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La gestion du parc automobile de l'état et le déploiement administratif au Togo (1937-1992)

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par Ahogla Egbèssi GBAMEHOSSOU
Université de Lomé (Togo) - Maà®trise en histoire contemporaine 2010
  

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DEUXIEME PARTIE

QUELLE PLACE POUR LES AUTOMOBILES DE L'ETAT
DANS
LE FONCTIONNEMENT DE L'ADMINISTRATION AU
TOGO INDEPENDANT ? (1959-1992)

La machine de la décolonisation en branle depuis la Conférence de Brazzaville de 1944, fut accélérée sur fond de revendication dans les années 1950 avec des étapes décisives au Togo comme la République Autonome (RAT) en 1956 et surtout la victoire des nationalistes aux élections législatives du 27 avril 1958. Grâce à la synergie des voix anticolonialistes qui s'élevaient, les Indigènes togolais étaient de plus en plus associés à la gestion de leur territoire aux cotés des Français au cours de ce processus. C'est cette victoire qui consacra la volonté de la majorité des Togolais de gérer d'ores et déjà, eux-mêmes, les affaires de leur pays. L'administration du territoire imposait des moyens humains et matériels.

Parmi ceux-ci, figurent solidement les moyens de transport modernes routiers, sans lesquels aucun développement n'est possible. Pendant la période coloniale française, le parc automobile s'était imposé comme meilleur et plus efficace patrimoine roulant des pouvoirs publics. Après l'indépendance, les véhicules devaient, par la flexibilité qu'offre leur trafic, aider l'Administration, avide de développent socioéconomique, à gérer avec dynamisme l'ensemble du territoire, dont elle a la charge, par le transport de son personnel et de ses matériels de service et à y bien s'enraciner. Comment ont-ils alors contribué à la gestion du territoire togolais par l'Administration de la veille de la souveraineté internationale du Togo à 1992.

Répondre à cette question, revient à montrer au prime abord, dans cette partie, comment les véhicules de l'Etat, soumis à un système de gestion, ont-ils permis à ce dernier de se déployer sur le territoire togolais de 1959 aux milieux des années 1970. Secundo, il sera analysé l'apport du parc automobile au fonctionnement des institutions et structures administratives au Togo pendant la période qui s'écoule entre le début du troisième plan quinquennal et 1992, une année marquée par des crises multiformes.

TROISIEME CHAPITRE

VEHICULES ETATIQUES, UN HERITAGE COLONIAL DE
TRANSPORT POUR UNE BONNE GESTION DU
TERRITOIRE TOGOLAIS SOUVEVERAIN (1959-1976)

Le système colonial, par sa nature et ses objectifs, maintenait à l'écart les `'indigènes» des postes de décisions concernant la gestion de leur territoire. Cependant, au Togo (comme sur plusieurs autres cieux), quelques années avant l'indépendance, les autochtones à travers leurs élites contrôlaient à bien des égards des secteurs de développement de leur territoire confiés aux départements ministériels, et ce, dans le contexte de l'imminence de sa souveraineté. Par son poids dans le développement socio-économique et administratif, le secteur des transports retenait l'attention de ces nouveaux dirigeants, surtout sa section automobile administrative héritée de la colonisation.

Ainsi, la gestion des véhicules de l'Etat a fait l'objet d'une réflexion lors de la Conférence tenue le 8 septembre 1959 et réunissant les Commandants de cercles et Chefs de circonscriptions sous la présidence du Premier ministre d'alors, Sylvanus Epiphanio Olympio. Les automobiles, grâce à leur bonne gestion, devaient permettre à l'Administration indépendante de bien circuler sur le territoire et d'établir son contrôle sur tous ses points, en vue de sa bonne gestion et de son développement harmonieux. Mais, la réussite d'une telle mission exige d'abord un réseau routier fiable et un parc automobile assez garni. Comment se portaient alors les équipements liés au trafic automobile au Togo de la veille de l'indépendance au début du troisième plan quinquennal, où en principe les résultats des efforts entrepris dans le cadre des programmes de développement socio-économiques devaient déjà être perceptibles? Comment le transport administratif à bord de véhicule a-t il été gère pendant cette période? Ce système de gestion a-t-il permis aux véhicules administratifs de remplir pleinement leur mission de transport des personnes et des biens des institutions et structures de l'Etat togolais?

