L'éducation environnementale est une évidence
pour tous les acteurs de la RBP. La DPNP l'a compris et a même
initié des actions dans ce sens. A cet effet, elle a initié en
collaboration avec l'Union des AVIGREF de la Pendjari, des séances
d'animation pour les jeunes et les populations riveraines en
général. Ces séances ont eu différents
thèmes tels que : la biodiversité, la menace de
disparition des espèces, le déboisement, le cycle de l'eau
et autres. Le cadre d'animation desdites séances est souvent le
milieu scolaire comme par exemple les écoles des villages riverains tels
que Tiélé, Sépounga pour le projet pilote
d'éducation environnementale des écoliers en 2007, et le CEG de
Tanguiéta. De même, différents supports ou canaux sont
utilisés. Ainsi, pour pouvoir atteindre la grande masse (les populations
riveraines en général), des émissions de radiodiffusion
ont été initiées sur la chaîne de Radiodiffusion de
la localité, " la radio FM Tanguiéta". De plus, la
sensibilisation sur la menace d'extinction de certaines espèces tel que
le lycaon, passe par la réalisation des dessins de ces animaux sur les
murs des écoles des villages riverains comme ce fut le cas des
écoles primaires publiques de Sangou et de Tanongou que nous avions
visitées.
Mais malheureusement ces activités n'ont pas connu de
suite dans leur réalisation. Les dessins du Lycaon dans certaines
écoles sont vieux et se déteignent déjà. Ce qui met
en doute le suivi. En effet, ces activités ne se font plus. D'ailleurs,
elles étaient menées de façon sporadique à en
croire certains interviewés à cause de plusieurs facteurs comme
les grèves en ce qui concerne le cadre scolaire. Heureusement, la DPNP
reconnaissant la nécessité de l'éducation
environnementale, réfléchit actuellement à la
stratégie nouvelle à mettre en place
pour réaliser de façon efficace et durable
l'éducation environnementale des jeunes. Car, plus qu'une
nécessité, l'éducation environnementale des jeunes est une
obligation pour la conservation des ressources naturelles de la RBP à en
croire l'opinion des interviewés (cf. tableau I). En effet, dans le
discours des uns et des autres, il apparaît l'idée selon laquelle
les différentes actions d'éducation environnementale
menées soit par la DPNP ou les AVIGREF envers les populations en
général et les jeunes en particulier, sont insuffisantes. Ils
souhaitent en conséquence l'initiation à nouveau de ces
activités surtout à l'endroit des jeunes. Selon eux, les jeunes
sont encore récupérables contrairement aux adultes qui ont acquis
des habitudes difficiles d'abandon (en témoignent les nombreux cas de
récidive de braconnage enregistrés malgré la co-gestion).
Cependant, pensent les interviewés, on peut intensifier les actions de
sensibilisation en leur direction. Cette position des acteurs confirme plus ou
moins l'hypothèse selon laquelle l'éducation environnementale des
jeunes n'est pas faite de façon efficace. La prise en compte de
l'opinion des uns et des autres permet d'élaborer un plan
d'éducation environnementale pour les jeunes autant qu'elle permet de
dégager des activités de jeunesse génératrices de
revenus et favorables à la conservation durable des ressources
naturelles de la RBP.
Par ailleurs, la prise en compte des opinions des uns et des
autres nous permet de savoir que l'action d'éducation ne doit pas
être orientée vers les jeunes uniquement. Mais aussi vers tous les
acteurs qui interviennent dans le système en l'occurrence les
enseignants qui sont parfois complices de leurs anciens élèves
devenus braconniers. Ceux-ci ne le savent peut être pas. Mais, un
enseignant, en achetant la viande boucanée chez l'un de ces anciens
écoliers ou élève dans l'espoir de pouvoir la revendre
à Tanguiéta le week-end dans le but de se faire un revenu
supplémentaire, participe indirectement à la dégradation
de la faune. Il faudra attirer son attention sur cette pratique qu'il jugera
simple parce que "tout le monde le fait". SADARGUES BROCHE (2004) pense que
l'éducation environnementale est « ... par essence,
interdisciplinaire. C'est une science de l'Homme qui doit être
appréhendée par le savoir véhiculer par plusieurs
disciplines. En particulier, elle s'appuie sur la compréhension
scientifique. » (SADARGUES BROCHE, 2004). Elle ajoute que «
comprendre pour agir en faveur de l'environnement constitue un des piliers
de la démarche pédagogique à mettre en place pour une
éducation à l'environnement » (SADARGUES BROCHE, 2004).
Dans le Guide à l'éducation environnementale du programme de
l'éducation environnementale du Corps de la paix, il est stipulé
que « si chaque enseignant ou enseignante devient un acteur
réel mais surtout actuel dans le drame environnemental,
l'éducation environnementale
influencera le comportement des jeunes apprenants et
apprenantes et les engagera dans des actions locales puis globales pour le
bien-être de la communauté. » (Guide de
l'éducation à l'environnement du Corps de la Paix). Autrement dit
les enseignants doivent être de véritables éducateurs. Mais
avant il faudra qu'ils soient eux aussi " éduquer". L'action
d'éducation doit aussi être menée vers les enseignants car
nous nous sommes rendu compte que l'aspect écologique de la RBP n'est
toujours pas perçu par tous (cf. graphique n° 2).
L'éducation est importante parce qu'en
réalité, les populations sont ignorantes de l'aspect
écologique de la Réserve de Biosphère. L'éducation
est davantage nécessaire surtout pour les jeunes parce que, ceux-ci sont
encore réceptifs. Pour Ruth A. WILSON l'éducation
environnementale doit « Commencer tôt, dès l'école
maternelle car beaucoup d'attitudes et de valeurs sont taillées durant
les premières années de la vie. » (WILSON, 1996). Pour
elle, « les jeunes enfants qui développent du respect pour la
Nature, le désire de la protéger et une sensibilité
à sa beauté et à son mystère ont plus de chance
d'avoir un comportement protecteur plutôt qu'un comportement destructif
envers l'environnement naturel. » (WILSON, 1996). L'expérience
de SADARGUES BROCHE (2004) avec des élèves de la classe du Cours
Moyen 1 (CM1) et du Cours Moyen 2 (CM2) de l'école de Saint Cômes
et Maruéjols de Montpellier est assez édifiante. Il s'agit en
fait d'une expérience qui a montré comment une approche
expérimentale des phénomènes environnementaux, dans le cas
d'espèce de l'eau, pouvait permettre aux enfants de prendre conscience
de l'importance et de la fragilité des relations
d'interdépendance existant entre l'homme et son milieu.
En conclusion, il apparaît que l'éducation
environnementale assortie de la promotion des activités
génératrices de revenus est une combinaison possible pour la
conservation durable des ressources de la RBP. Cette solution est analogue
à celle préconisée par l'ONG CCDD pour la
réhabilitation de la Réserve de Faune de Santchou. Selon cette
ONG en effet, « la Réserve de Santchou est en plein
déclin (...) à cause de la grande ignorance des populations, une
ignorance dont elles ne sont nullement responsable. » (CCDD, 2OOO).
Pour d'abord sensibiliser sur la situation, et ensuite inverser la tendance,
elle préconise la mise en oeuvre d' « un programme de
sensibilisation et d'éducation environnementale à tous les niveau
». (CCDD, 2000).