CHAPITRE DEUXIEME : LE DEVELOPPEMENT DES APPLICATIONS
MARCHANDES.
559. L'es pace économique mondial est en pleine
restructuration grace notamment aux technologies numériques qui ont
entrainé d'im portants bouleversements et créés de
nouvelles habitudes dans les relations économiques et commerciales.
Aujourd'hui, internet est devenu un moyen efficace
d'échanger et de faire le commerce5,, avec des avantages
indéniables : possibilité de commander facilement et ra
pidement,
577 Les statistiques du commerce en ligne pour la
France sont éloquentes. Selon les chiffres publiés par la
Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad)
et disponibles sur
http://www.fevad.com, 23
millions de Français ont vendu ou acheté pour 20 milliards
d'euros sur le réseau en 2008. Pour Marc Olivier,
délégué général de la Fevad, « si
le rythme de croissance du nombre d'internautes se maintient et que le montant
moyen d'achat ne ralentit pas trop, les ventes en ligne devraient progresser de
20% en 2010 pour atteindre 30 milliards d'euros ».
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet essor du commerce
électronique. Il ya d'abord le nombre d'internautes qui a largement
progressé en France avec près de 32 millions en 2008 et qui
bénéficient d'une connexion à haut débit
très rapide. Ensuite, les cybermarchands beaucoup plus professionnels
offrent désormais une meilleure logistique aux consommateurs :
disponibilité immédiate en stock, suivi des commandes en temps
réel, accès 24 heures sur 24, facilités de paiement et
livraisons gratuites. Dernier avantage et non des moindres : le Net permet
d'éviter le stress des magasins et de faire la chasse aux bonnes
affaires. La complémentarité entre internet et le commerce
traditionnel est également de plus de plus forte : le site web est un
lieu de préparation, avant de concrétiser l'achat en magasin ou
bien de réservation en ligne de produits avant de les acheter
directement dans le magasin le plus proche.
com paraison des prix et des offres en ligne, paiement en
ligne facilité et sécurisé, possibilité de
livraison a domicile, accessibilité a un marché plus large et
surtout, une meilleure connaissance des produits. Il (internet) transforme
profondément les com portements des consommateurs en même temps
qu'il permet aux entreprises et aux prestataires de services de recourir a des
nouvelles pratiques pour préserver si ce n'est dévelo pper leurs
positions sur leurs différents marchés.
560. Toutefois, même si l'on observe une évolution
progressive des transactions en ligne, il faut bien reconnaitre que celle-ci
est encore essentiellement un phénomene s pécifique des pays du
Nord et que les échanges se font plutôt entre pays du Nord. Dans
les pays du sud, a l'instar du Cameroun, la difficulté de dévelo
pper ce genre de transactions tient en partie au dévelo ppement
insuffisant des infrastructures de
télécommunications578 et au coVt d'installation des
plates-formes de commerce électronique qui est souvent tres
élevée. Une autre difficulté tient a l'absence
d'enthousiasme des usagers dans l'utilisation des technologies de l'information
pour commercer en ligne.
En effet, l'immatérialité des relations et leur
nature souvent transnationale sont des éléments qui marquent la
réticence du consommateur potentiel. En plus, les camerounais
découvrent internet et n'ont encore qu'une idée tres vague des
avantages qu'ils peuvent en tirer. Les es poirs nourris par le passé
dans d'autres projets de dévelo ppement se sont transformés en
désillusion et ont renforcés la méfiance a l'égard
de ces nouveaux 4x outils de développement
». Cette méfiance peut, a certains égards, limiter
l'efficacité des technologies de l'information dans la promotion du
changement économique et social.
Dans ce contexte, le dévelo ppement des applications
marchandes passe par le dévelo ppement du commerce électronique
qui permettra la réalisation des o pérations
dématérialisées.
Section première : Du développement du
commerce électronique.
561. L'utilisation des moyens électroniques pour
dévelo pper des transactions en direction de la clientele remonte aux
années 80 avec l'a pparition du Minitel frangais579. Ce
pendant, c'est avec la vulgarisation d'internet que de telles transactions
ont
578 En ce sens, voir supra n° 196 et suiv «
le développement des réseaux de
télécommunications au Cameroun ».
