3- Le transport dans les services techniques
déconcentrés
Sur le territoire togolais indépendant opéraient
des services aux actions diversifiées appartenant à l'Etat ou aux
institutions internationales.
3.1- Les services et sociétés
étatiques ou parapublics
Si l'on peut gouverner de loin, on ne peut efficacement
administrer que de près. C'est pourquoi, il est plus qu'impératif
pour les nouvelles autorités en charge du Togo indépendant
d'assouplir la centralisation par le système de déconcentration
pour une bonne gestion du territoire. Selon O. Barrot, c'est « le
même marteau qui frappe mais un marteau dont on a raccourci la distance.
», cité par Agbodjan (1987 : 74). Le manque ou l'insuffisance
de déconcentration entraîne forcement la lourdeur du
fonctionnement de l'Administration car, les gouvernants sont
éloignés des administrés et les actions seront
nonchalantes. Prenant la mesure de la chose, le Gouvernement togolais a
implanté dans les collectivités secondaires, des services
techniques et des sociétés publiques ou para administratives, qui
constituent les services extérieurs des services centraux des divers
départements ministériels. Ils sont dotés de moyens
humains et de matériels de travail. Parmi ces derniers, une place
confortable est réservée aux véhicules pour les
déplacements de service.
Les services techniques disposent des crédits d'achat
et de maintenance des moyens de déplacement par le truchement du budget
de leurs Ministères de tutelle respectifs. Ces derniers
acquièrent, chaque année, des matériels roulants avec
l'approbation du Ministère de l'économie et l'implication du
Garage central, et qui sont affectés aux services nécessiteux,
nous dit M. Assimiou165. Les registres d'immatriculation du Garage
central précisant les lieux d'affectation des véhicules
confirment ses propos.
En effet, à titre illustratif, trois voitures Peugeot
acquis le 16 juin 1975, ont été affectées, sous le couvert
du Ministère de la santé, au Centre de santé primaire de
Kandé166.
165 Mamadou Assimiou, entretien du 07/ 05/ 2010 dans son bureau
au Garage central administratif.
166 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 31.
Déjà en 1962, à travers le décret
n° 62-75 du 4 mai, l'Etat a pris des dispositions pour réglementer
l'usage de ses matériels roulants routiers167. L'annexe II
dudit décret, établit la liste des services et
établissements de Lomé ayant en affection permanente des
véhicules utilitaires (camions et camionnettes). Il s'agit de
l'Assemblée nationale, du Cabinet de la Présidence de la
République, des Services de la Justice, de la Sûreté, des
postes et télécommunication, des douanes, topographiques, du
Garage central administratif, de l'élevage, des eaux et forêts, de
l'enseignement, des Travaux publics, de la Direction du CFT, des affaires
sociales, d'information, de la radiodiffusion, de santé, de
météorologie et aéronautique civile.
Ces engins dont ils disposaient en permanence, leur
permettaient d'effectuer leurs opérations de transport de service. Par
la même disposition officielle, l'Etat mit à la disposition des
représentants dans les circonscriptions des services centraux, des
véhicules de fonction, ainsi que des Commissaires de police du Togo,
pour les déplacements de service. Au rang de ces représentants,
retrouve-t-on des responsables de sociétés publiques et services
parapublics. Les premières ont un caractère industriel ou
lucratif et font rentrer des fonds importants à l'Etat. Il s'agit entre
autres de la CEET, du Port autonome de Lomé (inauguré en 1967),
de la Régie nationale des eaux du Togo (RNET), de l'EDITOGO, de l'OPTT,
de la Loterie nationale togolaise (LONATO) et de TOGOGRAIN. Les seconds ont la
particularité d'être créés sur une initiative
conjointe de l'Etat et d'autres nations ou institutions internationales et sont
souvent des structures d'encadrement rural (SPAR, SORAD, SRCC, etc.). Dans tous
les cas, ils étaient aussi dotés de crédits de
fonctionnement sur le budget des Ministères auxquels ils appartenaient.
Ils acquéraient aussi sur leur budget, des véhicules pour le
transport de leur personnel et de leurs matériels et produit d'un point
à un autre du territoire. Ils en recevaient aussi sur don ou à
travers des projets des organismes internationaux. Sur les 20 véhicules
au total que possédait la SORAD des plateaux le 19 septembre 1969, 5
étaient payés sur son propre budget et six lui étaient
donnés par le projet FED168.
Toutefois, il faut signaler que nombre de ces services et
sociétés, par rapport à leurs zones d'intervention,
étaient limités par le niveau d'enclavement de certaines
localités par faute de réseau routier fiable dans les plateaux et
surtout dans le Nord du Togo jusqu'aux années 1970 au moins. Il en
résulte alors une défaillance prononcée dans la
couverture
167 JOT du 4 mai 1962,op. cit., pp. 392-394.
168 ANT-Lomé, 2 APA Atakpamé- add., dossier 109,
retrait de permis de conduire, immatriculation des véhicules et engins
routiers, fixation, le nombre de plaques CC et CC à attribuer aux
véhicules automobiles des ambassades et consulats, réglementation
de circulation, location du carburant et lubrifiant, 1947-1964.
gouvernementale dans ces régions par manque ou
insuffisance d'infrastructures socio- collectives et de structures
d'encadrement rural.
Ainsi, Tiwomé (2009) disait qu'en raison de
«...l'enclavement des localités de la zone FED/ savane à
cause du manque d'infrastructures, l'encadrement administratif était
faible dans la zone...Il ne permettait pas de recevoir les impulsions
gouvernementales devant favoriser sa réelle participation au
développement national...». Cet état de fait constitue,
selon lui, «...un handicap sérieux à la facilité
de circulation des encadreurs agricoles. Ce qui ne permet pas d'atteindre les
villages et hameaux au bon moment pour prodiguer des conseils aux
exploitants...». Les paysans étaient alors mal encadrés
et étaient presque laissés à eux mêmes dans cette
région enclavée. Plus loin, il écrivait que
«...ce n'est qu'à de rares occasions que les véhicules
d'encadrement rural comme la BDA, la SORAD y arrivaient pour des
tournées pour le ramassage des produits agricoles stockés dans
les magasins GAP... ». Cela ne surprend guère dans ce sens que
plus tôt, l'auteur disait : «...des renseignements relatifs aux
transports dans la région de Tone recueillis en 1984, par les services
techniques de la place montrent que par semaine, entre 0 et 1 véhicule
arrive à Warkambou et entre 1 et 2 véhicule (s) à Nano
à partir de la ville de Dapaong ». La statistique ne
précise pas que ce petit nombre de véhicule arrivant
hebdomadairement dans cette région appartenait aux privés ou
à l'Administration. Si Tiwomé affirmait
précédemment que rarement les automobiles étatiques y
arrivaient, il va sans dire que dans certaines semaines les populations de
cette région ne voyaient pas le moindre véhicule administratif,
même des ONG.
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