3.2- Le Service de transports automobiles, une
structure administrative inefficace
En juillet 192641, A. F. Bonnecarrère
créa le Service de transports automobiles. Il comprenait le
réseau des cercles du Nord en correspondance avec le chemin de fer
LoméAtakpamé. Il avait pour mission, le transport administratif
aussi bien des fonctionnaires et de leurs bagages que des matériels et
marchandises de l'Administration, voire des particuliers. Le réseau
comprenait deux lignes : Atakpamé-Sokodé et Sokodé-Mango
via Lama-Kara, dirigées par le Commandant de cercle d'Atakpamé
assisté d'un personnel technique. Les Commandants des cercles de
Sokodé et de Mango participaient à la gestion de la seconde ligne
(Sokodé-Mango) dans leurs zones d'influence respectives. Le service
était alimenté en matériel par le Garage central. Ce
service a été supprimé après 11 mois
d'activité par l'arrêté local du 20 juin 1927 par A. F.
Bonnecarrère42.
Quel bilan faire du Service des transports automobiles à
la fin de ses activités en en juin 1927?
Un rapport du 1er mai 1927 mentionna qu'en un an de
service environ, cette structure avait transporté 1 532 voyageurs et 810
tonnes de marchandises contre 541,656 t au 1er semestre de la même
année (Simtokena 1997 : 51). L'essentiel de ces voyageurs étaient
composé du personnel au service de l'Administration à savoir, des
maçons, des surveillants de la route, des auxiliaires médicaux et
des PTT, des instituteurs qui se déplaçaient du Sud vers le Nord
pour s'y installer pour des motifs de travail (Assima-Kpatcha 2004 : 483).
La prestation de ce service semble être satisfaisante car,
après onze mois d'activité, son bilan financier est
excédentaire et chiffré à 104 000 F. C'est ce qu'illustre
le tableau n° 1.
Tableau n° 1 : Bilan financier du service des
transports automobiles en 1927
Recettes
|
582
|
000 F
|
Dépenses
|
478
|
000 F
|
Excédents des recettes
|
104
|
000 F
|
Source : Tsigbé 2009 : 172.
41 JOT, 1926, arrêté n° 234 du 29
juillet, relatif à la création d'un service de transports
automobiles, pp. 364-365.
Des informations concordantes tirées des sources et
ouvrages concernant les attributions, la zone d'activité et les
conditions de suppression et la succession du service de transports automobiles
prouvent qu'il n'est pas différent du «Service des transports
administratifs «qu'on retrouve dans certaines oeuvres et sources. Cela se
comprend encore plus aisément quand on sait que le service des
transports automobiles s'occupait du trafic administratif.
42 ANT-Lomé, 7 G Transport et circulation,
dossier 4, correspondances entre le Commissaire de la République et le
commandant de cercle d'Atakpamé relatives au fonctionnement du contrat
signé avec la Société des transports de l'Afrique
occidentale, 1927-1930.
A priori, les chiffres du tableau, en plus de ceux
donnés précédemment, sont encourageants et satisfaisants.
Cependant, ils souffriraient de crédibilité. A cet effet,
Barrillot, chef du Secrétariat général écrivait
:
« Il est difficile de donner un état exact et
précis des dépenses qu'a entraîné le fonctionnement
du service administratif en 1927, le rapport fourni par le Commandant du cercle
d'Atakpamé à l'époque, ne tenant pas compte volontairement
ou non de différents éléments donnait des chiffres
invraisemblablement bas... 43».
Barrillot estimait aussi que le service causa au Garage
central de lourdes dépenses de réparation. Ce qui fut
confirmé par le Commissaire de la République française au
Togo, A. F. Bonnecarrère dans une lettre adressée à
l'Inspecteur des colonies, Picanon, le 18 avril 1927.
En effet, en donnant les raisons qui ont motivé la
signature d'un contrat avec la STAO, faisant allusion au Service de transports
automobiles, disait-il que le rôle de l'Administration ne consiste pas
à « assumer des charges d'un service semblable
»44. Il est lucide que l'Administration taxait ce service
d'inefficacité et de gouffre budgétaire. Ceci justifiait son
remplacement par un service privé, la Société des
transports de l'Afrique de l'Ouest (STAO).
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