579 Cependant, le faible taux d'équipement
des ménages en Minitel n'a pas permis de faire décoller les
transactions entre les entreprises et les particuliers. C'est d'ailleurs l'une
des raisons pour lesquelles l'entreprise France Télécom qui
commercialisait le Minitel sur le territoire français a opté pour
sa distribution gratuite à tous les ménages qui en feraient la
demande en vue de faire décoller les opérations
électroniques.
veritablement ex plosees a l'echelle mondiale, donnant ainsi
naissance au commerce electronique580. Les sites internet se sont
alors transformes en de veritables magasins offrant un large acces a une
variete de produits et services.
562. Parallelement, il s'en est suivi, au niveau mondial, des
initiatives visant : introduire l'electronique dans le droit commercial
international. Cela a ete fait notamment par la Commission des Nations Unies
pour le Droit Commercial International (CNUDCI) : travers la loi type sur le
commerce electronique ado ptee par la resolution n° 51/162 de l'Assemblee
Generale des Nations Unies du 16 decembre 1996.
563. En effet, grace a la place de premier plan qu'elle occu pe
dans la formulation du droit du commerce international et au role tres
important qu'elle joue dans l'elaboration des textes qui influencent les
activites de commerce a l'echelle mondiale, la CNUDCI, : travers cette loi
type, visait a recommander aux Etats de prendre en com pte la nouvelle
dimension de l'electronique dans les echanges dans la mesure oit
les operations commerciales internationales recourent de plus en plus
souvent a l'echange de donnees informatisees et a d'autres moyens de
communication, qualifies generalement de "commerce electronique", qui supposent
l'utilisation de moyens autres que les documents papier pour communiquer et
conserver l'information581 ».
564. Cette recommandation a ete suivie par de nombreux pays
euro peens. Elle a largement ins piree la directive communautaire n°
2000/31/CE du 8 juin 2000 sur le commerce electronique, laquelle a ete trans
posee en France qui a introduit dans son systeme juridique de nombreuses
dispositions faisant reference a l'utilisation du support electronique dans les
echanges civils ou commerciaux582.
Au Cameroun, au dela des problemes juridiques que posent les
operations effectuees par l'intermediaire des reseaux informatiques en general
et d'internet en particulier583, la question se pose en termes de
mise en place du cadre du commerce electronique et de l'organisation des moyens
de paiement.
Paragraphe premier : Le cadre du commerce
électronique au Cameroun.
580 En ce sens, voir supra n° 34 sur «
l'universalité d'internet ».
581 Considérant n° 3 de la
résolution des Nations Unie s. La loi type vise à
reconnaître la valeur juridique des messages de données et
précise les conditions dans lesquelles la validité juridique d'un
message électronique peut être reconnue, y compris lorsqu'une loi
exige un écrit ou une signature.
582 En ce sens, cf. la loi pour la confiance dans
l'économie numérique, n°2004-575 du 21 juin 2004 qui es t
une loi française sur le droit de l'internet, transposant la directive
européenne n° 2000/31/CE du 8 juin 2000 sur le commerce
électronique. C'est également le cas des articles 1369 - 1
à 1369 - 11 du code civil français qui traite du contrat sous
forme électronique.
583 En ce sens, cf supra n° 377 et suiv «
le développement de l'administration électronique au
Cameroun ».
565. Le commerce électronique ne change pas de
caractéristique selon les pays et les conditions pour qu'il se
dévelo ppe convenablement ont vocation a l'universalité,
malgré les particularités que peuvent revêtir certains cas
d'espece. Aussi, les regles qui ont été posées en la
matière dans d'autres pays peuvent servir pour définir les
conditions du commerce électronique au Cameroun.
Nous définirons dans un premier temps la notion de
commerce électronique avant d'analyser les conditions pour le
dévelo ppement des activités en ligne au Cameroun.
A. La notion de « commerce électronique
».
566. Le commerce électronique désigne
l'échange de biens et de services entre deux entités sur les
réseaux informatiques, notamment internet. Certains le
définissent comme « l'ensemble des echanges numerises,
lies a des activites commerciales, entre entreprises, entre entreprises et
particuliers ou entre entreprises et
administrations584 * ; ou encore comme
« l'acte de proposer la vente, la licence ou la fourniture
d'un bien materiel ou immateriel, ou d'un service d'information, immediatement
ou non, a l'aide des moyens informatiques et d'une connexion a un reseau,
permettant l'interactivite et l'envoi d'un courrier electronique en temps
reel 585*. Plus précisément, nous
pouvons dire que le commerce électronique est « une
activite economique par laquelle une personne, professionnelle ou particulier,
propose ou assure a distance et par voie electronique la fourniture de biens ou
de services586 *.
