Il n'est plus ce qu'il était jusqu'à la fin des
années 1990 ; tant au niveau des méthodes que des voies
d'accès. Certaines innovations et formules financières ont
évolué de façon spectaculaire.
Depuis les années 1960, les transporteurs
aériens finançaient la plus grande partie de leurs
équipement avec leur cash-flow ; leur difficultés
financières croissantes les ont conduits à recourir à plus
d'emprunt qui représente depuis quelque temps jusqu'au 85% du prix
d'acquisition des avions, avec ou sans garantie de l'acquéreur ou de son
Etat, selon la situation financière de ce dernier.
· De son côté le consortium Airbus a
monté un financement parallèle avec la garantie de la
COFACE40 à des taux d'intérêt
privilégiés.
· Pour favoriser les exportations, d'autres institutions
en Europe, similaire à la COFACE, donnent leur caution pour un montant
allant aussi jusqu'à 85% du coût de l'aéronef ; contre
cette garantie, les institutions financières d'Europe, du Japon ou des
EtatsUnis acceptent de financer l'achat.
Dans ce contexte ; les grandes transporteurs aériens,
notamment dans les pays industrialisés ont eu facilement accès
aux marché financiers, privé et public, dans leur pays et dans
les pays voisins pour ce qui est des fonds non garantis, en comptant sur leur
réputation de solvabilité. Ainsi l'appui à l'exportation
restera sans doute une importante source de financement des futures livraisons
d'avions en faveur des compagnies aérienne peu endettées.
Plus récemment, et à défaut de ces fonds
(non garantis), les compagnies aériennes ont recours à des
financements sur actifs, garantis par les appareils livrés ; la
durée de ce financement est habituellement entre 12 et 15 ans l'apport
du préteur -créance prioritaire- est généralement
entre 60 et 80% du coût de l'avion41. Le reste doit être
assuré par le transporteur lui-même ou par un tiers à titre
de part non prioritaire. Les interventions des Etats à ce niveau
étaient modulées suivant la conjoncture et ont joué un
rôle certain, particulièrement pour les Compagnies Nationales en
garantissant les intérêts (en plus des déductions fiscales,
des prêts privilégiés et des subventions en capital).
Quelques fois, la compagnie aérienne et sa direction
donnent des garanties de sérieux et de santé, mais la situation
financière du pays rend difficile le financement ; dans ce cas, il est
conseillé de monter un financement de type hypothécaire en
s'adressant aux assurances pour faire assurer le risque de non
récupération du bien mobilier ; mais on se heurte souvent
à des difficultés à ce niveau (d'assurance du risque).
De plus, comme il s'agit d'une récupération de
page, le problème de la durée se pose,
notamment en cas de
risque politique oü l'assurance n'est obtenue généralement
que pour une
39 Une agence de crédit aux exportations
américaine. Son objectif est de soutenir et d'encourager les
exportations de produits américains vers les différents
marchés mondiaux.
40 Compagnies Française d'Assurance pour le
Commerce Extérieur (assurance des risque autres que commerciaux) Mais en
1994 Airbus Industrie a fondé à Dublin la Société
Airbus Finance Corporation.
41 Dans ce genre de transaction, la créance
prioritaire garantie est répartie parmi les institutions
financière européennes, japonaises et américaines.
période de 3 ans, alors que le financement des avions
est normalement de 12 ans et plus. Pour résoudre ce problème, les
organismes d'aide à l'exportation en Europe et aux E.U. se sont
penchés déjà sur quelques cas concerts (de transporteurs
africains et européens) pour mettre au point une assurance de secours
à la satisfaction de la communauté financière en ce qui
concerne la récupération des biens.
