Conclusion du premier chapitre :
Nous avons essayé dans ce premier chapitre, de
présenter les différentes littératures économiques
relatives aux taux de change, à travers les deux familles d'approches
qui ont été élaborées, pour tenter d'expliquer
l'instabilité du taux de change, à savoir l'approche de
surréaction et l'approche psychologique du change. Une
instabilité qui liée conjointement au risque de change, oblige
les spécialistes dans la finance internationale, d'identifier ce risque
et le mesurer dans toutes les opérations de marché. En effet,
plusieurs facteurs tels que l'internationalisation croissante des entreprises,
et la concurrence qui pèse sur les marges, poussent les entreprises
à renforcer l'importance que prend la gestion du risque de change
L`hégémonie de certaines grandes entreprises
dans ce domaines, leurs grandes expériences dans les métiers
qu'ils font ainsi que la confiance (parfois aveugle) et la complicité
des banques marocaines avec ces entreprises constituent des facteurs
d'handicapes pour les petites et moyennes entreprises marocaines exportatrices
ou importatrices des biens et services qui désirent avoir recours aux
services de ces banques dans le cadre de leurs gestion du risque de change.
Malgré la diversité et l'évolution constante de la
législation dans ce sens, il existe plusieurs contraintes lié par
exemple, au chiffre d'affaire de l'entreprise à l'international,
à la taille de l'entreprise, à la nature de son
activité... qui sont fixé par les banques pour décourager
les PME à recourir à leur service dans ce sens.
Dans une deuxième section, on a introduit les
séries temporelles, en vue de permettre au lecteur une meilleure
compréhension à la méthodologie de Box et Jenkins.
Dans le chapitre qui suit, il sera consacré à la
présentation du secteur de transport aérien international, avec
tous ses enjeux, et ses options stratégiques, en particulier pour les
compagnies aériennes d'Afrique et des Pays Arabes, dont Royal Air Maroc.
Ensuite on parlera sur les stratégies nécessaires qui doivent
découler de leur vision du futur en rapport avec leurs missions de
service public.
Chapitre 2:
Analyse du secteur de transport aérien :
enjeux et stratégies financières
Introduction du deuxième chapitre :
La crise dans laquelle se trouve le transport aérien
international partout dans le monde n'échappe à personne.
Déjà depuis 2007, ce secteur enregistre globalement des
résultats financiers négatifs. Certaines compagnies connaissent
des difficultés financières considérables ; d'autres
encore se sont alliées pour survivre et devenir rentables.
Certains observateurs moins avisés pensent qu'il s'agit
d'une crise conjoncturelle, liée à la crise financière en
2008, et à l'augmentation authentique du prix de pétrole qui l'a
suivie. En fait il n'en est pas ainsi et l'on ne doit pas attendre que les
équilibres se rétablissent d'eux-mêmes. Il s'agit
plutôt d'une mutation de l'industrie ou tout se globalise et se
mondialise : la finance, les marchés, les alliances, les
télécommunications...
Cette globalisation affecte de plus en plus les compagnies
aériennes des plus grandes aux plus petites, protégées et
non protégées, sur les marchés internationaux de transport
aérien. Elle a pour effet de laisser prévaloir la loi du plus
fort ; et, au-delà des contraintes subies par les directions des
compagnies aériennes et leurs partenaires sociaux (salariés et
actionnaires) ainsi que par les systèmes aéroportuaires et les
clients eux-mêmes, ces effets montrent que quel que soit le
système libéral à mettre en place (bilatéral ou
multilatéral) le transport aérien devient bel et bien un
oligopole plus efficace que l'ancien
Dans ce présent chapitre nous nous intéresserons
au secteur du transport aérien international. Tout d'abord, on va
présenter les différents enjeux (financiers, juridico-politiques,
sociaux commerciaux) de ce secteur et en particulier les compagnies
aériennes d'Afrique et des Pays Arabes dont Royal Air Maroc. Ensuite
dans une deuxième section on posera la question : Quelle option
stratégique pour les compagnies aériennes nationale ? A cet
effet, nous allons tracer les stratégies nécessaires qui doivent
résulter de leur vision du futur en rapport avec leurs missions de
service public.
