5.3 De l'éducation environnementale pour la
conservation des ressources naturelles de la RBP.
L'éducation environnementale tel que nous la concevons
par rapport à la RBP, n'est pas seulement un enseignement à
propos de l'environnement simplement. Cette éducation devrait aboutir
à l'utilisation rationnelle des Ressources Naturelles de la RBP. Elle
doit « former des jeunes citoyens, capables de développer une
éthique des Ressources Naturelles » (BRLIN, 2002) de la RBP.
Car si malgré les nombreux avantages de la co-gestion les populations
riveraines continuent de s'attaquer aux ressources de la RBP cela signifie
à notre avis que la participation simple des populations sans une
conscience réelle des objectifs de conservation seule ne suffit plus.
D'où la nécessité de penser à d'autres
alternatives. Il est vrai que par expérience, la pauvreté
justifie parfois les comportements ignobles et déplorables des
populations. Il est aussi vrai qu'aujourd'hui par la gestion participative, les
populations se rendent compte de l'importance économique de la RBP.
Elles savent désormais que c'est un patrimoine commun à tous,
qu'il faut sauvegarder parce qu'elles en tirent des profits directs. C'est
d'ailleurs ce qui transparaît dans des réponses comme «
ce parc est un don de Dieu », « c'est une réserve
de faune et de flore. Et vous savez qu'actuellement la faune et la flore sont
quelque chose de précieux surtout pour le tourisme, la chasse
» ou encore, « le parc pour nous jeunes, c'est comme notre
salaire. Nous n'avons pas de boulot, mais c'est ça qui nous rapporte de
l'argent. Par exemple moi je suis un vendeur d'objets d'art aux touristes. Et
pourquoi les touristes viennent ? C'est à cause du parc donc le parc est
un atout » (extrait des interviews de terrain). Ces réponses
à notre avis sont assez illustratives de la perception des jeunes par
rapport au parc. Elles montrent en effet que les populations riveraines ne
savent pas encore que la RBP a aussi un rôle capital, celui de la
régulation écologique et de la préservation de la
biodiversité. C'est en effet, l'avantage indirect et à long terme
que les populations ne perçoivent pas encore et sur lequel il faudra
attirer leur attention par une éducation adéquate. Cependant,
elles semblent comprendre que les ressources naturelles sont des «
biens publics imparfaits » (YELKOUNI, 2001), comme le traduit
cette réponse : « depuis mon enfance, on pouvait voir les
animaux dans les environs du village. Maintenant ce n'est plus le cas. Je me
suis donc rendu compte qu'il y a diminution (...) je me suis donner pour sa
protection. Puisque j'ai vu mes enfants doivent aussi voir ». Ils
savent donc qu'il faut conserver les Ressources Naturelles pour des raisons
culturelles et économiques. Mais saurait été mieux qu'ils
sachent et soient vraiment conscients du rôle de la RBP en matière
de régulation écologique et de biodiversité.
Déjà il est heureux que les populations sachent que
les Ressources Naturelles sont parfaitement dans la
catégorie des « biens en commun » (YELKOUNI, 2001).
C'est-à-dire des biens dont l'usage n'exclut aucun agent
économique mais entraîne une rivalité du faite de leur
aptitude à se réduire voire disparaître, réduisant
ainsi ou hypothéquant la consommation des générations
futures. Mais il serait aussi bien qu'ils agissent en conséquence.
C'est-à-dire qu'ils sachent que la satisfaction des besoins vitaux
à travers la recherche de l'argent ne doit pas primer sur les objectifs
de conservation des ressources naturelles. D'où la
nécessité d'une éducation en la matière. Ces
actions doivent surtout être orientées vers les jeunes de Tanongou
et de Batia à cause de leur position stratégique drainant
beaucoup de touristes ; entraînant du coup beaucoup d'activités de
jeunesse. Il est important d'attirer leur attention sur le fait qu'ils doivent
toujours avoir en idée la nécessité écologique de
la préservation des ressources du parc. Il ne faudrait pas qu'ils
pensent seulement aux retombés économiques qui les obligent
à protéger aujourd'hui la RBP. Et s'ils trouvaient un jour une
autre source de revenus ? Autrement dit si un jour, le parc perdait sa valeur
socio-économique ? Que se passera t-il ? N'est-ce-pas qu'ils
banaliseraient la RBP ? D'où la nécessité de leur montrer
également la valeur écologique du parc. L'aspect
économique seul ne suffit pas. Ils en sont d'ailleurs suffisamment
conscients. C'est ce qui, nous semble t-il justifie actuellement leur
intérêt pour les actions de conservation.
En définitive, il apparaît que
l'éducation environnementale est nécessaire pour les jeunes des
villages riverains de la RBP. Mais l'harmonisation des objectifs au niveau des
différents acteurs qui interviennent dans la mise en oeuvre du processus
s'impose. Car la perception des acteurs par rapport à la RBP n'est pas
la même. C'est peut-être l'une des raisons qui expliquent
l'échec des actions menées par le service de la promotion
touristique et de l'éducation environnementale de la DPNP. A cela
s'ajoute l'inexistence de programme d'enseignement bien établit sur des
fondements d'ordre sociologique, didactique et épistémologique.
Car en matière d'éducation environnementale, chaque peuple, quel
qu'il soit, possède son style ou type d'éducation qui ponctue ses
rites et ses valeurs. (HUBERT, 1962).
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