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La gestion du parc automobile de l'état et le déploiement administratif au Togo (1937-1992)

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par Ahogla Egbèssi GBAMEHOSSOU
Université de Lomé (Togo) - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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3- Les services publics, parapublics et autres structures

Dans les unités administratives du Togo sous tutelle, les services techniques étaient organisés en bureaux suivant les nécessités et placés sous l'autorité des Chefs de subdivision ou des Adjoints aux Commandants de cercles et des Commandants de cercles (hiérarchiquement) selon l'organisation de ces structures territoriales. Au niveau administratif local, ils étaient sous la tutelle du Secrétariat général. Le schéma n° 1 de la structure administrative établi précédemment le montre suffisamment. Il existait donc sur le territoire togolais neuf bureaux. Il s'agit des Travaux publics, du chemin de fer et Wharf, de l'agriculture, des eaux et forêts, de l'élevage, des PTT, du Météo, de la Radio et des Douanes (Gayibor 2005 : 192).

Les sources que nous disposons ne nous permettent pas d'affirmer que tous les services techniques organisés dans les unités territoriales disposaient de véhicules propres ou en recevaient en affectation permanente. Ce qui ne nous paraît pas aussi évident vu l'étroitesse du patrimoine automobile de l'Administration. Le moins que l'on puisse dire, est que tous pouvaient en réquisitionner au besoin et selon la disponibilité, au parc automobile des cercles et subdivisions sur l'approbation des responsables de ces unités territoriales.

L'inventaire dressant la liste des véhicules (22 au total) du cercle d'Atakpamé et précisant leur affectation108, en est une preuve.

Ainsi, seuls les Travaux publics d'Atakpamé auraient en affectation permanente des camions (2 au total) parmi les services techniques du cercle109. Cela se comprend aisément quand on sait la mission que devait remplir ce service. La réalisation de l'ambition de dotation du territoire togolais d'équipements (de transport, etc.) nourrie par les autorités coloniales dans le cadre du FIDES pour le développement socio-économique du pays, nécessitait d'équiper les Travaux publics déconcentrés dans les unités territoriales, de matériels roulants, notamment les camions. Nombreux étaient les engins lourds achetés sur les dotations du FIDES et qui devaient servir dans la réfection et la construction des routes, etc. L'arsenal du parc mécanique du Génie civil dont nous avons dressé le tableau précédemment en dit assez (voir tableau n° 5)

108 ANT-Lomé, 2 APA Tsévié, dossier 42, problème de chefferie dans les villages d'Assahoun, d'Edji, de Kevé, de Yometchin, d'Atti-Apedokoé, koudassi. Problème de Poste administratif d'Assahoun, correspondances, diverses, 1958-1966.

109 Certes, le document précise des affectations de véhicules à certaines localités comme Nuadja, Anié sans toutefois préciser leurs missions. Mais, notre analyse demeure évidente dans la mesure où la ville d'Atakpamé, chef-lieu du cercle est susceptible d'abriter plusieurs services et que seuls les Travaux publics en avaient.

La structure de l'administration générale du territoire togolais ne classe pas la santé et l'enseignement, placés sous l'autorité directe du Secrétariat général, parmi les services techniques.

Toutefois, ils demeurent des structures, des services fondamentaux dans un pays. Leur importance dans la gestion d'un territoire n'est pas moindre. Ils sont indispensables l'un et l'autre soit dans la formation des cadres110, soit dans le maintien en bonne santé du personnel et des populations, donc de la main d'oeuvre du pays. A la vue de leurs missions, ils avaient besoin de moyens de transport modernes.

Ainsi, les hôpitaux ou centres de santé en ont impérativement besoin pour l'évacuation des malades et pour les déplacements de leurs agents de service. C'est dans cette logique qu'en 1948, comme nous l'avons déjà mentionné, le Service d'hygiène de Lomé fut doté de deux ambulances et d'une camionnette à partir des financements de l'exercice (1947-1948) du FIDES. En témoignant de ses conditions de travail dans le nouvel Hôpital du CHU-Tokoin entre 1949 et 1954, Emmanuel Agboka après avoir souligné que le personnel arrivait «...d'abord à pied puis à vélo... », qu'il n'y avait pas de vélomoteurs et que les voitures étaient rares, reconnait que «...l'ambulance circulait entre l'hôpital et la ville » (Marguerat et Péléi 1992 : 119-120) cité par Gayibor (2005 : 404). L'ambulance servait à transporter les malades et les victimes d'accident ou d'incident vers l'hôpital et peut-être dans le sens inverse pour évacuer les dépouilles mortelles.

Le personnel du secteur de la santé avait besoin aussi de moyens de transport. En rappel, depuis 1937, il était affecté au Médecin-Chef de l'Hôpital de Lomé, sur arrêté, une voiture spéciale (comme les Commandants de cercles et les Commissaires de la République française) pour ses déplacements liés à ses attributions. Cette disposition n'étant pas abrogée, tous ceux qui occupaient ce poste étaient dotés de véhicule de fonction.