2.1. Les enjeux pour les compagnies aériennes
nationales :
L'évolution récente du transport aérien
international comporte des enjeux considérables dans le futur, notamment
pour les compagnies aériennes nationales des pays de notre
région, et cela à plusieurs titres :
- Sur le plan technologique, les enjeux sont d'ordre financier
autant qu'ils le sont d'ordre commercial, à cause d'une part de la
maitrise des technologies avancées par certains transporteurs
aériens des pays industriels du Nord, et d'autre part des
investissements devenus indispensables au niveau de la flotte « avion
» et des équipements sol.
- Sur le plan réglementaire, la protection des
compagnies aériennes nationales par un bilatéralisme de plus en
plus dépassé par le jeu des forces des marches, et la
nécessite d'harmoniser les intéréts des parties en
présences, font que les enjeux sont d'ordre juridico-politique, social
et surtout géopolitique, étant donné les nouvelles formes
de concurrence et de coopération qui en résultent.
- Sur le plan économique, les nouvelles données
structurelles du secteur représentent également des enjeux
d'ordre commercial et financier.
L'étude de tous ces enjeux fera l'objet du
développement suivant en trois sections :
- Les enjeux financiers
- Les enjeux sociaux et juridico-politiques - Les enjeux
commerciaux
2.1.1. Les enjeux financiers :
Ces enjeux sont liés principalement aux trois faits
suivants :
- La viabilité financière future du transport
aérien en général et des compagnies surendettées en
particuliers.
- L'accès de marchés des capitaux des compagnies
aériennes les plus endettés notamment celles des pays du Tiers
Monde, devient problématique.
- Et le désengagement des Etats à l'égard de
leurs compagnies aériennes nationales.
Chacun de ces trois faits sera analysé en sous-section
pour faire ressortir les enjeux pour ces compagnies.
2.1.1.1.La viabilité financière du
transport aérien :
Des inquiétudes se sont déjà
manifestées en ce qui concerne cette viabilité, car la plupart
des compagnies aériennes sont en proie à une crise
financière prolongée. Les besoins de financement sont de plus en
plus importants et restent liés notamment aux trois facteurs suivants
:
- Le seuil de rentabilité
- L'étroitesse des marges bénéficiaires
- Et l'importance des investissements trop capitalistiques
(à fort taux de capitaux fixes).
2.1.1.1.1. Le seuil de rentabilité :
Sur les lignes régulières internationales, ce
seuil a probablement atteint ses limites ; il est passé de 60% en 1985
à 67% en 1990 à cause, de l'augmentation globale des couts
d'exploitation (sans possibilité pour les compagnies aériennes
d'augmenter en moyenne suffisamment leurs tarifs).
Cependant, les compagnies aériennes qui ne peuvent plus
réduire ces couts par une productivité
supérieure30 sont dans l'impossibilité d'adapter le
coefficient de remplissage31 au seuil de rentabilité sans
qu'il y ait des répercussions sur les contraintes en matière de
services imposés (aux compagnies aériennes)32.
2.1.1.1.2. L'étroitesse des marges :
On sait que le transport aérien est devenu une
industrie à faibles marges ; de plus le mouvement de
libéralisation réglementaire qu'il connait dans le temps et dans
l'espace, ne fait que conduire à des abaissements progressifs de tarifs
aériens pendant que les nouvelles structures de marché
aérien dans les pays industrialisés ( Amérique du Nord et
Europe par exemple) ne permettent pas de répondre à la demande
par une offre ajustée ; car les compagnies ont privilégié
l'effet volume pour conquérir des parts de marché plus grands et
faire disparaitre à terme leurs concurrents après avoir
fidélisé leur clientèle.
30 C'est-à-dire quand elles n'ont pas atteint
le plafond de productivité possible.
31 Rappelons qu'en 1992, ce coefficient s'est maintenu
à 66% sur les services régulières internationaux alors que
celui de l'ensemble des lignes régulières dans le monde s'est
amélioré d'un moins (CR = 67 %).
32 Compte tenu notamment du problème des «
no shows » (c-à-d des passagers qui réservent leur place et
qui ne se présentent pas à l'embarquement), et des questions de
gestion de capacités.
Par ailleurs, on s'interdit en principe un retour à une
vérité des prix, sinon on remettrait en cause la croissance de la
demande d'une nouvelle clientèle (essentiellement de jeunes, des
familles etc...) pour laquelle les tarifs promotionnels sont attractifs.