567. On déduit de cette pluralité de
définition que l'activité économique peut être aussi
bien civile que commerciale et ne se limite pas a la vente. Elle peut aussi com
prendre les services tels que la fourniture des informations en ligne, des
communications commerciales et des outils de recherche, d'acces et de
récu pération de données, d'acces a un réseau de
communications ou d'hébergement d'informations587.
584 En ce sens, voir le Rapport du groupe de travail
présidé par M. Francis Lorentz, Commerce électronique :
une nouvelle donne pour les consommateurs, les entreprises, les citoyens et les
pouvoirs publics, janvier 1998. Consultable sur
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/984000049/0000.htm.
Dernière consultation le 30 novembre 2010.
585 Sévérine MAS-FOVEAU, Malika
BENACHOUR -VERSTREPEN, « Le comme électronique en toute
confiance - diagnostic des pratiques et environnement juridique »,
Coll. Actualité Jurisclasseur, Ed° Litec, 2001, p 4.
586 Jean Claude HALLOUIN et Hervé CAUSSE,
« le contrat électronique - au coeur du commerce
électronique ; le droit de la distribution-Droit commun ou droit
spécial », Etudes réunies par, coll. de la
faculté de Droit et des sciences sociales, Université de
Poitiers, Ed° LGDJ, décembre 2005, p 16.
587 C'est le sens de la définition du commerce
électronique donnée par l'article 14 de la LCEN, op cit.
De fait, une large pano plie d'activités qui prennent
aujourd'hui internet pour support entre dans le champ d'a pplication de cette
définition. Ce commerce possede des caractéristiques essentielles
qui lui sont pro pres et une ty pologie variée des o pérations
réalisables.
1. Les caractéristiques du commerce
électronique
568. Il ressort des définitions du commerce
électronique qu'il est un commerce a distance et réalisé
par voie électronique. Nous allons analyser tour a tour chacune de ces
caractéristiques.
1.1 Le commerce électronique est un commerce a
distance.
569. La distance dont il est question ici n'est pas s
pécifique au commerce électronique même si elle en
constitue l'une des caractéristiques essentielles dans la mesure ou les
contractants ne sont pas en présence l'un de l'autre et ne se
rencontrent pas. Sur ce point, cela ressemble beaucou p a une vente par corres
pondance améliorée et ne se distingue pas non plus d'une vente
par Minitel, sauf par exem ple pour la ra pidité des connexions.
570. Il peut par exem ple s'agir des personnes situées
dans un même quartier ou des personnes situées sur des continents
différents. Le critere déterminant ici est la «
non présence » des contractants au moment de la
conclusion du contrat et non au moment de son exécution. Celle-ci peut
en effet, s'effectuer soit sous forme traditionnelle, soit
électroniquement par le réseau, comme la vente d'un logiciel.
Toutefois, il est possible que les personnes se voient,
notamment par l'intermédiaire d'un systeme de
vidéoconférence588, mais, elles doivent être
situées dans des aires géogra phiques différentes au
moment de la conclusion de leur contrat, ce qui permet de caractériser
sa dématérialisation.
588 En ce sens, voir supra n° 252 et suiv, «
les services de la voix améliorée : la
vidéoconférence ».
1.2 Le commerce électronique est
réalisé par voie électronique
571. C'est l'utilisation d'un reseau electronique (internet,
extranet, mobile commerce, teleshopping sur reseaux cables, television par
satellite, internet mobile, etc....) pour proposer un bien ou un service qui
determine la nature electronique du commerce589. Il est aussi dit
4x en ligne » puisque se caracterise par son
immaterialite et par l'interactivite des operations.
572. Ici, le critere determinant est le moment de la
proposition de l'offre ou du service et non son execution. Il suffit que l'o
perateur se presente sur un reseau comme offrant un bien ou un service pour que
l'on soit dans le commerce electronique. De meme, peu im porte qu'il soit exige
que l'acce ptation se fasse par voie electronique.
