SECTION I. DU PROFIL DE L'OHADA
La presente section brosse les circonstances ayant ete
a la base de la creation de l'OHADA (paragraphe 1), les objectifs poursuivis
par ladite organisation (paragraphe 2) sa personnalite juridique (paragraphe 3)
et, finalement, les Etats membres de l'OHADA (paragraphe 4).
PARAGRAPHE 1. HISTORIQUE DE L'OHADA
Au debut des annees quatre-vingt-dix, les dirigeants
de la plupart des Etats de la zone Franc, les colonies frangaises,
constatérent le ralentissement des investissements dans leur region. Ils
transcendérent le constat et resolurent a mettre en place une mission
chargee de determiner la cause reelle du phenoméne qui eut des
consequences directes et negatives sur les programmes de developpement
economique dans chacun de leurs pays.
A l'issue d'une tournee dans tous les pays concernes,
la mission arriva a une conclusion selon laquelle l'origine du mal etait
l'insecurite juridique et judiciaire qui, en maitre, regnait dans ces pays et
qui etait due au delabrement du tissu juridique. D'oa la necessite d'un «
nouveau droit moderne et harmonise N. Ainsi germa l'idee de creation d'une
organisation chargee d'harmonisation du droit des
affaires9.
Dans cette optique, une serie de chefs d'Etats et de
gouvernements de differents Etats precipita les choses si bien que l'OHADA prit
forme. En Avril 1991, a Ouagadougou, au Burkina Faso, les ministres des
finances de la zone Franc confiérent a un « Directoire N dirige par
trois eminents juristes
9
Boris MARTOR et alii, Le droit uniforme africain
issu de l'OHADA, éd. Jurisclasseur, Paris,
2004, pp. 1-3
dont le chef de fil fut M. KEBA M'BAYE, le soin
d'evaluer la faisabilite du projet sur un plan politique et technique, de
rediger un traite et d'identifier les domaines dans lesquels une harmonisation
est souhaitable.
En Octobre 1992 a Libreville, au Gabon, furent
approuvees les conclusions de cette Mission par les chefs d'Etats reunis a cet
effet sur le rapport du president senegalais de l'epoque, Abdou Diouf, signant
ainsi l'acte de naissance de l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du
droit des affaires, OHADA en sigle.
Un an plus tard, le 17 octobre 1993, lors d'un sommet
tenu a Port-Louis (Ile Maurice), le traité de l'OHADA fut
présenté, signé par quatorze Etats et prit effet le 18
septembre 1995, aprés avoir recu sept ratifications pour son
entrée en vigueur.10 Ensuite, deux autres Etats
adhérérent11.
PARAGRAPHE 2. OBJECTIFS DE L'OHADA
L'article 1 du Traite de Port-Louis indique les
objectifs de l'OHADA. Il s'agit de g l'harmonisation du droit des affaires
ans les Etats membres par l'elaboration et l'adoption des regles communes
simples, modernes et adaptees a la situation de leurs economies, par la mise en
ceuvre des procedures appropriees, et par l'encouragement au recours a
l'arbitrage pour le reglement des differends D.
On sous-entend, par harmonisation, au sens strict du
terme12, l'opération consistant a rapprocher les
systémes juridiques différents et d'inspirations
différentes (voire divergentes) pour les mettre en coherence entre eux
en réduisant ou en suppriment leurs differences et leurs contradictions
de fagon a atteindre des résultats compatibles entre eux et avec les
objectifs communautaires recherchés.
10 Pour une historique de l'OHADA, voir Boris
MARTOR et alii,Le droit uniforme africain issu de
l'OHADA, Jurisclasseur, Paris, 2004, P.2 ; Roger
MASAMBA MAKELA, Modalités d'adhésion de la RDC au
Traité de l'OHADA, Tome I, Numéro
spécial, Copirep, Kinshasa, 2005, p.24
11 Boris MARTOR et alii, Le droit
uniforme africain issu de l'OHADA, éd.
Jurisclasseur, Paris, 2004, pp. 1-3 12Voy. Vocabulaire juridique
Capital, Vis Harmonisation et rapprochement des
législations, Coordination -
Lexique des termes juridiques, Dalloz, V°
Harmonisation, s.d
18
Le Professeur Roger MASAMBA estime que l'OHADA poursuite
des objectifs qui mettent en exergue sa vocation africaine :
Favoriser l'institution d'une communauté
économique africaine ;
Promouvoir l'unité africaine pour d
évelopper une économie africaine ;
Garantir la s écurité juridique et
judiciaire au sein de cette communauté.
De plus, affirme-t-il, l'OHADA s'assigne les missions
suivantes :
> Unifier le droit des affaires dans les Etats
membres ;
> Promouvoir l'arbitrage pour le reglement des
différends contractuels ;
> Améliorer la formation des magistrats et
les auxiliaires de la justice.
En clair, l'objet du Traite de l'OHADA est si large
qu'il ne peut porter que sur un domaine prealablement defini. C'est pourquoi
l'article 2 du traite enumere les huit matieres qui entrent dans le champ du
droit des affaires et qui, de ce fait, sont concernees par l'uniformisation et
font, chacune, l'objet d'un Acte uniforme. Il s'agit des matieres relatives
:
- Au droit des sociétés et au statut
juridique des commergants ;
- Au recouvrement des créances ;
- Aux suretés et aux voies d'exécution
;
- Au regime du redressement des entreprises
;
- Au droit de l'arbitrage ;
- Au droit du travail ;
- Au droit comptable ;
- Au droit de la vente et des
transports.13
13Article 2 du Traité de l'OHADA du
17 octobre 1993
Notons qu'en sus de ces matieres ci haut citees, entre
en ligne de compte tout autre matiere que le Conseil des ministres deciderait,
a l'unanimite, d'inclure pourvu qu'elle soit conforme a l'objet du
Traite.
Sans nul doute, toutes ces matieres reunies
constituent le droit uniforme et harmonise issu de l'OHADA.
Quoi qu'il en soit, il importe de signaler que
l'harmonisation differe de l'uniformisation. Si la notion d'harmonisation
connait plusieurs definitions selon qu'il s'agit des auteurs'4,
notons tout de me-me que toutes ces notions tendent a cerner la
me-me réalité a savoir g la coordination des systemes
juridiques différends dans le but de réduire leurs differences
pour atteindre les objectifs communs F'5. L'uniformisation, quant a
elle, est g l'instauration dans une matiere juridique donnée des regles
identiques pour les Etats membres et incorporées a des droits nationaux
différends D ; elle se distingue aussi de l'unification qui consiste en
g l'instauration des regles identiques appartenant a un droit communautaire
unique D.
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