Les services parapublics utilisaient aussi des véhicules pour faire tourner leurs appareils centraux et secondaires sur le territoire. Ils étaient pour l'essentiel des organes d'encadrement rural. Il s'agit entre autres des Sociétés indigènes de prévoyance (SIP) installées dans chaque cercle et coordonnées par un organe central à Lomé. Celles-ci possédaient des engins pour le transport des produits agricoles des centres agricoles vers les unités industrielles et assurer le déplacement de leur personnel vers les zones rurales pour prodiguer des conseils aux paysans et mener d'autres activités d'encadrement. Ces véhicules appartenaient au service local, donc, à l'Etat comme le stipule l'article 2 de l'arrêté n° 325 du

110 C'est dans ce cadre que l'Ecole nationale d'Administration (ENA) fut créée au Togo en 1959. Elle devait fournir des cadres pour l'Administration du territoire dont l'indépendance était irréversible et imminente.

19 juin 1937 portant organisation du Garage central et réglementant le service des automobiles administratives dans le territoire du Togo111. A ce titre, ils étaient garés au Garage central (du moins ceux du cercle de Lomé).

Les SIP et les services administratifs pouvaient louer des véhicules administratifs. La fixation du prix tarifaire était fonction de la distance parcourue.

Ainsi, en 1947, Jean Noutary, commissaire de la République française au Togo d'alors, par arrêté n° 282 TP du 18 avril 1947112, fixa les prix des transports effectués par les véhicules administratifs pour le compte des divers services administratifs, S.I.P et, éventuellement, les particuliers. Ils étaient arrêté à « 10 francs le kilomètre pour les voitures touristes et camionnettes et à 14 francs le kilomètres pour les camions à partir de 2 tonnes de charge utile113».

Ces tarifs étaient portés respectivement à 14 francs et à 23 francs CFA en 1948114 par J. H. Cedile, commissaire de la République française au Togo de 1948 à 1950.

Cet arrêté ne changea pas les autres dispositions du précédent. Au cas où le véhicule n'est pas ramené au Garage dans les délais, sauf en cas de panne, le montant du transport est majoré de 200 francs par journée d'absence après les premières 24 heures. Toutes ces dispositions et prix ne concernaient que les services administratifs du Chef-lieu, cercle de Lomé-Tsévié et les SIP115.

L'arrêté précise que dans les cercles de l'intérieur, les services utilisateurs supportent les dépenses de fonctionnement des véhicules réquisitionnés sur les crédits mis à leur disposition à cet effet, les primes kilométriques exclues.

Les services avaient donc intérêt à utiliser à bon escient les véhicules pour ne pas grossir leurs dépenses et épuiser leur budget avant échéance. A ce propos, le commandant du cercle du Centre, M. Jury, Administrateur de la FOM, dans sa note de service n° 868, datée du 8 septembre 1953, avertissait les chauffeurs des véhicules administratifs qu'ils recevront «...chaque mois un contingent d'essence, qui ne pourra, en aucun cas être dépassé : ils devront veiller à limiter au strict minimum les dépenses de carburants...»116. Cette disposition ne vient qu'allonger la kyrielle de mesures prises par les autorités pour réduire les

111 JOT du 1er juillet 1937, pp. 287-288.

112 JOT du 1er mai 1947, arrêté n° 282 TP. du 18 avril 1947.

113 Toutes les dépenses liées au fonctionnement (chauffeur, carburant, etc.) étaient à la charge du service local.

114 JOT du 1er avril 1948, arrêté n° 309 T.P. du 31 mars 1948, p. 453.

115 Les tarifs dans le cas de cession à des particuliers, étaient majorés à 25%.

116 ANT-Lomé, 2 APA cercle d'Atakpamé-add, dossier n° 112, Service des travaux publics, réglementation sur la circulation automobile dans le territoire et dans le cercle, retraits de permis de conduire, procès-verbaux d'enquêtes sur les accidents de circulation : arrêtés, décisions, circulaires et notes diverses, 1950-1960.

dépenses publiques à partir d'une bonne gestion et une utilisation réglementée des véhicules des pouvoirs publics.

Toutefois, la gestion des véhicules de l'Etat n'était pas saine pendant la tutelle comme c'était déjà le cas dans la période précédente. Des dérapages étaient observés dans l'utilisation des véhicules administratifs par les services publics causant ce que redoutaient l'Administration, la hausse des dépenses publiques. La situation était telle que le Premier Ministre togolais, Sylvanus Olympio a soulevé en 1959 le problème de mauvaise utilisation des véhicules de l'Etat en abordant la question de dépenses publiques abusives lors de la Conférence des Commandants de cercle et des Chefs de circonscription du 8 septembre 1959 tenue à Atakpamé 117.

La place du parc automobile dans le fonctionnement des différentes structures et institutions administratives était indéniable. Certes, les véhicules des pouvoirs publics étaient insuffisants face à l'immensité de la tâche des services et leurs besoins de transport, mais ils avaient contribué à faire tourner l'appareil administratif.