Egalement, il n'est pas necessaire que l'ensemble de l'o
peration de la conclusion d'un contrat jusqu'a sa realisation se deroule par
voie electronique. On peut tout aussi concevoir qu'une partie de l'o peration
se realise sur un support papier. C'est le cas par exem ple d'une obligation
d'im primer le bon de commande, le signer avant de l'envoyer par courrier
postal pour confirmer son engagement. C'est le cas en matiere de paiement par
cheque lors d'un achat en ligne599. C'est aussi par exem ple le cas
pour un bien materiel achete par voie electronique mais qui, par definition,
devra etre livre physiquement.
573. Cette possibilite de se servir du reseau electronique
pour proposer des produits ou des services a permis la naissance d'une grande
variete d'o perations pouvant entrer dans le commerce electronique.
2. La typologie variée du commerce
électronique.
574. La ty pologie du commerce electronique tient com pte de la
qualite des parties en presence. Ainsi, selon le cas, on parlera de relation B
to C, B to B, C to C, B to A ou
589 En ce sens, cf supra n° 196 et suiv, «
le développement des réseaux de
télécommunications au Cameroun ».
590 En ce sens, voir infra sur l'organisation des moyens de
paiement. Le plus souvent, dans le cas d'un paiement par chèque, le
vendeur attend d'avoir encaissé le chèque avant de livrer le
produit.
encore C to A. Chaque type de relation tient com pte du contexte
dans lequel il est etabli et fonctionne selon des regles precises.
2.1 La relation électronique entre entreprises et
consommateurs ou B to C
575. L'offre des entreprises en direction des particuliers,
encore a ppeles B to C ou « Business to Consumer
», re presente l'une des formes de transactions effectuees
par voie electronique les plus en vue lorsque l'on parle de commerce
electronique. C'est un commerce en constante progression et c'est lui qui pose
plus de probleme en termes d'infrastructure, de securite, etc...Aussi, tout le
long de nos develo ppements, la notion de commerce electronique fera reference
au commerce B to C.
576. Aujourd'hui, les progres accom plis dans les moyens de
communications permettent de develo pper des offres encore plus diversifiees en
direction des consommateurs qui peuvent etre indifferencies et meme de plus en
plus individualises591. C'est le cas par exem ple des services
financiers et autres services de courtage en ligne, des services de jeux en
ligne ou encore de la possibilite grace a l'I phone de telecharger des
applications qui permettront ensuite d'acceder a des services a partir de son
telephone.
577. Cette relation commerciale, qui met le consommateur,
souvent vulnerable face au professionnel, peut causer des difficultes sur le
consentement de celui-ci. En effet, les s pecialistes d'internet considerent
que les contrats conclus par voie electronique com portent de nombreux risques
comme les erreurs de comprehension ou le defilement ra pidement des
informations qui rend leur memorisation plus difficile, etc....Aussi est-il
necessaire de veiller aux conditions de leur formation, notamment lors de l'ex
pression des consentements. C'est dans cette o ptique que de nombreuses
legislations tentent de mettre en place un formalisme pro pre qui toucherait
tous les contrats conclus par voie electronique, dans le but de creer de la
confiance chez les consommateurs pour leur
591 En ce sens, voir supra n° 196 et suiv, « le
développement des réseaux de télécommunications au
Cameroun ».
donner envie de consommer592. A ce sujet, certains
auteurs ont d'ailleurs pu parler de la naissance d'un nouveau formalisme
electronique593, protecteur du consommateur.
2.2 La relation électronique interentreprises ou B
to B
578. Les relations entre entreprises ont toujours existe,
meme si les progres accom plis dans les moyens de communications ont permis de
les develo pper et parfois de les etendre.
De fait, la relation « Business to
Business >> ou B to B, parfois
notee B2B designe une relation d'entre prise a entre
prise basee sur l'utilisation du support electronique pour echanger des
informations, acheter et revendre des biens et des services a d'autres
entreprises, sur un es pace national ou mondial. C'est par exem ple le cas d'un
fabricant d'automobiles qui commande des pneus a un fournisseur par le biais de
l'electronique. C'est egalement le cas dans un reseau de distribution compose
d'un fournisseur et de plusieurs distributeurs localises dans plusieurs
pays.
