QUATRIEME CHAPITRE
DE LA REIMMATRICULATION DES VEHICULES DE L'ETAT A
LA DETERIORATION DU PARC AUTOMOBILE ADMINISTRATIF
(1976-1992)
Le développement socioéconomique du territoire
togolais a toujours été le défi prioritaire des plus
hautes autorités depuis son accession à la souveraineté
internationale. Elles ont élaboré à partir de 1966, un
programme de développement à travers quatre plans quinquennaux
pour déboucher sur le décollage économique du territoire
à l'horizon 1985. Par ses exigences, cette noble ambition a permis de
développer pendant les deux premiers plans, le transport routier
togolais en infrastructures et en matériels roulants. Les
véhicules, dont le nombre ne cesse de croître, ont
contribué à la gestion du territoire par les autorités
administratives. Les projets pour ce transport étaient encore nobles
dès le troisième plan (1976-1980).
Tout porte à croire que l'Etat misait encore sur le
trafic automobile pour faire tourner son système administratif sur le
territoire togolais. Les véhicules administratifs, soumis à un
nouveau système de gestion en matière d'immatriculation à
partir de 1976, devaient servir de moyens de transport au personnel et aux
biens des pouvoirs publics dans le cadre de leurs missions
d'intérêt public. Le transport automobile administratif togolais,
tout comme les autres secteurs du pays, a traversé les dures
péripéties incontournables du Programme d'ajustement structurel
(PAS) à partir des années 1980 et des crises multiformes qui ont
eu cours au Togo dans les années 1990. Devant de telles situations, il
est opportun de se poser la question : En quoi les véhicules de l'Etat
ont-ils joué leur rôle de transport dans le cadre du
fonctionnement des services administratifs au Togo de 1976 à 1992?
Pour répondre à cette interrogation, il
s'avère nécessaire dans ce chapitre, de s'intéresser
d'abord aux équipements et structures de gestion du transport
automobile, avant d'analyser la contribution des véhicules au
fonctionnement administratif pendant cette période, tout en ressortant
l'impact des efforts entrepris par le Togo pour corriger les
déséquilibres macroéconomiques sur le secteur
administratif et le trafic automobile y afférent.
I- La situation du trafic automobile togolais en
matière d'équipements et de gestion du début du
troisième plan quinquennal à 1992
S'imposant comme préalable à tout
développement, tant socioéconomique qu'administratif, les
équipements de transport routier (infrastructures et matériels
roulants) s'étaient frayés un chemin dans la politique
économique indépendantiste des autorités togolaises.
Sortis grandis des deux premiers plans quinquennaux, ils devaient être
soutenus et propulser dans cette dynamique par le troisième et
être gérés efficacement afin d'offrir à
l'Administration des voies et moyens de transport au beau fixe en vue d'une
bonne gestion territoriale du Togo.
1- Les équipements routiers, instruments
indispensables pour un meilleur développement administratif
Un réseau routier bien développé et un
parc automobile en point sont une arme acquise à la faveur du
développement intérieur d'un territoire aussi bien sur les plans
socio- économique qu'administratif. C'est donc pour ces mobiles que
l'Etat togolais a consacré de gros efforts pour ce secteur
déjà en progression, avec le soutien des partenaires
étrangers, à partir du troisième plan quinquennal.
1.1- Les régions mal équipées en
réseau routier et d'accès difficile pour les véhicules,
cibles des financements de réfection et de désenclavement
Il est quasiment impossible sinon pénible aux services
administratifs ou tout autre structures d'accéder à une
région pour y opérer si celle-ci est mal desservie par des voies
carrossables. Au Togo, dans la deuxième moitié des années
1970, nombre de localités étaient encore enclavées par
faute de routes. D'autres avaient un réseau routier déplorable.
Cet état de chose y raréfiait ou limitait les actions de
l'Administration et des Organisations non gouvernementales (ONG).
C'est dans le souci de rendre aisée la circulation
automobile dans le territoire togolais en vue de son développement
harmonieux que l'Etat, soutenu par des partenaires extérieurs comme la
Banque mondiale (BM) et la Communauté économique
européenne (CEE), a procédé au renforcement des routes et
au désenclavement des régions.
A la fin du troisième plan (1976-1980), le
réseau routier du territoire togolais était de 7 850 km repartis
en routes d'Etat (2 750 km : 1 500 km bitumés et 1250 km de routes en
terre), en routes de circonscription (5 100 km) Tsigbé
(2005 : 110), soit : 680 km de routes construites entre 1976 et 1980.
Ainsi, beaucoup de pistes rurales étaient donc
édifiées dans plusieurs zones grâce à l'action
ponctuelle des organes agricoles. Ceux-ci avaient intérêt car, le
transport de leurs produits en dépendait. La SRCC s'était
illustrée dans l'Ouest de la Région des Plateaux avec 195 km de
pistes construits entre 1974 et 1980, la SORAD169 dans la
Région Centrale (Tsigbé 2009 : 358), etc.
Les actions s'étaient poursuivies dans le quatrième
plan quinquennal (1981-1985).
En effet, dès le début des années 1980,
la SOTOCO a fait la promotion de 498 km de pistes rurales dans les
Régions des Plateaux (223 km), Centrale (83 km), de la Kara (133 km) et
des Savanes (60 km) (Tsigbé 2009 : 358-359)170. Pendant ce
même temps, la Communauté européenne venant en soutien
à l'Etat dans le domaine, multipliait ses activités. Ainsi, la
région FED/ Savane, a-t-elle connu la construction et la
réfection de 3 337,3 km de pistes entre 1980 et 1994 grâce au
projet FED (Tiwone 2009 : 10) rendant effectif le désenclavement de
ladite région jadis fermée à l'impulsion
gouvernementale.
A la veille des crises multicolores des années 1990, le
réseau routier togolais comprenait environ 1 600 km de routes
revêtues, 2600 km de routes non revêtues et 500 km de pistes
rurales (Tsigbé 2009)171.
Il était arrivé à un niveau de
développement satisfaisant, avec le désenclavement acceptable de
plusieurs régions. L'essentiel était donc fait en matière
d'infrastructures routières, pour permettre aux pouvoirs publics et aux
ONG de mieux se déployer sur quasiment toute l'étendue du
territoire national togolais. Leurs divers services pouvaient désormais
atteindre par le transport à bord d'automobile, plusieurs
contrées et mener des actions administratives, humanitaires et
économiques.
L'essor du réseau routier entraîna
l'élargissement du patrimoine automobile du Togo.
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