3.1 Un nouveau programme qui fait
débat
Le programme 2007-2013 étant arrivé
à son terme, il faut soit le proroger, soit le refondre. Pour rappel :
le projet initial (1985) était de redistribuer les excédents
agricoles européens. En 2014, les excédents ne sont plus
suffisants pour pouvoir continuer à alimenter les
organismes d'aide alimentaire comme les Banques Alimentaires ou
l'ANDES.
27
http://www.inegalites.fr/spip.php?article388
28
Ici, l'observatoire se base sur un seuil de 6o % du salaire
médian Allemand.
-24-
Cela signifie la remise en question de toute une
organisation en place depuis plus de 30 ans pour l'aide alimentaire et io ans
pour les épiceries.
Depuis début 2014, un nouveau programme a pris
la relève : le FEAD. Doté d'environ 3,8
29
Milliards d'Euros , ce fonds ne dépendra plus de
la PAC mais de la cohésion sociale. Il
sera effectif sur le prochain programme
européen 2014-2020. Il est pertinent de lier ceci à
la «Stratégie 2020»3°,
également motivée par l'Europe depuis 2010, qui fixe
certains objectifs dont celui de réduire de 20 millions, le nombre de
personnes touchées par la pauvreté en Europe. Comme l'a
proclamé Juan Manuel BARROSO, Président de la Commission
Européenne, lors du lancement de cette Stratégie en 2010: «
Dans un monde en mutation, l'Union doit devenir une
économie intelligente, durable et inclusive. Ces trois priorités
qui se renforcent mutuellement doivent aider l'Union et ses États
membres â
31
assurer des niveaux élevés d'emploi,
de productivité et de cohésion sociale » .
Ce nouveau fonds permettra à chaque
État bénéficiaire, de réaliser un appel d'offre
pour passer commande de produits spécialement destinés à
l'aide alimentaire. En France, 7 des 11 associations nationales
habilitées ont été agréées pour
bénéficier des produis FEAD et les redistribuer aux structures
d'aide alimentaire (juin 2013). Cette enveloppe est gérée par le
biais d'un organisme public qui est FranceAgriMer, en charge de la gestion des
fonds européens et nationaux comme le PNAA.
La gestion de ces aides prend différentes
formes : les appels d'offres (Marché Public) et les aides
financières directes. Les appels d'offres concernent 5o produits de
bases (lait, beurre, pâtes, riz, etc.) et sont renouvelées chaque
année.
3.2 L'émergence de dérives
économiques
Ce nouveau plan induit également des
dérives que l'on ne soupçonne pas au premier abord.
Analysons-les.
29
http://ec.europa.eu/socia
I/main.jsp?catld=îo89&langld=fr
30
Stratégie de coordination des politiques
économiques de l'union européenne
31
http://ec.e uropa.e u/e uropezozo/i ndex_fr. htm
Une des dérives de ce nouveau fonds est la
création directe d'un nouveau marché très lucratif pour
les industriels de l'agroalimentaire. Ce sont des contrats importants qui sont
à la clé et on retrouve de grands groupes comme
DHUMEAUX (OVIMPEX), CELTIGEL (famille Le GRAET), CHARRIER, Paul Dischamp, etc.
(annexes 5 et 6).
Une autre dérive, constituant la principale
« nouveauté » de ce fonds est l'obligation de gratuité
des produits issus du FEAD pour les bénéficiaires. L'Europe
s'oppose à ce que les produits soient vendus par les structures qui
délivrent de l'aide alimentaire. Cette mesure va à l'encontre du
projet des épiceries solidaires qui est «de rompre avec la
notion
32
d'assistanat» , comme l'indique le
fondateur du réseau ANDES, Guillaume BAPST.
Les épiceries sociales et solidaires se
défendent de cette « participation » demandée aux
bénéficiaires par le fait qu'elle s'inscrit dans un souci de
respect de la dignité et de l'autonomie des personnes. Elle constitue
également une part des recettes non négligeable pour les budgets,
souvent fragiles, des épiceries usant d'une forte hybridation de leurs
ressources (subventions, mécénat, autofinancement, participation
des usagers).
33
Ce nouvel amendement (n°COM-2o12-0617 du
12 juin 2013) a fait débat entre
associations caritatives mais a été
adopté par le Parlement Européen le 24 Février
2014
34
(n° P7_TC1-COD-2o12-0295) . Il acte que l'Europe
s'oppose à ce que les produits issus du FEAD soient « vendus »
aux bénéficiaires par les structures délivrant l'aide
alimentaire et quel que soit le fournisseur d'origine (réseau des
Banques Alimentaires ou l'ANDES).
Les menaces que représente ce nouveau
programme, peuvent être identifiées en quatre points :
- Gratuité des produits distribués aux
bénéficiaires et réduction des recettes
marchandes
- Remise en cause du fondement des épiceries
basé sur la réciprocité dans l'échange
- Risque d'enfermement des bénéficiaires
dans une logique « d'assistanat »
33
34
Compte-rendu exposé du 28/10/2009, Guillaume Bapst,
La Solidarité en Libre Service, Les Amis de l'École de
Paris page 3.
http://www.europarLeuropa
.eu/sides/getDoc.do?type=TA&refe
rence=P7-TA-2o13-o2g7&language=FR&ring=A7-2013-oî83
http://www.europarl.europa
.eu/sides/getDoc.do?type=TA&refe
rence=P7-TA-2o14-oî24&la nguage=FR#t itle 2
- 25 -
32
-26-
- Réduction des crédits pour les
épiceries bénéficiaires et membres des réseaux FFBA
(Fédération Française des Banques Alimentaires) et
ANDES.
Grâce au travail sur la typologie des
épiceries sociales et solidaires, on va pouvoir voir comment cela se
traduit sur le terrain.