579. Communement dans ce type de relation, les entreprises
mettent en place des systemes qui leurs permettent de communiquer ra pidement
en toute securite et en toute confidentialite. C'est notamment le cas de
l'utilisation de la technologie de l'echange de donnees informatisees (EDI)
pour transferer les donnees entre leurs entites.
580. L'EDI (ou Electronic Data
Interchange), institue a l'origine par loi type de la CNUDCI sur
le commerce electronique du 16 decembre 1996594, designe un langage
informatique (sous forme logicielle) entre partenaires, preetabli et normalise
sous forme de messages, qui permet le codage et l'envoi d'informations
commerciales directement d'ordinateur a ordinateur sans intervention humaine
dans le processus de traitement de l'information. L'E.D.I est base sur un
accord d'echange defini comme « un contrat-cadre par lequel
deux ou plusieurs personnes physique ou morale, établissent les
conditions juridiques et techniques d'utilisation de l'échange des
données informatisées dans le
592 C'est le cas notamment de la loi
française pour la confiance dans l'économie numérique, op
cit, mais aussi de nombreux textes français et européens qui
mettent en place un nombre d'obligation à l'encontre d'un professionnel
dans un contrat conclu par voie électronique. Pour un
développement approfondi sur les conditions du commerce
électronique, voir ci dessous.
593 En ce sens, cf. CASTETS-RENARD, « Le formalisme
du contrat électronique ou la confiance
décrétée », Defrenois, oct. 2006,
n° 20/06, p 1529.
594 L'article 2.b de la Loi type de la CNUDCI sur
le commerce électronique du 16 décembre 1996 définit
l'échange de données informatisées comme « le
transfert électronique d'une information d'ordinateur à
ordinateur mettant en oeuvre une norme convenue pour structurer l'information
».
cadre de leurs relations
commerciales595 >>. Son objectif est de
dématérialiser et d'automatiser les échanges
d'informations entre entreprises et donc de les rendre effectivement plus ra
pides et plus fiables 596(fig.9).
581. En effet, avec l'EDI, de nombreuses taches sont
automatisées, comme par exem ple le rem plissage du bon de commande. Ce
qui permet d'investir le temps gagné dans une autre mission. Son
principal inconvénient réside dans le fait qu'il ne soit
utilisable que par les partenaires ayant signé le contrat cadre.
Figure 9587 : Illustration d'une
transmission de données dans un contexte traditionnel et dans un cadre
EDI
582. Aujourd'hui, l'EDI est un systeme de communication
largement utilisé dans de nombreux secteurs d'activités. Son
dévelo ppement reste subordonné au degré de
sécurité juridique qui entoure les échanges
effectués. Ce qui ex plique pourquoi il ne dé pend pas
d'internet, considéré comme tres peu sécurisé pour
le transfert des données. Il utilise plutôt un réseau a
valeur ajoutée direct pour effectuer ses transferts. Ce qui lui
595 Eric CAPRIOLI, « Les accords
d'échanges de données informatisées », cahiers
Lamy, mai 1992(C), p 2, spéc. p 6, cité dans Lamy
informatique et réseaux, op cit, n° 2863, p 1719 .
596 Bien que destiné à la suppression
du papier, l'échange de données informatisées se
matérialise par un contrat cadre, indépendant de
l'opération commerciale proprement dite, par lequel les partenaires
établissement les conditions de leurs relations commerciales. Ce contrat
cadre peut permettre de résoudre les problèmes liés au
langage à utiliser, à la forme des messages à envoyer et
même au rythme des échanges. Cette voie contractuelle, permet, par
sa souplesse et les solutions concrètes qu'elle apporte, de s'affranchir
de quelques exigences légales parfois contraignantes. Cependant, cette
solution contractuelle comporte des limites relativement notamment à
leur effet relatif qui ne s'applique qu'aux parties contractantes, à
l'exclusion des partenaires extérieurs au réseau.
597 Source :
www.drsi.cerist.dz/communications/EDI/edi-sicom.doc.
