IV.2.1.2. LE RETOUR AU MODÈLE : LES
DÉTERMINANTS DES MARGES D'INTÉRÊT
En général, les études empiriques
existantes estiment que l'impact des variables managériales sur la
rentabilité bancaire mesurée par la marge d'intérêt
est très significatif. Les frais d'exploitation bancaire, l'octroi des
crédits à moyen et long terme, le montant des fonds propres et la
taille de la banque exercent des effets positifs sur la marge
d'intérêt. Les charges massives supportées par les banques
sont généralement répercutées sur la
clientèle ; ce qui augmente le spread d'intérêt
(Anghbazo, 1997, Bashir, 2000 et Ben Naceur, 2003). Les dépenses
d'exploitation ne seront cependant favorables à l'amélioration
des marges d'intérêt que dans le cas où les banques
respectent un niveau optimum et tolérable de dépenses, permettant
d'éviter le laxisme et le gaspillage des ressources financières
disponibles. Une politique de crédit bien maîtrisée
favorise l'augmentation des marges d'intérêt. La nature de l'effet
positif de cette variable est analysée de façon approfondie par
Ben Naceur (2003). La maîtrise de la politique de crédit
nécessite cependant le maintien de l'équilibre entre la collecte
des dépôts et la distribution des crédits. Quant au
rôle favorable des fonds propres dans le relèvement des marges
d'intérêt, il est testé par les études d'Anghbazo
(1997) et Ben Naceur (2003).
Selon Bashir (2000) et Ben Naceur (2003), parmi les variables
financières, seule la concentration associée à de faibles
taux de dépôts et taux de crédit élevés,
limite le renforcement des marges d'intérêt. Autrement dit, la
concurrence permet à la banque d'avoir plus de clients et donc plus de
revenus d'intérêt. La concurrence qui reflète en d'autres
termes la taille du secteur bancaire, pousse aussi à rechercher des
niveaux d'efficience, ce qui limite la montée des marges
d'intérêt (Demerguç-Kunt et Huizinga, 2001). Si Barajas et
al (1999) et Rouabah (2006) constatent un effet positif de la
libéralisation financière sur l'expansion des marges
d'intérêt bancaires, d'autres auteurs trouvent que
l'amélioration du niveau des marges d'intérêt est
conditionnée par la lutte contre la montée des risques (Anghbazo,
1997) ou encore contre la diversification de l'activité (Ho et Saunders,
1981). En plus des déterminants usuels tels que présentés
dans l'analyse de la rentabilité des actifs, la marge
d'intérêt inclut le différentiel des taux
d'intérêt puisque ce dernier oriente sur le niveau de taux
d'intermédiation.
L'estimation de l'impact des variables
macroéconomiques, notamment la croissance économique, l'inflation
et la masse monétaire, a souvent trouvé un terrain d'entente
entre les économistes. Plusieurs auteurs confirment à
l'unanimité l'existence d'une relation positive entre la croissance
économique et la croissance des marges bancaires (Bashir, 2000, Rouabah,
2006 et Beckmann, 2007). A leur avis, la richesse nationale profite à
toute l'activité économique du pays, affecte positivement
l'évolution du secteur bancaire et incite les banques à innover
et à rénover leurs techniques et technologies de gestion.
Concernant l'impact de la variation du niveau général des prix,
les travaux de Molyneux et Thornthon (1992), Abreu et Mendes (2002), ont
apporté des éclaircissements sur les liens susceptibles d'exister
entre les marges d'intérêt et l'inflation. Leurs résultats
empiriques font apparaître une relation positive qui laisse penser que la
progression de l'inflation sera favorable à l'accroissement des profits
bancaires. Les variations de la masse monétaire agissent positivement
sur la liquidité bancaire et surtout sur le spread de taux
d'intérêt.
A l'issue de cette présentation, il est opportun de
passer à l'estimation proprement dite.
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