Paragraphe 2 : La dépendance des populations
assistées et les autres dérives.
Notre analyse à ce niveau consistera à montrer
que, parce que l'aide d'urgence se prolonge, elle crée vis-à-vis
de la personne secourue une sorte de dépendance de l'aide le plongeant
dans un assistanat perpétuel (A). A côté de cela, parce que
très peu aisé à conceptualiser, nous évoquerons les
autres dérives de l'aide d'urgence prolongée (B).
A- La dépendance des populations sinistrées :
conséquence de la perpétuation de
l'aide d'urgence.
L'aide internationale constitue d'importantes sources de
financement pour les pays touchés par une catastrophe. Elle
représente souvent l'unique solution dans pareil contexte.
Malheureusement, elle peut contribuer à accentuer « la
politique de la main tendue » des pays du sud132. En
effet, méme si dans les conditions d'extrême misère et en
l'absence de politique nationale cohérente et structurée l'aide
internationale est souvent la solution privilégiée, on peut
déplorer le fait qu'elle crée à long terme une
dépendance en générant au fil du temps une sorte de
fatalisme et une logique d'assistance dommageables. Cette aide pourrait
alors
130 En effet, selon la (4ème) Convention de
Genève de 1949, les troupes d'occupation ont l'obligation de prendre en
charge la population civile de la zone qu'ils occupent. Ce sont cependant
souvent des organisations humanitaires qui se chargent de cette tàhe et
qui en libèrent ainsi les occupants.
131 D'anciens soldats à la retraite servaient de
chauffeurs pour les organisations. Ces mêmes soldats qui, quelques
années auparavant, les rendaient victimes de violences. Tous ces
paramètres sont autant de difficultés pour gérer l'aide de
manière efficace et durable.
132 Ces pays se reposant généralement sur l'aide
des pays occidentaux et sur l'aide internationale.
L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami
indonésien de 2004 et du Séisme haïtien de 2010
renforcer le désengagement des gouvernements
vis-à-vis du bien être et du développement des populations
desquelles ils sont responsables. Les humanitaires ne sont pas là pour
se substituer aux Etats, mais pour les accompagner. Action contre la Faim l'a
sans doute compris dans le cas de Haïti133 en tentant depuis
plusieurs années de mettre en place des programmes impliquant et
mobilisant le plus possible les communautés autour des projets d'aide.
Ceci dans le but de pérenniser l'action en transmettant des
connaissances et des compétences134.
B- les autres dérives de l'action humanitaire
prolongée
Nous avons cité jusqu'à présent un grand
nombre de limites de l'aide humanitaire prolongée. Dans les exemples que
nous avons traités, d'autres abus importants mais plus difficiles
à généraliser à un point de vue global peuvent
naître. Dans le cadre du raz-de-marée par exemple, on a vu la
présence de scientologues ou de fanatiques religieux qui recrutent un
nombre impressionnant de nouveaux adhérents en leur apportant un soutien
momentané ou un peu de nourriture. Par ailleurs, des sites internet
frauduleux et sans scrupules n'ont pas hésité à utiliser
les emblèmes du CICR pour demander des fonds. D'autres containers de
matériel douteux sont arrivés sur place soi-disant pour des
raisons humanitaires.
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