Dernière consultation le 01 septembre 2010.
assure une securite et une confidentialite de la
transaction598. C'est par exem ple le cas du reseau SWIFT fonde dans
les annees 1970 et qui relie les etablissements de credit du monde entier et
leur permet d'effectuer des transferts d'argent en toute securiteM ou encore du
reseau international SITA permettant aux com pagnies aeriennes d'echanger des
informations commerciales ou techniques.
En vue d'etendre encore plus leur domaine, des normes dites
EDI FACT ont ete etablies sous l'egide des Nations-Unies pour l'echange des
donnees dans l'administration, le commerce et le trans port599.
Elles com prennent un ensemble de standards internationaux, de repertoires et
de guides pour l'echange informatise de donnees structurees et en particulier
pour ce qui concerne le commerce de biens et de services, dans divers secteurs
industriels. Toutefois, la portee de ces normes reste encore tres limitee bien
qu'elles soient largement de ployees aujourd'hui dans le contexte du develo
ppement de l'administration electronique et permettent de gerer les echanges de
donnees dans l'administration 600.
583. Aujourd'hui, avec le develo ppement de l'internet sont a
pparus des reseaux prives oit seuls les partenaires sont en relation et
permettant une communication entre partenaires identifies et autorises a
travers des relations commerciales plus maitrisees.
584. C'est par exem ple le cas de l'2
e-Procurement » ou Electronic
Procurement (pour a pprovisionnement electronique) qui designe
l'utilisation des technologies de l'information pour automatiser et optimiser
la fonction achat de l'entre prise. Il s'agit d'un echange B to
B permettant, dans un systeme ferme bien controle, a un acheteur
de consulter le catalogue de produit d'un vendeur en ligne et de passer
directement commande selon un schema d'achat bien defini. Grace au e-
procurement, le mecanisme de demande de devis, d'etablissement d'un bon de
commande et de facturation est gere electronique et centralise au niveau des
deux entreprises, ce qui permet de raccourcir les delais de commande et de
livraison tout en sim plifiant le processus d'achat.
585. C'est egalement le cas de la place de marche
electronique qui caracterise les echanges virtuels B to
B consacres souvent a un secteur d'activite s pecifique et
reliant electroniquement des acheteurs, des vendeurs, distributeurs et des
fournisseurs professionnels pour faciliter des echanges commerciaux entre
ceux-ci. Cette place de marche se distingue par sa chaine d'a pprovisionnement
et par la multitude des produits
598 En ce sens, cf Karim Benyekhlef et Fabien
Gélinas, « Le règlement en ligne des conflits - enjeux
de la cyberjustice », coll. Droit et Technologie, éd Romillat,
2003, p 57.
599Cette norme se présente sous forme de
standard général qui peut être adapté par des
organismes de normalisation nationaux et sectoriels, afin de mieux prendre en
compte les besoins de chaque branche d'activité.
Cf
http://www.unece.org/trade/untdid/welcome.htm.
Dernière consultation le 02 septembre 2010
United Nations Directories for Electronic Data Interchange for
Administration, Commerce and Transport
600 Voir sur http://www.edifact.fr/. Dernière
consultation le 31 août 2010
distribues. Ainsi, son objectif peut consister, selon le cas,
a permettre un echange d'informations, de pratiques commerciales, de biens ou
de services entre partenaire de la place de marche. Mais, elle peut aussi, dans
certains cas, offrir a ces partenaires, des services associes, le plus souvent
payants601
.
586. Certaines de ces places de marche sont controlees par
les acheteurs. C'est l'exem ple de la place de marche
Covisint dans l'automobile dont font partie des societes comme
Daimler - Chrysler, Ford, GM ou encore Renault Nissan602. D'autres
places de marche emanent des fournisseurs comme par exem ple
Meta/Site pour la siderurgie603.
587. L'accent est mis ici sur la cooperation entre les
acheteurs et les fournisseurs et permet d'assurer une connexion entre une entre
prise avec ses fournisseurs ou avec ses clients professionnels. La place de
marche sert aux a ppels d'offre, aux contrats en ligne, aux achats et ventes et
a toute prestation de services.
Dans le même temps, plusieurs autres places de marche
virtuelles se develo ppent et sont essentiellement dediees aux prestations
informatiques. Par exem ple, clients4you, HiTechPros, Pros2Pros,
etc604...
