Paragraphe 2 : Un afflux massif des dons en
Indonésie et en Haïti pour l'urgence
Dans les premiers mois qui ont suivi les catastrophes
indonésiennes et haïtienne, la population sinistrée et la
communauté internationale vivent au rythme des images cauchemardesques
qui inondent le petit écran. L'objectif étant de susciter un
élan de générosité et ce dans les plus brefs
délais. D'un seul élan, l'ensemble de la société
était à pied d'oeuvre. ONG, entreprises,
fédérations associatives, pouvoirs publics... tout le monde s'y
est
collectant les impôts et dirigeant de nombreuses
institutions gouvernementales. De 1957 à 1986, Haïti connaît
les dictatures de «Papa Doc» Duvalier et de son fils «Baby
Doc», soutenus économiquement et militairement par les
Américains. Durant ces deux périodes, les USA mirent directement
ou indirectement le pays en coupe réglée.
85 Information : recherche, traitement, diffusion
de l'information et expression d'opinion Économique : lieu de mise en
valeur des biens et services, intermédiaire entre offreurs et demandeur:
c'est par les médias qu'on reçoit l'essentiel des informations
sur la vie sociale et politique. Ils influencent aussi le comportement de
l'individu, qui tend à s'identifier au public ; fonction
idéologique : influencer la manière de penser des individus en
vue de maintenir ou renverser les structures sociales existantes.
86 Jean François MATTEI, « l'urgence
humanitaire et après » Op Cit p. 45.
87 Ibid.
L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami
indonésien de 2004 et du Séisme haïtien de 2010
mis. En Indonésie parce que débordés par
l'afflux massif des dons, MSF estiment qu'ils en ont trop reçu pour la
gestion de l'urgence et lancent un appel à l'arrêt de ceux-ci (A).
En Haïti, par le biais de l'ONU, une interpellation constante de la
communauté internationale de continuer à se mobiliser pour
l'urgence est lancée(B).
A- La collecte des dons pour le Tsunami en Indonésie
: quelles limites à la générosité88 ?
Quelles limites à la générosité ?
S'interroge Jean François MATTEI. De façon plus claire,
jusqu'où va l'engagement humanitaire et l'aide apportée à
une population sinistrée ? Il a été clairement
établi que, les crises indonésienne et haïtienne ont permis
de rassembler des sommes importantes pour subvenir aux besoins des populations
sinistrées. Evoquons en passant quelques chiffres, pour montrer
l'importance des dons qui ont été collectés. Dans le cas
du Tsunami en Indonésie, un montant de 288 millions d'euros a
été collecté auxquels s'ajoutaient les 3O millions d'euros
issus des financements institutionnels. Une fois les frais de collecte et de
fonctionnement déduits, les sommes dont disposèrent les
trente-deux organismes contrôlés atteignaient 289 millions
d'euros. Soit pour cette seule urgence, plus de deux fois le budget annuel de
MSF France et cinq fois le budget de Médecins du Monde. Dans le monde,
c'est presque 13,6 milliards de dollars qui furent collectés au profit
de la région touchée par le Tsunami, dont 5 milliards issus de
fond privés89.
En 2005, moins de trois semaines après la catastrophe,
MSF90 suspendait son appel aux dons et prévoyait
déjà des réaffectations d'une part des sommes
reçues vers d'autres causes jugées plus prioritaires. Si nous
nous arrêtons sur le mandat qui guide les actions de MSF, à savoir
« agir dans l'urgence », il est justifié de penser comme Jean
François MATTEI que MSF avait raison. En effet, pour ces derniers le
rôle de l'humanitaire se limite à ce niveau. Celui d'apporter dans
un espace temporel et matériel très court, une aide à la
population victime d'une catastrophe. La reconstruction ne relève donc
pas de l'humanitaire mais de la responsabilité des Etats. Par le geste
de Médecins Sans Frontière, la priorité de la gestion de
l'urgence dans le champ humanitaire est réaffirmée. « La
démarche humanitaire
88 Jean François MATTEI, Op. Cit. p.
50.
89 Michel DOUCIN, Les ONG : le contre pouvoir
?, Paris, Toogezer, 2007, p. 136, cité par Pierre MICHELETTI, in
Humanitaire s'Adapter ou renoncer ? (coll. Marabout, 245 p) p.82.
90 Si nous nous attardons sur le cas particulier de
MSF, c'est pour la simple raison que, MSF s'est imposé depuis 30 ans
comme un opérateur humanitaire de référence, dont
l'efficacité et l'expertise ne sont plus à démontrer.
L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami
indonésien de 2004 et du Séisme haïtien de 2010
obéit à une temporalité : celle de
l'émotion immédiate »91. Et le cas haïtien
n'opère pas en ce sens une grande démarcation.
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