PREMIERE PARTIE : LES
SANCTIONS POLITIQUES,
MESURES « A DOUBLE
TRANCHANT 6
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
De facon elementaire, l'Etat est defini comme une
entite composee d'un territoire, d'une population et d'une autorite
gouvernementale en charge de la representation de l'ensemble de l'Etat. Cela
dit, l'Etat est une personne morale et par consequent, le principe de l'unite
d'action lui est reconnu. Autrement dit, les actions menees par l'autorite
gouvernementale engagent en principe la responsabilite de l'ensemble des
composants de l'Etat. Comme le soulignait le professeur GUGGENHEIM
:
g L'Etat agit pour un ensemble d'individus qui lui
sont attribues. A leur tour, les violations des droits commises par les
individus5 9 peuvent, dans certaines circonstances, engager la
responsabilite de l'Etat et l'exposer, c'esta-dire exposer l'ensemble des
individus qui lui sont rattaches aux sanctions prevues par le droit
international D60.
On ne peut donc pas concevoir l'Etat comme une volonte
generale independante des individus. C'est en tout cas dans cette logique que
s'inscrivent les sanctions politiques.
Or, les sanctions prises par les organes politiques
internationaux61 peuvent avoir des repercussions nocives sur la
population civile de l'Etat vise. En d'autres termes, les sanctions politiques
peuvent avoir des g consequences nefastes(...) pour la jouissance des droits de
l'homme N. Ainsi, se cree en effet paradoxal. Autrement dit, les sanctions
editees en vue de mettre fin a une situation de violation des droits de l'homme
se posent comme instruments de violation desdits droits. C'est dire que d'une
part, elles mettent effectivement un terme aux violations des droits de l'homme
et contribuent par là me-me au maintien de la paix et de la
securite internationales (Chapitre I) ; Mais d'autre part, elles creent,
parfois a la suite d'une bréve periode d'apaisement, un climat
deletére a l'interieur duquel les
5 9 Les representants
legitimes de l'Etat.
60 Voir GUGGENHEIM Paul, *
Les principes de droit international public *, RCADI, I, 1 952,
P.82.
61 Dans le cadre de cette
etude, il est question de l'Organisation des Nations Unies, des organisations
regionales ainsi que des Etats.
droits de l'homme sont bafoués (Chapitre II).
C'est dans ce sens qu'est compris le qualificatif g a double tranchant D
indexé aux sanctions politiques dans le cadre de cette
étude.
CHAPITRE I : UNE DUALITE TYPOLOGIQUE DES SANCTIONS
POLITIQUES DANS L'OPTIQUE DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE
INTERNATIONALES
Les decisions de sanction prises par les organes
politiques internationaux tirent leur base juridique soit directement de la
Charte des Nations Unies62, soit indirectement du droit derive de la
Charte63, soit encore de facon presumee de la legalite
internationale64. A ce titre, les sanctions politiques ne souffrent
d'aucune illiceite.
Dans le cadre de notre etude, il s'agit des actions
coercitives violentes ou non-violentes prises contre les violations des droits
de l'homme en vue de maintenir la paix et la sécurité
internationales. Elles sont imposées par les organisations
internationales (section 1) ou prises par les Etats (section 2).
62 Le cas du Conseil de
sécurité qui fonde ses actions coercitives sur le chapitre VII de
la Charte.
63 Etant entendu les
resolutions ou recommandations du CSNU qui conférent aux Etats ou
organisations regionales le pouvoir de sanction sur la base de l'article 53,
paragraphe 1, de la Charte.
64 Voir dans ce cas le Projet
d'articles sur la responsabilité des Etats pour fait internationalement
illicite, troisiéme partie, chapitre 2, intitulé a contre-mesure
*.
SECTION 1 : LES SANCTIONS AUX VIOLATIONS DES DROITS DE
L'HOMME PRISES PAR LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
Plusieurs organisations internationales veillent au
respect des droits de l'homme et, le cas echeant, mettent en oeuvre des
sanctions dans le but de mettre fin aux violations de ceux-ci. C'est le cas de
l'Organisation des Nations Unies qui detient la responsabilite principale en
matiere de sauvegarde de la paix et de la securite internationales (paragraphe
1). C'est aussi le cas des organismes regionaux ou crees g en vertu d'accords
regionaux p65, a condition que g ces accords ou ces organismes et
leurs activites soient compatibles avec les buts et les principes des Nations
Unies ))66 (paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : Les sanctions imposees par l'Organisation
des Nations Unies
La reference au chapitre VII de la Charte des Nations
Unies justifie les actions coercitives adoptees par les organes politiques de
l'ONU67. Pendant la periode de la guerre froide , l'antagonisme
entre l'Est et l'Ouest n'a pas permis une reelle mise en application du systeme
de securite collective prevu dans la Charte. Des la fin de l'antagonisme, les
references au chapitre VII se sont multipliees68. C'est dans cette
perspective que le Professeur DUPUY a pu ecrire qu' g on n'est passe d'une
exploitation minimale du chapitre VII, heritee de la periode post-glaciaire
d'entente reduite entre les grands, a une sorte de surchauffe du systeme de
securite collective D69.
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