L'interêt de ce nouveau type d'intermediaire est
evident pour l'entre prise dans la mesure oit il contribue fortement a la
performance de celle-ci grace a la fourniture des services a valeur ajoutee et
a pporte un gain de productivite significatif. L'inconvenient reside dans
l'absence d'une veritable politique commerciale en direction de la clientele
des particuliers dans la mesure oit les commerciaux de ces entreprises sont
beaucou p plus habitues a des relations avec les centrales d'achat d'entre
prises qu'avec les particuliers.
2.3 La relation électronique entre consommateurs
ou C to C
588. La relation electronique de consommateur a consommateur
ou Consumer to Consumer (C to C ou C) designe les
echanges effectues entre les internautes grace au reseau internet. Cette
relation sort du cadre de notre etude en raison du statut des
601 Pour une appréciation de la place de
marché électronique, cf Thibault VERBIEST, « places de
marchés électroniques : vers de nouvelles règles de
jeu ? », Expertises, novembre 2002, n° 375.
602
Voir sur www.covisint.com/ Dernière visite le 30
août 2010.
603 Voir sur
www.metalsite.com.
Dernière visite le 30 aout 2010
604 On peut par exemple voir une liste des places de
marchés B to B sur
www.apiguide.net.
Dernière consultation le 30 août 2010.
personnes en cause qui sont des particuliers et non des
commergants au sens premier du terme.
589. C'est un commerce en constance evolution qui s'ex plique
par l'interet des consommateurs qui y trouvent le moyen de donner
« une autre vie a un bien » et permet ainsi
de reduire les gas pillages et d'eviter de jeter. Les echanges ici s'effectuent
en general par l'intermediaire des plates-formes electroniques dynamiques
generalistes ou s pecialisees, sous forme de petites annonces605 ou
sous forme d'encheres606 qui offrent meme parfois a l'internaute la
possibilite d'inserer une image ou un son et meme de changer le contenu de son
annonce en temps reel60,.
590. Les echanges portent sur des objets neufs ou
d'occasions, de quantites limitees, ayant a ppartenus a l'internaute qui les
revend608. Ce qui ex plique la qualite de non professionnelle
attachee a ces internautes, si la vente est faite a titre occasionnel et non
habituelle609, et une quasi absence d'obligations s pecifiques a
leur egard. Il y a alors un risque de voir un vendeur professionnel utiliser
ces plates formes en fraude pour ecouler ses biens en se soustrayant de ces
obligations de cybermarchand.
591. Dans la pratique, de telles fraudes sont possibles.
Toutefois, il convient de ra ppeler que la distinction entre vendeur
professionnel et vendeur particulier releve de l'inter pretation souveraine des
juges du fond qui n'hesitent pas a requalifier de professionnel un particulier
en fonction des circonstances de fait610.
592. En ce qui concerne la remuneration des plates-formes,
les operations de vente et d'achat effectuees par les internautes sont parfois
gratuites dans les plates-formes de petites annonces611. Dans ce
cas, le promoteur se remunere sur les recettes publicitaires ou sur la vente
des fichiers clients ou encore sur l'affiliation a un programme pour
605 C'est le cas par exemple de la plateforme
www.leboncoin.fr.
Consulté le 03 septembre 2010
606 C'est le cas par exemple de la plateforme eBay sur
www.ebay.fr. Consulté le
03 septembre 2010
607
Voir
www.leboncoin.fr
608 Parfois aussi, il s'agit d'un service qui se greffe sur
une activité de commerce de produits neufs. C'est par exemple la
possibilité donnée aux particuliers de pouvoir proposer des
produits d'occasions sur les sites de vente de produits neufs comme Amazon ou
Alapage. Voir sur
www.amazon.fr ou sur
www.alapage.fr
609 A cet effet, il nous semble intéressant de rappeler
que l'article 121-1 du code de commerce français dispose que tout
particulier accomplissant des actes de commerce à titre habituel
acquiert de ce fait la qualité de commerçant, que les actes de
commerce soient conclus par internet ou par d'autres moyens.