Ce chapitre 3, qui va de 1959 à 1976, fait le point sur les réalisations en matière d'infrastructures routières et l'état du patrimoine automobile au Togo. Il aborde aussi le système d'encadrement du transport automobile administratif. Enfin, elle analyse la contribution des automobiles de l'Etat au déploiement administratif.

I- Les équipements de transport automobile au Togo : de la léthargie à la relance (1959 - 1976)

L'accession à la souveraineté internationale du Togo a eu lieu dans un contexte très critique tant sur le plan interne qu'international. Les impacts sur le transport routier sont énormes. Ce secteur fut, à bien des égards, handicapé et n'a connu un renouveau qu'avec les deux premiers plans quinquennaux.

1- Une ère difficile pour le trafic routier dans un contexte socio-économique national et international critique (1959-1966)

Les difficultés économiques internationales, l'indépendance du Togo et la situation politique interne n'ont été guère favorables au développement du transport routier.

Sur le plan national, le Togo était secoué par une crise politique et socio- économique.

Ainsi, Sylvanus Olympio essuyait de vives critiques de la part de ses opposants au moment où une préoccupante crise économique frappait le pays. Il finit par laisser sa peau le 13 janvier 1963 à la suite d'un coup d'Etat militaire. Son successeur N. Grunitzsky a consacré un bon temps pour aplanir les crises politiques, et ce, au détriment des secteurs de développement.

Sur le plan international, la situation vacillait entre brouille diplomatique et crise économique.

En effet, la victoire des nationalistes aux élections législatives du 27 avril 1958 avec 60 % des voix, signifie que la majorité des Togolais a opté pour l'indépendance immédiate. Ce nouveau statut suppose que le territoire togolais devait supporter à ses propres frais, sa gestion tant sur le plan institutionnel que structurel donc, aussi en matière d'équipements de transport routier. La France, métropole et principale partenaire économique du Togo, ne se sentait plus mêler dans ses affaires. A la même période, en 1958, la croissance économique céda la place aux difficultés économiques en Europe voire dans monde. Cette situation internationale influença les financements de la France au Togo qui ne pouvait que souffrir du manque d'équipements routiers, même si quelques actions étaient menées dans ce sens.

Le troisième plan du FIDES (1958-1962) n'était pas concrétisé. Il fut remplacé par le Fonds d'aide et de coopération (FAC) par la Constitution française de 1958 (Tsigbé 2009 : 291). La dotation du Togo sur les ressources de ce fond au titre de l'exercice 1959-1960 était de 317,3 milliards de FCFA dont 39,6 millions pour le secteur de la santé et 48,5 millions pour l'aménagement des routes (Tsigbé 2009 : 293). Elle est maigre par rapport à celle du

FIDES. Ces fonds servaient, non seulement à la construction des routes et infrastructures socio-collectives, mais également à l'achat des matériels roulants de transports nécessaires pour l'exécution des travaux et pour le transport des biens et personnels des services sociaux (ambulance, etc.)

A cette période d'autres travaux d'édification des infrastructures routières ont débuté avec l'aide des Etats-Unis qui ont fait des dons de véhicules au Togo.

Ainsi, dans son discours de fin d'année 1961, le président de la République, Sylvanus Olympio, faisait observer qu' « afin de nous aider à faire face aux importantes dépenses d'entretien, le gouvernement des Etats unis d'Amérique a gracieusement mis à notre disposition 36 engins neufs dont 10 camions et une quantité importante de pièces de rechange 118».

Ces matériels acquis sur don et sur payement pour effectuer les travaux, renforçaient le parc automobile de l'Etat. Ce dernier était aussi alimenté par les Nana-benz qui mettaient gracieusement à la disposition de l'Administration des véhicules pour les besoins de service, autour de 1960, où l'Etat en difficulté économique n'arrivait pas à en payer, du moins suffisamment.

Les difficultés étaient si cruciales que, S. E. Olympio lors de la Conférence des Chefs de circonscriptions et des commandants de cercles et des Ministres qui a lieu le 8 septembre 1959, demandait une bonne gestion et utilisation des véhicules des pouvoirs publics pour contribuer à réduire les dépenses publiques119.

Tout compte fait, les difficultés économiques, politiques et diplomatiques ont beaucoup limité les réalisations en matière d'équipements de transport routier (véhicules et routes) au Togo entre 1959 et 1966. En conséquence, le trafic automobile administratif en a assez souffert. Il faut donc attendre les plans quinquennaux pour voir un véritable changement.

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