2- Agrandissement du patrimoine automobile togolais
La politique d'équipements routiers entreprise par
l'autorité coloniale pendant la période de tutelle dans le cadre
du FIDES donna une bouffée d'oxygène au parc automobile du
territoire togolais qui fut victime de la politique de réduction des
dépenses publiques après la crise des années 1930 puis des
efforts de guerre.
Les travaux de bitumage, de réfection et d'extension des
voies de communication nécessitaient des matériels roulants.
Ainsi, au cours de la première année
(1947-1948)84 d'exécution du programme FIDES, pour
insuffisance de financements, seulement trois camions d'une valeur totale de
695 328 F CFA furent achetés sur huit prévus. Des crédits
d'une valeur de 256 932 FCFA étaient consacrés à leurs
réparations et entretiens (Goeh-Akue 1992 : 493-494)85.
D'importants matériels routiers furent commandés
de l'étranger, des Etats-Unis d'Amérique nommément. Ils
étaient composés de trois tracteurs Caterpillar
équipés en Bulldozer, de scaper, de motorgraders, d'automoteur,
de niveleuses, de scarificateurs, de camions bennes et rouleaux à
recharges et d'outillage de bord pour chacun de ces engins86.
A la fin du premier plan, soit de la première phase
d'exécution du plan décennal, la totalité des
matériels constituant le parc mécanique du Génie civil du
territoire togolais (contenus dans le tableau n° 687)
était payée à partir des financements du FIDES.
Au nombre de 63 au total, ces matériels devaient servir
sur les chantiers des différents secteurs d'activité du pays
(santé, éducation, réseau routier, etc.).
Par ailleurs, des véhicules avaient été
acquis sur les crédits accordés au secteur social pour le
transport des biens et des personnes. Ainsi, à titre d'exemple, pour
l'exercice 1948, il a été acheté deux ambulances et une
camionnette à une valeur de 600 000 FCFA pour le service
d'hygiène de Lomé (Kouzan 2006 : 166).
Tous les matériels roulants acquis dans le cadre des
financements du FIDES entraient dans le parc automobile de l'Administration qui
s'agrandi.
Parallèlement, le patrimoine automobile privé
qui fut souvent réquisitionné par les pouvoirs publics
s'élargi aussi avec l'amélioration du réseau routier
rendant moins difficile et moins lent la circulation. Cet essor était
également dû à l'amélioration des conditions de vie
des Togolais, chez qui le goût de posséder une voiture
s'était accru, et au prix des véhicules au Ghana voisin à
la portée de bourse togolaise. Le patrimoine roulant routier
privé était constitué des engins des particuliers, des
sociétés commerciales et de transport opérant sur le
territoire togolais dont la SGGG et Jonquet-Prades.
84 Elle correspond à la seule année
d'exécution du plan décennal du FIDES ayant
échoué.
85 Cité par Tsigbé (2009).
86 Rapport annuel de la France à l'ONU (1948
:158).
L'utilisation de ces engins nécessita des professionnels.
C'est ainsi que deux mécaniciens avaient été
envoyés à Douala au Cameroun où l'usage des bulldozers
était fréquent. Ils devaient au retour instruire d'autres en la
matière (Grunier 1951 : 524) cité par Tsigbé (2005 :
78).
87 Voir page 54.
Tableau n ° 6 : Composition du parc
mécanique du Génie civil du Togo en 1952
Genre de matériels
|
Nombres
|
Tracteurs TD.17 avec bulldozer
|
2
|
Tracteur DW.10.
|
2
|
Scraper 70.
|
2
|
Scraper 10
|
2
|
Rooter le tourneau
|
1
|
Rouleaux à 13 pneumatique 67 w
|
2
|
Rouleaux à pieds de Mouton.
|
2
|
Rouleau Huber 5 tonnes
|
2
|
Rouleau Huber 10 tonnes
|
5
|
Maintener
|
3
|
Monotorgrader MG.12
|
3
|
Tracteurs BW. Deere
|
2
|
Faucheuses
|
2
|
Groupes concasseurs-cribleur G.M.
|
2
|
Groupes compresseurs Ingersoll Rand
|
2
|
Camions citerne GMC
|
2
|
Camions citerne Citroën
|
3
|
Camions berne 5 tonnes
|
3
|
Camions berne 3,5 tonnes
|
2
|
Camions berne Citroën
|
5
|
Camions berne Renault
|
3
|
Camions
|
2
|
Pick-up GMC
|
3
|
Pick up Dodge
|
1
|
Pick up Ford
|
3
|
Remarque coder 20 tonnes
|
1
|
Foreuses sondeuses Benoto
|
1
|
TOTAL
|
63
|
Source : Rapport annuel de la France à l'ONU, 1948, p.
158.
Au 31 juillet 1958, le parc automobile du territoire togolais
comptait 3 600 matériels roulants, toutes marques et catégories
confondues (Tsigbé 2005 : 53). Ils étaient composés de 1
113 véhicules touristes (871 pour les privés contre 241 pour
l'Administration), de 958 camionnettes, de 1 553 camions (205 administratifs et
1 353 privés) et de 39 autocars (dont seulement 4 pour le pouvoir
colonial) (Tsigbé 2009 : 234). L'Administration coloniale ne disposant
pas de parc automobile avant les années 1920, il va sans dire que la
totalité de ses matériels roulants, à la veille de
l'indépendance, était acquise dans l'entre-deux guerre et pendant
la période du FIDES.
Le programme de développement économique et
social entrepris au Togo à la période de tutelle (1946-1959) a
permis de doter le territoire d'équipements routiers sans
précédent.
Ainsi, le réseau routier fut amélioré et
était estimé à la veille de l'indépendance à
4 472 km soutenus par des ouvrages d'art résistants. Des régions
auparavant difficiles d'accès étaient alors ouvertes à la
circulation et à l'impulsion de l'Administration.
Cependant, il existe encore des régions
enclavées par insuffisance de financements. Quant au parc automobile, il
comptait 3 600 véhicules en 1958 et 4 500 au début de 1960
(Gayibor 1997 : 140). Cet essor devait donner du tonus au trafic routier qui
mérite d'être bien encadré.
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