610 Ainsi, dans un jugement du 12 janvier 2006, le tribunal
correctionnel de Mulhouse a qualifié de vendeur professionnel un
particulier qui avait revendu sur une plate forme un nombre important d'objets
de collection sans avoir déclaré cette activité à
l'URSSAF, ni au registre de commerce. Les juges ont à cet effet
qualifié cette activité de dissimulée et ont
condamné le vendeur à une peine d'amende. Voir TGI Mulhouse, 12
janvier 2006, voir la décision sur
http://www.foruminternet.org/specialistes/veillejuridique/jurisprudence/tribunal-de-grande-instance-de-mulhouse-12-janvier-2006.html?decouperecherche=mulhouse.
Dernière consultation le 31 août 2010.
611 Voir
www.leboncoin.fr, op
cit.
rentabiliser l'activite612. Dans les plates-formes
de ventes aux encheres, les services se remunerent en prelevant une commission
sur les transactions qui peut varier de l'ordre de 1 a 6 0/0.
593. Toutefois, ce genre de commerce C to C com porte les
risques de fraudes et de detournement, puisqu'il est difficile de controler les
operations qui se deroulent entre particuliers ni de sanctionner les
manquements. Il n'y a pas de garantie sur la solvabilite des participants ni
sur la qualite du produit. C'est ainsi qu'il est par exem ple possible de payer
un bien et de ne pas être livre.
Pour limiter les risques de fraudes, certaines plates-formes
mettent en place des regles strictes pour l'utilisation de leur service et des
systemes de notations qui permettent au consommateur de noter son vendeur
particulier, des qu'il a regu son bien, en prenant en com pte les informations
contenu dans l'offre comme le delai de livraison, la qualite du produit,
etc...613.
594. D'autres plates-formes se pro posent d'être des
intermediaires et jouent le role de tiers de confiance entre acheteur et
vendeur, au travers par exem ple d'une activite sequestre. Ici, l'acheteur
verse la somme due a l'intermediaire qui ne le versera au vendeur qu'apres feu
vert donne par l'acheteur des qu'il sera entre en possession du bien
achete614. Ces intermediaires, qui ne sont pas 4x clients » au
sens strict du terme sont soucieux d'ameliorer la qualite logistique de ce
service a la fois pour completer le service rendu au vendeur et parce que le
bon develo ppement du marche dans son ensemble depend de la qualite de la
livraison. La logique de 4x tiers de confiance »
associe ainsi paiement et la livraison pour garantir l'equilibre de la relation
C to C.
2.4 La relation électronique entre entreprises et
administration ou B to A
595. La relation electronique administration et entre prise
ou B to A ou B2A traduit une simplification des procedures rendue possible par
l'utilisation des technologies de l'information et de la communication pour
tout ou partie des echanges d'informations ou
612 C'est par exemple le cas à l'affiliation à
un programme de reroutage qui permettra, grâce à un lien
hypertexte, de diriger immédiatement tous les internautes vers le site
de l'affilieur. Ce dernier bénéficiera alors d'un relais
d'audience et de visibilité et donc, potentiellement d'une augmentation
du trafic de son propre site. En contrepartie, l'affilié reçoit
une rémunération qui varie soit au nombre de clic sur le lien,
soit au chiffre d'affaires généré.
613 C'est le cas de la plate forme Amazon sur
www.amazon.fr
614 Par exemple le site de vente en ligne
Priceminister déclenche le paiement du vendeur une fois le produit
livré.
de donnees entre les entreprises et des administrations
publiques. Cette relation concerne essentiellement les tele-procedures et les
tele-declarations qui habituellement se faisaient sur la base des formulaires
normalises sur support papier et permet de faciliter la gestion des flux et de
reduire les frais615.
596. C'est notamment la possibilite pour les entreprises de
payer leurs impots en ligne, ou de declarer et de payer sa TVA en ligne.
597. Un autre corollaire concerne les relations entre
l'administration et le citoyen denomme C to A qui se materialise a travers les
teleservices616. Par extension de ces concepts, le terme de B to E
(Business to Employees, parfois note B2E) a egalement emerge pour designer la
relation entre une entre prise et ses employes, notamment par la mise a
disposition de formulaires a leur attention pour la gestion de leur carriere,
de leurs conges ou de leur relation avec le comite d'entre prise
598. Ces relations n'entrent pas dans le cadre de nos develo
ppements. En conclusion, la ty pologie variee traduit de l'etendue des
operations de commerce electronique qui a besoin des conditions prealables pour
se develo pper convenablement au Cameroun.
|