A- La mobilisation des acteurs clallITXelASTAlWYMRQ
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Il n'aura en réalité fallu que quelques heures,
lors du Tsunami indonésien et du séisme haïtien, pour que
soient activés des centres opérationnels d'urgence
(Sociétés Nationales de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge).
Des cellules de crises sont mises sur pieds, associant plus ou moins des cadres
nationaux du secourisme. Nous notons à titre d'exemple dans le cas du
Tsunami, la mission assurée avec dévouement par de jeunes
équipiers bénévoles originaires d'une vingtaine de
départements, mission qui a permis d'entourer les enfants et les adultes
choqués et traumatisés par le sinistre. L'urgence impose en effet
une réponse immédiate ; dans ce sens, tous les opérateurs
humanitaires, les gouvernements, les agences
78 Jean François MATTEI, DECENt, p.
50.
79Le développement exponentiel de nouvelles
technologies de l'information et de la communication hisse les médias
à un rang considérable des interventions humanitaires, par le
fait même du rôle détermine(a)nt qu'ils jouent dans ces
crises.
L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami
indonésien de 2004 et du Séisme haïtien de 2010
internationales compétentes en Europe et sur les autres
continents, déclenchaient leurs procédures d'intervention rapide.
Un véritable fourmillement, cartes de la région à l'appui,
électrisaient les sièges nationaux des grands opérateurs
de la solidarité internationale pour réunir les moyens
logistiques, trouver les possibilités de transférer du
matériel, mobiliser les volontaires afin de porter secours à des
victimes déjà chiffrées à plusieurs dizaines de
milliers. Et cela sous la pression croissante d'une opinion qui, après
la stupeur devant le déferlement en boucle des premières images,
voit dans l'humanitaire, la nécessité ultime de conjurer
l'impensable (l'urgence guide toute action). En Indonésie, dès le
26 décembre et après que le gouvernement s'est résolu
à lancer un appel à la solidarité internationale, une
Equipe de Réponse aux Urgences humanitaires (ERU) a atterrit à
Medan sur l'ile de Sumatra. La cellule téléphonique du centre
opérationnel d''urgence a été prise d'assaut, le site
internet de l'association a littéralement explosé. Les appels ont
inondé le standard, pour faire un don, aider s'informer, comprendre,
voire simplement pour parler80. Pendant prés d'un mois et
week-ends inclus, les associations humanitaires de
référence81 ont accueilli toute la compassion qui
s'est emparée de ces pays82.
En Haïti aussi, une mécanique de réponse
à l'urgence s'est mise en marche. La Croix-Rouge française a
mobilisé toutes ses capacités humaines et matérielles.
Cinq Equipes de Réponses aux Urgences (ERU), soit 93 équipiers
spécialisés en santé, eau/assainissement et distribution,
ont été mobilisés durant près de 4 mois avant que
ne débute tout le travail de post-urgence. À ce jour, 32
délégués en mission internationale sont toujours
présents sur le terrain, appuyés par près de 250
collaborateurs nationaux83. En dehors de la présence des ONG
locales déjà très nombreuses, nous notons aussi dans le
cas d'Haïti, la forte implication des organisations Onusiennes.
L'équation logistique, infiniment difficile à résoudre a
facilité dans les cas haïtien84 et indonésien, un
afflux massif de secours, émanant de forces armées
80 Jean François MATTEI, Op Cit, p.
33.
81 Médecins Sans Frontières, Handicap
International, Action Contre la Faim, Médecins du Monde,
Solidarités qui devient Solidarités International, Agence d'Aide
à la Coopération Technique Et au Développement
(ACTED),Première Urgence, Aide Médicale Internationale, Care
France, Secours Islamique, Triangle, Comité d'Aide Médicale, etc.
D'autres organisations caritatives agissent dans le domaine humanitaire : la
Croix Rouge Française, le Secours Catholique, le Secours Populaire,
etc.
82 Nous parlons dans un cadre général des pays qui
ont été touchés par le Tsunami.
83 Il s'agit de la plus importante mobilisation de la
Croix-Rouge française à l'international.
84 La France a colonisé Haïti jusqu'en
1804 où ce pays obtenait son indépendance après une
révolte d'esclaves. Soutenu par les États Unis, Paris imposera un
embargo militaire pour obliger Haïti à lui payer des
réparations pour la libération des esclaves ! Port-au-Prince
emprunta auprès de l'étranger pour payer. La dette fit
soldée en 1947 par un dernier emprunt aux États-Unis !De son
côté, les États-Unis ne reconnurent pas
l'indépendance d'Haïti par crainte des répercussions d'une
telle décision sur la situation interne avec ses millions d'esclaves.
L'embargo américain sera maintenu jusqu'en 1863. En 1915, le
président Wilson envoie des troupes pour mater une révolte
d'haïtiens. Jusqu'en 1934, les Américains contrôleront le
pays, percevant les droits de douane,
L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami
indonésien de 2004 et du Séisme haïtien de 2010
étrangère, notamment française et
américaine. Une communion s'est donc créée autour de ces
catastrophes dans l'optique, pour parler comme Jean François MATTEI, de
donner une réponse humanitaire sans délai. Le rôle des
médias dans ce sens est d'un apport indéniable.
B- Le rôle des médias dans la
mobilisation en Indonésie et en HaïtiLes
médias, qu'ils soient publics, privés, confessionnels ou
associatifs, remplissent
généralement un ensemble de fonctions classiques,
répertoriées depuis longtemps par les chercheurs et
spécialistes85.
Dans l'urgence, le rôle des médias a
été déterminant (tant en Haïti qu'en
Indonésie) dans ce processus de type cathartique, relayant la puissance
sensationnelle des images qui abondaient dans les rédactions. A la
manière des « prêtres modernes»86, ils ont
orchestré l'élan de générosité. Non
seulement ils furent fournisseurs d'émotions, mais certains d'entre eux
se sont également posés en acteurs directs de l'engagement
humanitaire, lançant euxmémes des souscriptions, des
partenariats, des parrainages. Ils ont incarné dans l'urgence, un
rôle de prescripteurs comme jamais auparavant. Cette hypertrophie de la
fonction médiatique eut naturellement des effets très
bénéfiques. Les organisations humanitaires eurent la chance
exceptionnelle de pouvoir s'appuyer sur des leviers de solidarité
irremplaçables que furent les spots diffusés gratuitement par les
grandes chaines de télévision et de radio et bien d'autres
supports, si nombreux qu'il est impossible de les citer tous. C'est dans
l'urgence que tout est réalisé. Et cette mobilisation
médiatique a fonctionné comme un inimaginable amplificateur d'une
générosité dont les associations humanitaires ont
été les récepteurs87.
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