B- La responsabilité de protéger et la prise
en compte de la reconstruction
Le rapport publié par la Commission internationale de
l'intervention et de la souveraineté des Etats porte sur la question du
« Droit d'intervention humanitaire »76, plus connu sous le
vocable de « la responsabilité de protéger
»77. Cette responsabilité intègre les aspects
aussi bien de l'urgence que ceux de la reconstruction. En effet, dans ce
rapport de la commission et contrairement aux textes ci-dessus
évoqués, une place de choix a été accordée
au volet de la reconstruction. Notamment dans le point 5 qui traite
essentiellement de la « responsabilité de reconstruire
». Cette responsabilité met en exergue les obligations
inhérentes aux acteurs humanitaires après l'intervention
d'urgence. Il s'agit entre autres de l'obligation de consolidation de la
paix. Le paragraphe 5 alinéa1 mentionne que : « la
responsabilité de protéger implique non seulement la
responsabilité de prévenir et de réagir, mais aussi celle
de compléter la réaction et de reconstruire (i) ». Pour
atteindre cet objectif, un financement conséquent s'avère
nécessaire, ainsi qu'une collaboration avec la population locale.
L'alinéa 4 du meme paragraphe précise par ailleurs que,
« le meilleur moyen de parvenir à une vraie
réconciliation c'est d'oeuvrer à la reconstruction ».
Trois domaines fondamentaux guident en effet cette responsabilité. A
savoir la sécurité, la justice et le développement. Il
faut noter dans un cadre général que, la responsabilité de
reconstruire demeure soumise au principe de subsidiarité. En effet,
l'application de la responsabilité de protéger fait face à
des défis considérables, au premier titre desquels la
présence de l'indispensable volonté politique et d'un consensus
international. D'autres écueils comme, le manque de moyens et le manque
de capacités des acteurs existent.
En dépit des avancées que proposent ces
différents textes, nous nous rendons à l'évidence que, la
reconstruction continue d'occuper un rôle second dans le champ de
l'action humanitaire.
76 Mario BETTATI, professeur de droit international
public à l'Université Paris II, et de Bernard KOUCHNER, homme
politique français qui fut l'un des fondateurs de Médecins sans
frontières. Ils voulaient s'opposer, selon l'expression du second,
à "la théorie archaïque de la souveraineté des Etats,
sacralisée en protection des massacres".
77 Le concept de Responsabilité de
protéger est apparu en 2002, dans le sillage du rapport Brahimi sur les
opérations de paix. La Commission internationale de l'intervention et de
la souveraineté des Etats, créée à l'initiative du
Canada et d'un groupe de grandes fondations, délivre alors un rapport
sur le principe et les modalités de la Responsabilité de
protéger (rapport Evans-Sahnoun). Les conclusions de cette
réflexion majeure seront reprises, en 2005, par le rapport du Groupe de
Haut Niveau sur les menaces, les défis et le changement, ainsi que par
le Secrétaire général, dans le contexte de la
réforme des Nations Unies.
L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami
indonésien de 2004 et du Séisme haïtien de 2010
Section 2 : Le déploiement institutionnel
humanitaire et la mobilisation en Indonésie et en Haïti au
service de l'urgence.
Les crises indonésienne et haïtienne ont la
particularité d'avoir en commun (du fait d'avoir occasionné
plusieurs pertes en vies humaines et matérielles) suscité une
déferlante planétaire de générosité à
travers une mobilisation sans précédent, qui a drainé avec
elle une quantité importante de dons et promesses de dons pour la
gestion de l'urgence (Paragraphe1). Il faut noter cependant que lorsque
celle-ci se prolonge, d'autres crises sont susceptibles de voir le jour
(Paragraphe2).
Paragraphe 1 : La mobilisation des acteurs classiques
de l'action humanitaire et celle des médias.
À événement exceptionnel, réaction
exceptionnelle. Les tragédies du 26 décembre
2004 et du 12 janvier 2010 ont soulevé une contre-vague
émotionnelle d'une ampleur inouïe. « L'émotion
mondialisée a convoqué l'humanitaire au chevet des victimes
»78 : Organisations internationales et associations, Etats et
forces armées, Organisations Non Gouvernementales se sont grandement
mobilisés ; à cela s'ajoute la présence massive des
médias et des donnateurs privés qui sont considérés
de plus en plus aujourd'hui comme des acteurs clés de
l'humanitaire79. L'urgence a été en effet une
priorité tant pour les organisations humanitaires classiques (A) que
pour les médias (B).
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