Une autre formule est largement développée dans
la construction aéronautique, celle du leasing, contrat de
crédit-bail à l'issue duquel les compagnies ont la
possibilité de résilier le contrat ou d'en signer un nouveau, ou
d'acheter d'appareil. « Cette formule permet un crédit à 100
% et à terme extensible tout en étant peu couteux grace au
crédit d'impôt qui ramène les frais financiers à 4
ou 5% l'an aux Etats-Unis par exemple »42. Ainsi, depuis les
années 80, se sont développés des groupes financiers qui
achètent des avions pour les louer en leasing aux transporteurs
aériens, mais ne transportent pas eux-mêmes43.
C'est ainsi que dans les décennies 80, les grands
transporteurs nationaux, notamment aux E.U. et Europe ont été
nombreux à conclure des accords de leasing comportant des avantage
fiscaux qui réduisent les computs du financement ; mais la loi «
Pickle » votée par le Congés américain a
considérablement limité les avantages fiscaux auxquels peuvent
prétendre les transporteurs non américains. Pour cela, plusieurs
autres pays ont pris la relève.
En somme chacune de ces formules de financement comporte des
limites et la plupart des transporteurs aériens sous capitalisés
ou sur endettés n'y accèdent plus.
2.1.1.2.2. Les limites des formules en place
:
Ces limites découlent du fait que les investissements
et les organismes de prêt prenaient en considération, notamment
depuis la seconde moitié des années 80, les avions commerciaux
comme actifs mobiliers ; ces actifs ne se dépréciaient pas et
leur revente pouvait presque toujours procurer un bénéfice
comptable ; l'avion proprement dit constituait la principale garantie tandis
que les résultats financiers de l'exploitant, avaient une importance
secondaire.
42 Pierre Bachelet in « Le Transport
Aérien International dans l'Economie Mondiale », P. 312, op.
cit.
43 OACI, Journal juillet : août 1993, vol
48, n°6, p.12 op. cit. (Ces groupes sont appelés « compagnies
fantômes » dont les plus importants sont : GPA group (Guiness Peat
Aviation group) d'Irlande avec 410 avions en 1992, GECC (General Electric
Capital Corporation) et Polaris Aircraft leasing corp. Des USA avec 378 avions
et International Lease Finance Corporation des USA également avec 190
avions et Ansett Worldwide. A la fin de 1992, près de 50
sociétés de location à bail étaient
propriétaire de quelques 1800 avions à réaction
commerciaux d'une valeur d'ordre de US$ 30 milliards. Rappelons qu'au milieu de
1992, 40% de la valeur totale de la flotte mondiale d'avions à
réaction «étaient loués de bail : » les avions
à fuselage étroit qui sont en location comptent pour environ la
moitié, en valeur, de la flotte mondiale de ce type d'appareils, alors
que les avions à fuselage large qui sont location, représentent
environ un tiers du total).
Or, entre temps, le climat à changer, la
récession et la surcapacité ont entrainé une
dépréciation des avions, notamment les plus anciens
classés dans la catégorie « stage 244 » qui
sont également les plus bruyants ; « ils ont perdu, rappelons-le,
en moyenne 46% de leur valeur entre 1989 et 1991 ». Les avions modernes
classé dans la catégorie « stage 3 » n'ont perdu que 7%
de leur valeur pour les appareils à fuselage étroit et 6% pour
les gros porteurs. Depuis 1991, cette baisse se situe entre -20% et -50% selon
le type d'avion.
L'enjeu est de taille car d'une part les politiques
axées sur l'investissement offrent moins de latitude qu'il ne semble
à première vue et d'autre part, l'exploitation du matériel
ancien risque de couter plus cher tout en étant moins performant. Aussi
la plupart des compagnies aériennes n'ont pas de grandes
possibilités financières pour acheter les nouveaux avions
(revenant cher) et toute nouvelles acquisition alourdirait le poids de la dette
quand l'accès aux crédits est possible.
De plus, les sociétés de leasing,
éprouvent des difficultés à revendre leurs avions en
surnombre sur les marchés de l'occasion. Enfin, le désengagement
progressif des Etats à l'égard de leurs compagnies
aériennes nationales n'est pas sans de nouveaux problèmes de
financement dont la solution réside dans la recherche de nouvelles
sources (de financement).