.
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