CONCLUSION GENERALE
Plusieurs travaux théoriques se sont récemment
développés autour de la relation entre le capital humain et la
croissance. Le modèle néoclassique établi par Solow (1956)
en a été le précurseur. Dans ce cadre, la croissance est
le fruit d'un progrès technique exogène. Si durant la
période de transition vers l'état stationnaire, le taux de
croissance du produit par tête est influencé par l'accumulation
des facteurs de production, il devient en revanche constant et
déterminé de manière totalement exogène au
modèle, une fois l'état stationnaire atteint. Cet aspect du
modèle néoclassique a été vivement contesté
par les tenants de la théorie de la croissance endogène. En
particulier, dans des modèles tels que ceux de Lucas (1988) et Romer
(1990), le capital humain est placé au coeur du processus de croissance,
lequel est déterminé de manière endogène.
L'introduction du capital humain dans le modèle
néoclassique, bien que n'en modifiant pas les conclusions
théorique, a des implications considérables sur le plan
empirique. Dans ce cadre d'analyse, son rôle positif sur la croissance
est mis en exergue aussi bien lorsqu'il agit de manière directe
qu'à travers variables que l'investissement en capital physique, la
croissance démographique, l'ouverture aux échanges, etc.
De nombreuses études empiriques ont souligné le
rôle primordial de l'ouverture de l'économie dans l'explication de
la croissance directement et à travers l'accumulation de capital humain.
Il est vrai que ce dernier exerce un effet bénéfique sur la
croissance mais il ne peut véritablement le faire que dans un cadre
économique approprié qui sous-entend , entre autres, une
politique commerciale axée sur la promotion des échanges et
offrant des opportunités de développement considérables du
potentiel humain d'une nation, à travers la confrontation à la
concurrence internationale et l'accès au progrès technique
étranger.
Dans une étude portant sur les conditions du «
décollage économique », Berthélémy et
Varoudakis (1996) établissent à juste titre que dans les
économies dites « émergentes » où la croissance
a été soutenue et substantielle sur près de trente ans, le
capital humain est certes abondant mais son accumulation s'est toujours
accompagnée d'une politique commerciale d'encouragement aux
échanges.
C'est à partir de cette relation étroite entre
le capital humain et ouverture que le sujet de ce mémoire a
été développé. Le rôle du capital humain dans
la croissance s'affaiblit lorsque l'économie est fortement
protégée, il n'est en outre guère renforcé d'un
secteur public dominant.
L'analyse économétrique développée
ici dans le but de confirmer ou non ce qui a été
précédemment énoncé, s'est faite aussi bien sur des
données de panel dynamique des pays. Elle a porté sur la
période 1984-2002 et sur un échantillon variable et assez
hétérogène de pays.
En adoptant, le taux de scolarisation tertiaire comme un
indicateur reflétant le capital humain ce qui n'est pas le cas pour les
sources statistiques de Barro et Lee (1994) et Summers et Heston (1994) et loin
d'un cadre théorique qui était développé par
Mankiw, Romer et Wiel (1992), consistant dans le modèle
néoclassique de Solow augmenté avec capital humain.
Globalement, les résultats auxquels aboutit l'analyse
confirment ce que l'on a avancé plus haut et ce, quelle que soit la
spécification adoptée pour les données statistiques (en
GMM). Autrement dit, l'effet du capital humain sur la croissance est d'autant
plus corroboré que l'économie évolue dans un cadre de
concurrence-favorisée par le développement de l'initiative
privée- et de l'ouverture économique.
L'ambition de ce présent mémoire n'est
certainement pas de fournir une explication définitive des effets du
capital humain sur la croissance et des mécanismes d'interaction avec
certains aspects de la politique économique suivie tel que l'ouverture
à l'extérieur pour Le cas de la zone MENA. On espère
cependant avoir apporté quelques éclaircissements sur ces
interrelations en permettant de mieux comprendre le rôle du capital
humain dans la croissance et en suggérant peut-être des voies de
prospections alternatives sur la question.
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