Tous ces éléments font que l'amélioration
des marges d'exploitations est délicate à réaliser sans
progrès dans les coefficients de remplissage et dans la maitrise des
couts.
2.1.1.1.3. L'importance des investissements :
Qu'il s'agisse de l'ensemble des transporteurs aériens ou
des petites compagnies, l'enjeu des investissements en avions est
considérable.
2.1.1.1.3.1. Les besoins de l'ensemble de l'industrie
:
La plupart des experts, prévoient des augmentations
notables des dépenses en capital si les transporteurs aériens
procèdent effectivement aux achats d'avions à grande
échelle, attendus dans les deux prochaines décennies.
Par exemple, en partant de l'hypothèse que les
appareils anciens seront réformés et que l'expansion des
capacités permettra de faire face à la croissance attendus de la
demande de voyage aériens, « Boeing estime que près de
12.000 avions devront être livrés entre 1991 et 2010 pour un
coût total de 857 milliards US$, basé sur la valeur du dollar en
1992 ». Des chiffres comparables ont été avancés par
l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) (800 milliards US$)
qui estime que 11.000 avions à réactions commerciaux seront
livrés aux compagnies aériennes et aux sociétés de
location au cours de la même période33.
L'OACI prévoit également que 70% des
acquisitions serviront à répondre à la croissance du
trafic34, tandis que 30%% serviront à remplacer des appareils
anciens35. Aussi ce sont les avions de grande capacité qui
devrait connaitre les plus fortes progressions notamment les avions de plus de
400 places.
En revanche, les avions de 100 places devraient connaitre la plus
faible progression avec seulement 12% entre 1990 et 2010.
33 D'après Mc Donnel - Douglas, les
prévisions de commandes jusqu'au 2010 sont plus favorables, puisque le
taux de croissance des livraisons d'avions à réaction commerciaux
devrait s'accroitre (entre 1990 et 2010) à raison de 6,2% pour atteindre
17.000 avions ; quelques 40% de ces avions seront exploités par les
transporteurs
34 Rappelons que le trafic « passagers »
devait avoir doublé d'ici l'an 2005.
35 Etude OCDE in «Le transport aérien
international, les enjeux de Demain» p. 17, op. cit.
En conséquence, un effort d'investissement sans
précédent, comme celui précité, risque de
compromettre la situation financière de certains transporteurs.
Compte tenu de cette situation, on pourrait se demander si les
prévisions d'achat d'appareils, avancées par les experts ne sont
pas trop optimistes.
Non seulement les compagnies aériennes n'ont pas la
capacité financière suffisante pour acquérir les appareils
nouveaux à une telle échelle, mais elles seront fortement
incitées à ralentir l'expansion des capacités en vue
d'améliorer leurs coefficients de remplissage audessus du seuil de
rentabilité.
Il apparait très probable également qu'un
certain nombre de transporteurs, financièrement vulnérables,
seront forcés de quitter le secteur. Il en résulterait une
amélioration de la situation financière globale des transporteurs
survivants.
Etant donné que la demande va continuer à
s'accroitre, le ralentissement de l'augmentation des capacités devrait
avoir une influence positive sur les recettes des transporteurs restants ; les
recettes unitaires pourraient effectivement demeure constantes en valeur
réelle ou même augmenter légèrement au cours de la
prochaine décennie.
D'une manière générale, il n'est pas
possible de dire, à priori, si le transport aérien dans son
ensemble verra sa situation financière s'améliorer dans les dix
prochaines années. Cela dépendra principalement de la
manière dont les contraintes qui pèsent sur l'industrie seront
abordées, de la façon dont le régime réglementaire
évoluera, de la rapidité avec la quelle les compagnies
aériennes s'ajusteront à cet environnement nouveau et des
caractéristiques de la structure industrielle qui prévaudra dans
le secteur.
Bien que certains transporteurs qui se sont déjà
ajustés à un environnement plus compétitif puissent se
trouver en mesure de réaliser des bénéfices importants au
cours de leur mauvaise situation financière actuelle et du douloureux
processus d'ajustement par lequel ils devront passer. D'autres encore devront
abandonner le secteur.
