1.2- L'état du parc automobile togolais
Au Togo, comme partout ailleurs, l'évolution sensible
du réseau routier s'était toujours accompagnée d'un
accroissement flagrant du parc automobile. Lancé sur une bonne dynamique
par les deux premiers plans quinquennaux (1966-1975), il a été
consacré par plusieurs facteurs à partir du troisième plan
(1976-1980). Une telle progression s'explique
169 La SORAD est devenue de nos jours la Direction
régionale du développement rural (DRDR).
170 Citant Lucien Brun et Pillet-Schwartz.
171 Citant Talla (1998 : 478).
pour l'essentiel, par la place de choix accordée au trafic
routier dans les programmes de développement élaboré par
les autorités togolaises.
Ainsi, l'édification et la réfection des routes,
la construction des bâtiments administratifs et des équipements
socio collectifs (centres de santé, établissements scolaires, les
projets de développement agricole, etc.) entre autres,
nécessitaient des matériels roulants de transport routier. Le
parc automobile administratif n'en demandait pas mieux pour s'agrandir. Les
véhicules étaient acquis soit sur financement de l'Etat, soit des
partenaires externes. Cette évolution explique en grande partie la
décision de l'Etat de procéder à la
réimmatriculation de ses automobiles en 1976 pour éviter donc une
répétition des données d'identification.
La situation des immatriculations des véhicules
automobiles toutes catégories confondue au Togo de la deuxième
moitié des années 1970 à la fin des années 1990
figure dans le tableau n° 8172.
En fait, ces chiffres ne traduisent pas fidèlement
l'état du parc automobile opérant sur le territoire togolais en
raison des retraits, des changements de classification et d'immatriculations
qui n'étaient pas souvent signalés, et du refus
d'enregistrement173. En revanche, ils peuvent servir de base
d'analyse valable. A en croire les données du tableau n° 8, le parc
automobile togolais n'a pas connu une tendance régulière.
En effet, celui des pouvoirs publics a connu un essor
considérable avant 1981, soit dans le troisième plan quinquennal
ayant mobilisé l'achat de beaucoup de matériels roulants pour la
réalisation des projets de relance économique.
Ainsi, 2 164 véhicules automobiles administratifs
avaient été immatriculés entre 1976 et 1980 avec un record
jamais égalé de 560 immatriculations en 1977. Au même
moment, le nombre de matériels roulants privés augmentait. Cet
essor imprima un rythme croissant à l'ensemble du patrimoine automobile
du Togo avec un total de 17 518 véhicules immatriculés de 1976
à 1980. L'évolution fulgurante des engins privés est en
partie due à l'octroi des crédits d'achat de véhicules par
la Société togolaise de crédit d'automobile ( STOCA)
créée en avril 1963 avec un compte initial de 15 000 000 de F CFA
et dont les activités atteignaient un haut niveau en 1977. Elle a
financé en cette année, 23 % des véhicules achetés
au Togo, soit 7 000 véhicules sur environ 3 000174.
172 Voir page 107.
173 Notons aussi qu'à partir des années 1990, avec
les crises, certains services ne faisaient plus immatriculer leurs
véhicules dans la série administrative.
174 Togo-dialogue, Mensuel du Golf du Bénin, n° 32,
septembre1978, p. 15, in Tsigbé (2009 : 369).
Tableau n° 8 : Etat des immatriculations des
automobiles au Togo de 1975 à 1998
Années
|
Véhicules automobiles de
l'Etat
|
Automobiles totales (privées et
étatiques)
|
1975
|
284 175
|
2295
|
1976
|
450
|
2841
|
1977
|
560
|
3419
|
1978
|
386
|
3923
|
1979
|
348
|
3644
|
1980
|
428
|
3691
|
1981
|
270
|
3964
|
1982
|
249
|
3834
|
1983
|
152
|
3430
|
1984
|
418
|
3325
|
1985
|
342
|
4094
|
1986
|
418
|
4378
|
1987
|
131
|
4220
|
1988
|
298
|
4164
|
1989
|
246
|
5336
|
1990
|
217
|
5493
|
1991
|
363
|
5636
|
1992
|
281
|
3371
|
1993
|
79
|
4239
|
1994
|
74
|
7957
|
1995
|
145
|
8174
|
1996
|
207
|
9914
|
1997
|
166
|
10072
|
1998
|
221
|
11004
|
Sources : Gbamehossou à partir des sources
d'immatriculation des automobiles administratives du Garage
central administratif et des informations tirées de
Tsigbé (2005 : 143) concernant les automobiles totales.
175 Ce chiffre est trop bas, il devait certainement augmenter,
avec peut-être celui de 1976, si nous avions retrouvé les
registres d'immatriculation des véhicules de l'Etat togolais des
années précédentes car, avant 1986, les enregistrements ne
respectaient pas rigoureusement la chronologie. Les interférences
étaient fréquentes même plus d'une fois avec les engins
à deux roues à moteur.
Pour cette raison, nous avons procédé à
un décompte de ces automobiles, unité par unité, registre
par registre, année par année pour avoir les chiffres qui se
trouvent dans la deuxième colonne de notre tableau (automobiles de
l'Etat). Cependant, il n'est totalement pas exclu que de petites erreurs se
soient glissées lors du décompte.
Cette augmentation sensible des véhicules
immatriculés s'explique aussi par l'afflux des voitures d'occasion moins
coûteuses (Videha 2003). Elle n'était plus jamais estompée
même avec la crise des années 1990, comme le montrent les
données du tableau n° 8.
La tendance est loin d'être la même au niveau des
automobiles administratives. Cellesci, dépendant très largement
des finances publiques, avaient sans doute subies la loi de la crise
pétrolière de 1979-1980 aux conséquences multiples, dont
l'insuffisance chronique des financements avec le PAS.
En effet, de 1 428 véhicules immatriculés en
1980, on est descendu à 270 en 1981 puis à 152 en 1983. Une nette
amélioration est constatée entre 1984 et 1986. Pendant cette
dernière année, le nombre de matériels roulants routiers
catalogués atteignait 418. Le 13ème Sommet
France-Afrique organisé par le Togo du 13 au 15 novembre 1986 en
était pour quelque chose.
Ainsi, plusieurs véhicules ont été acquis
par le Garage central pour assurer la mobilité des autorités
présentes à cette Conférence nous disait Y. S.
Balakindé176 et par la Sûreté nationale
togolaise (38 automobiles étaient affectées à la
Sûreté nationale togolaise seulement entre le 5 et le 12 novembre
1986)177.
Après cette année, ce chiffre n'était
plus jamais atteint. Les deux années qui ont suivi les crises
sociopolitiques en 1992, enregistraient les pires statistiques (respectivement
seulement 79 et 74 véhicules immatriculés dans la série
administrative). L'essor enregistré peu avant, en 1991 (363) et 1992
(281), s'explique en partie par les dons en moyens de transport offerts au Togo
par des pays amis pour assurer la sécurité lors des crises
sociopolitiques. A titre illustratif, la France a fait don de 23 Mini-Bus au
Togo affectés à la Sureté nationale
togolaise178.
Au vue des chiffres du tableau, on peut dire que d'une
façon générale, contrairement aux véhicules
privés qui n'ont cessé d'augmenter avec l'amélioration du
réseau routier, le PAS et les troubles sociopolitiques ont frappé
de plein fouet le parc automobile administratif togolais dont la gestion
était dévolue à une structure
spécialisée.
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