II.2.1.2. LES FACTEURS EXTERNES DU RENFORCEMENT DE LA
STABILITÉ BANCAIRE
Deux grandes raisons peuvent être
énoncées : le retour aux grands équilibres
macroéconomiques et la poursuite du processus d'intégration sous
régionale.
Entre 1994 et 2002, les économies de l'Afrique Centrale
ont renoué dans leur majorité avec la croissance
économique. Le taux de croissance du PIB a considérablement
augmenté passant de 11,5% en 1994 en moyenne à 58,2% en 2002. Des
politiques intra-pays ont été mises sur pied pour modifier les
structures productives. La reprise du développement agricole a permis
une contribution plus poussée de ce secteur dans le PIB.
Avec l'accroissement des exportations, les pays de la CEMAC
ont vu leur balance de paiement s'équilibrer passant ainsi d'un
déficit en 1994 à un excédent en 2002. Cet
équilibre du solde extérieur est aussi un des effets positifs de
la dévaluation intervenue dans les six pays de la
sous-région. Dans le même mouvement, le ratio solde
budgétaire primaire sur PIB s'est nettement amélioré
passant de -9,00% en 1990 pour le Cameroun, à 3,2% en 2001 ; de
-6,9% à 10,6 pour le Congo ; de -1,7% à 11,8% pour le Gabon
et de -2,2 % à 13,4% pour la Guinée Equatoriale (Avom et
Gbetckom, 2003). Ceci traduit la réduction de la dette intérieure
dans chaque pays. Cet ensemble de facteurs et surtout l'intervention des Etats
ont permis un retour de confiance des populations envers les banques. Certaines
sont entrées dans leurs fonds jadis perdus augmentant ainsi leur
capacité à octroyer les crédits.
Tous ces résultats ont été obtenus dans
le cadre du mécanisme de surveillance multilatérale qui demeure
un ensemble de critères de l'intégration économique sous
régionale.
Le processus d'intégration des pays de la CEMAC a
véritablement pris corps avec le début des activités de
cette Communauté. La zone CEMAC tout comme la zone UEMOA ont d'abord
connu une intégration monétaire avant d'entamer le processus
d'intégration économique. Or, Balassa (1962) présente les
étapes d'une intégration des économies qui demeure un
processus graduel : on part de l'économie réelle à
l'économie monétaire. Si dans la zone franc en
général ce gradualisme n'est pas respecté, c'est sans
doute à cause de la spécificité de cette zone qui reste
fortement liée aux accords et traités coloniaux (Avom, 2003).
La volonté politique de promouvoir un système
bancaire stable, rentable et surtout engagé dans le financement de la
croissance, se manifeste par le truchement continuel des taux directeurs de la
Banque Centrale. L'intégration monétaire influence alors la
stabilité bancaire en ceci qu'on retrouve les mêmes filiales
bancaires dans presque tous les pays de la CEMAC car ceux-ci partagent la
même monnaie. Les filiales de City Bank par exemple sont présentes
au Cameroun, en Guinée Equatoriale et au Gabon. Le secteur bancaire de
la sous-région se voit renforcer dans la mesure où chaque filiale
vise comme objectif la réduction des risques, l'évolution des
fonds propres, une solvabilité certaine et une rentabilité
croissante.
En somme, les réformes financières ont
contribué positivement au retour de la stabilité des banques des
pays de la CEMAC. Cependant, au regard des résultats individuels, ces
réformes cachent un caractère moins luisant.
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