Plus concrètement, il n'est pas exclu que les grands
transporteurs aériens des Etats-Unis, qui ont survécu à la
déréglementation de leur marché intérieur dont ils
tirent aujourd'hui avantage, ainsi que la plupart des compagnies
aériennes asiatiques le plus efficientes, seront bien placées
pour accroitre leur part du trafic aérien international et
améliorer leur situation financière. Les transporteurs
européens quant à eux, détiennent une plus grande part de
ce
marché ; mais fragilisés dans leur majorité,
ils doivent poursuivre une restructuration financière difficile.
Cependant, une fois le processus d'ajustement terminé, la
situation financière des compagnies survivantes pourrait être
relativement saine.
Dans ce processus, le cas des transporteurs aérien des
pays du tiers monde (notamment l'Afrique et les Pays Arabes) serait le plus
inquiétant à plusieurs titres et surtout au niveau du financement
des avions dont le coût hypothèque gravement le renouvellement de
leurs flottes, et une mauvaise gestion du risque de change lié a ce
financement, qui ne cesse d'aggraver la situation financière de ces
compagnies en général et de Royal Air Maroc en particulier.
2.1.1.1.3.2. I HEIRII IIIP SDTQW1KIHM435$
IMMIENE1131 V$ UEIs :
Certains changements majeurs intervenus depuis les
années 2000 (résolution A23-10 de l'OACI sur les normes
acoustiques, adoption du MLS comme système de navigation à partir
des années 2005) vont obliger les compagnies aériennes à
renouveler leurs flottes non seulement pour être économiquement
viables, mais également pour satisfaire les besoins écologiques
qui s'expriment de plus dans les pays développés desservis.
- Cas des compagnies arabes :
Pour les cinq prochaines années, les 16 compagnies
arabes procéderont à la modernisation et à l'expansion de
la flotte civile. Il est ainsi prévu que le nombre des avions de
transport devrait passer de 529 en 2006 à 600 en 2011 pour s'attaquer
aux marchés de longs et moyens courriers36.
- - Cas des compagnies africaines
:
« Ces compagnies sont tributaires de la
réglementation acoustique de l'annexe 16 à la convention de
Chicago, depuis 1e janvier 1990 », affirme Vassiki
Savane37, et ainsi on a dénombré déjà en
1990 :
*102 aéronefs non conforme aux normes acoustiques (de
la réglementation précitée) dont la mise aux normes n'est
pas financièrement viable, en raison du peu de potentiel dont disposent
encore ces avions.
36 CF La vie Touristique, n°513 du 15
octobre 2006, p. 14. Casablanca.
37 Président de la COFAC (commission
Africaine de l'Aviation Civile), communication au colloque ITA de Marrakech
en 1990 sur la libéralisation du transport aérien dans la CEE :
le point de vue des pays voisins, op, cit.
*133 aéronefs non conformes (au chapitre de l'annexe 16
à la convention de Chicago), mais qui pourraient l'être
après transformation pour un prix modique.
*64 avions seulement sont conformes aux chapitre 2 et 3 de la
dite convention. Ce sont des avions récent de type B 747, A 300, B 767,
DC10 et Fokker 28.
La flotte africaine se trouve donc frappée de plein
fouet par ces restrictions acoustiques dont les conséquences sont encore
plus dramatiques depuis le 1er janvier 1993 (la date de mise en
application du 3ème paquet de mesure de libéralisation
du marché européen).
Pour répondre à l'adaptation aux dites normes et
à l'évolution du trafic, la flotte africaine aurait un besoin de
350 avions nouveaux dont 70 gros porteurs entre 1990 et 200638. Cet
investissement nécessite une somme de US$ 17,5 milliards si on prenait
une valeur moyenne de 50 millions US$ par avion.
A cet investissement, il y a lieu d'ajouter 102 avions
correspondants à, 5,2 milliards US$ pour le remplacement des
aéronefs qui ne répondent pas aux normes acoustiques de l'annexe
16 (à la convention de Chicago).
Or, un manque total de ressources financières met ces
compagnies dans une situation très vulnérable avec un avenir
incertain pour lequel l'accès au financement obéirait
dorénavant à un processus différent de celui en vigueur
jusqu'à la fin des années 1990.
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