Ainsi, ils avaient assuré la mobilité des différents Commissaires de la République française qui s'étaient succédés au Togo entre 1946 et 1960, et de leurs proches collaborateurs (Inspecteur de travail, Secrétaire général, Commandants de cercles et leurs Adjoints, Chefs de subdivisions, etc.), et dans les Cercles et subdivisons. Les déplacements des autorités déconcentrées au niveau des unités administratives (cercles et subdivisions) étaient également tributaires des automobiles. Ces unités territoriales ont vu aussi une grande partie de leurs besoins de transport terrestre moderne être assouvie par les véhicules administratifs (que par les trains).

Le programme de développement socio-économique du territoire togolais initié dans le cadre du FIDES pendant la période de tutelle a permis de le desservir par des voies de communication plus étendues. Cependant, les efforts de désenclavement ont encore de beaux jours devant eux car, beaucoup de régions restaient encore non dessertes. Le réseau routier était estimé à 4 472 km à la veille de l'indépendance, avec des ouvrages d'art de franchissement plus résistants et dont une grande partie pouvait désormais supporter le passage des véhicules de plus de 50 tonnes. Cette amélioration fait bon ménage avec

117 ANT-Lomé, 2 APA cercle d'Atakpamé, dossier 195, procès verbal de la conférence des commandants de cercle et des chefs de circonscription, 1959.

l'élargissement du patrimoine automobile togolais qui était composé de 3 600 matériels roulants publics et administratifs en 1958.

Cette situation favorable faisait les affaires du pouvoir colonial qui réglementa dans la foulée, son trafic automobile à travers un long chapelet de mesures administratives et juridiques en vue de le redynamiser afin de lui permettre de bien gérer le territoire togolais indigent en équipements de transport ferroviaire. Plusieurs structures étaient impliquées dans le transport administratif en cette période.

En effet, deux sociétés privées de transport, SGGG et Jonquet-Prades, coptées par le pouvoir colonial, assuraient le transport du personnel en déplacement et du courrier postal administratif respectivement à partir de Blitta vers les régions septentrionales du pays et sur la ligne Lomé-Cotonou. Le Garage central, placé sous la tutelle du Service des travaux publics et des transports qui assurait la gestion centrale des activités de transport, avait la compétence de gérer le trafic administratif automobile à bien des égards surtout dans le cercle de Lomé.

Les véhicules automobiles avaient grandement apporté au fonctionnement du Commissariat de la République française, de l'administration locale organisée autour des Commandants de cercle et des Chefs de subdivisions qui dirigeaient les services et bureaux implantés dans leurs divisions territoriales. Ils avaient contribué à l'acheminement des biens de service et à la mobilité géographique du personnel administratif dans le territoire togolais. Cependant, cette circulation était limitée dans le pays par le manque de fiabilité du réseau routier dans certaines zones causant leur enclavement et par l'insuffisance du nombre de véhicules administratifs.

Au terme de cette première partie, il convient de se prononcer sur l'état de la mobilité à bord d'automobile dans le secteur administratif vers la fin de la colonisation française au Togo.

En effet, depuis son apparition dans les années 1920, le trafic automobile administratif a globalement connu un progrès au niveau des éléments de bases de ce trafic. Ainsi, le réseau routier a connu une amélioration avec l'édification de plusieurs ouvrages de franchissement. Il était passé de 3 239 km en 1930 à 4 472 km à la fin du second plan du FIDES. Des régions jadis fermées à la circulation furent donc ouvertes. Cet essor s'était toujours accompagné de l'augmentation du patrimoine automobile togolais. Comprenant 224 automobiles en janvier 1926, il passa à 645 au 1er mars 1930 pour finalement atteindre 3 600 véhicules en 1958. Cette situation favorable offrit à l'Administration de plus en plus de moyens modernes de déplacement pour faire fonctionner son système sur le territoire togolais.

Les véhicules de l'Etat ont contribué, avec l'appui des automobiles privées, à faire tourner le dispositif administratif colonial français au Togo. Ils ont assuré la mobilité dans le secteur public. Ainsi, ils avaient facilité la circulation des biens et du personnel des structures administratives à savoir, le Commissariat de la République française au Togo, les cercles et subdivisions administratives pendant les périodes mandataire et de tutelle. Cette oeuvre doit sa réussite au système de gestion de ce trafic par les autorités à travers des structures et des législations. Le Garage central, placé sous la direction du Service des travaux publics et des transports, était chargé à bien des égards du transport administratif automobile. Il fut soutenu par des sociétés privées de transport dans cette tâche. Il s'agit de la STAO (1927-1933) et de la SGGG (à partir de 1953) qui assuraient le transport administratif dans les cercles du Nord, après le Service des transports automobiles (administratif) entre 1926 et 1927. La société Jonquet-Prades, elle, offrait ses services à l'Administration de Lomé à Cotonou dans les années 1950.

Soulignons que le transport automobile administratif était à bien des égards limité sur le territoire togolais en raison d'une part, de l'existence des poches de régions enclavées et quasiment fermées à l'Administration et d'autre part, de l'étroitesse du parc automobile des pouvoirs publics. C'est cette insuffisance que les tenants de la souveraineté, déjà confrontés à des difficultés de tout genre, devaient combler après l'indépendance.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault