CHAPITRE III. IMPACT DES RÉFORMES
FINANCIÈRES SUR LA RENTABILITÉ DES ACTIFS
DES BANQUES DE LA SOUS
RÉGION
Introduction
L'actif est le poste du bilan par lequel une entreprise
évalue son patrimoine. Il représente aussi l'emploi des
ressources. C'est la richesse plus ou moins liquide de l'entreprise.
Considérée comme firme, la banque grâce à son actif,
tel que présenté dans le bilan bancaire (cf. Annexe 3.1), retrace
sa capacité à générer des bénéfices.
De 1985 jusqu'à 1996, les banques de la sous-région ont
enregistré des créances douteuses importantes mettant ainsi en
péril leur rentabilité et leur stabilité. Il aurait fallu
des réformes pour redessiner la carte bancaire de la CEMAC.
Pour capter l'influence des réformes financières
sur la rentabilité des actifs, deux approches au choix peuvent
être utilisées. La première s'inscrit dans un modèle
de durée (Bentahar, 2002 et Djelassi, 2004) qui demeure statique, et
porte sur l'introduction d'une variable muette prenant la valeur 0 avant les
réformes et 1 après les réformes. La deuxième
consiste à estimer deux modèles : un modèle
pré-réforme et l'autre post-réforme. Dans cette
étude, cette seconde approche dite dynamique, sera
considérée puisqu'elle nous permet d'analyser de façon
exacte l'apport des réformes ; ceci grâce à
l'évolution des coefficients. Ce chapitre nous permettra d'affirmer ou
d'infirmer l'hypothèse 2 selon laquelle, les
réformes financières améliorent la rentabilité des
actifs. Ainsi, après avoir passé en revue un
aperçu théorique sur la rentabilité des actifs (section
1), il sera important d'analyser les validations empiriques qui se serviront
des résultats pré et post-réformes (section 2).
SECTION 1. APERÇU THÉORIQUE SUR LA
RENTABILITÉ DES ACTIFS
Cet aperçu retrace les fondements théoriques
c'est-à-dire, les travaux pionniers et leur prolongement et les
résultats empiriques existants dans la littérature.
III.1.1. LES FONDEMENTS THÉORIQUES
Pour mieux comprendre la rentabilité des actifs des
banques de la CEMAC, il convient au préalable de faire un retour sur les
travaux traditionnels menés sur cette mesure de la rentabilité
bancaire. Et par la suite quelques prolongements seront abordés.
III.1.1.1. Les travaux pionniers sur la
rentabilité des actifs
Encore appelée coefficient de rendement, la
rentabilité des actifs bancaires est un ratio qui exprime de
façon globale la profitabilité des biens de la banque (Yao,
2002). Les premières études économiques et
formalisées sur cette mesure remontent en 1989, notamment avec l'article
novateur de Bourke intitulé : "Concentration and other determinants
of bank profitability in Europe, North America and Australia", publié
dans Journal of Banking and Finance. Dans cet article, Bourke
crée une rupture avec la conception schématique de la
rentabilité bancaire qui était basée sur le paradigme SCP
(Structure-Comportement-Performance) emprunté à l'économie
industrielle et abondamment utilisé par Short (1979), Gilbert (1984) et
Clark (1986). Selon ceux-ci, la rentabilité dépend de la
structure du marché ou taille du marché, de la nature des banques
et leur mode de fonctionnement et de la profitabilité qui était
basée sur le rendement des fonds propres. Cette approche était
plus comptable et n'incluait pas les variables financières ni
macroéconomiques.
Pour définir de façon économique la
rentabilité des actifs, Bourke se sert de la conception traditionnelle
de la banque. Cette conception décrit la banque comme un
intermédiaire financier dont la fonction traditionnelle est la collecte
des dépôts et l'octroi du crédit. Ainsi, selon Bourke, la
rentabilité est l'augmentation du profit bancaire liée à
sa capacité à faire face à la concentration du
marché.
Cependant, la modélisation de Bourke prendra un aspect
microéconomique traduisant l'influence de la concentration sur les
banques prises de façon individuelle.
L'étude menée par Bourke sera prolongée
et enrichie par des travaux récents.
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