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L'administration de mission en droit burundais: cas de la Commission Nationale des Terres et autres Biens (C. N. T. B. )

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par Emmanuel NIYOMWUNGERE
Université du Burundi - Licence 2010
  

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Le Sud et l'Ouest du pays ont en commun la grande problématique des litiges surtout fonciers mettant en cause les réfugiés de longue date qui se rapatrient. Ainsi, dans l'enregistrement des litiges fonciers, les provinces de Makamba, Bururi, Bujumbura-Mairie et Cibitoke viennent dans les premières positions dans l'ordre croissant des provinces ayant enregistré le plus grand nombre205.

La complexité des dossiers est telle que plusieurs situations s'y présentent:

- des personnes se sont appropriées des terres laissées par les réfugiés de 1972 et les ont par la suite cédées;

- les propriétés laissées par les réfugiés de 1972 ont été récupérées par l'Etat pour diverses raisons;

- ces propriétés ont été irrégulièrement cédées ou concédées par les autorités administratives;

- certaines de ces propriétés ont été appropriées ou cédées par les membres de la famille du sinistré;

- des étrangers (surtout les congolais refoulés en 1978) et certains nationaux réclament des terres et des autres biens sur lesquels ils n'ont jamais exercé de droit réel, à cause de la convoitise liée à leur fertilité et à leur grande valeur, etc.

Face à cette complexité de dossiers, les délégations provinciales et la plénière de la C.N.T.B. recourent à des solutions très variées telles qu'elles sont consignées dans le Guide méthodologique pour le traitement des litiges fonciers et autres biens des sinistrés. En effet, les dossiers sont examinés au cas par cas, ce qui fait que les solutions sont variées mais les plus usuelles dans les deux régions considérées sont la restitution au sinistré ou le maintien de la propriété à l'occupant actuel ainsi que le partage de la propriété entre les parties, combiné quelques fois avec l'indemnisation ou avec la compensation.

205 Voir C.N.T.B., Les statiques de la C.N.T.B., pp.3-4

L'autre difficulté commune à ces régions concerne le statut inadapté des paysannats qui restent la propriété de l'Etat bien que concédés à des personnes qui n'y exercent que l'usufruit. Lorsqu'une personne usufruitière d'un paysannat se réfugie pendant un certain laps de temps et que, entre temps, une autre s'y installe et l'exploite, il se pose au retour de la première, la question de savoir celle qui a le droit le plus solide sur le paysannat.

Le Sud et l'Ouest du Burundi accusent, pour toutes ces raisons, un retard considérable eu égard à l'accomplissement du mandat de la C.N.T.B.

2. Le Centre et l'E\tJd? J3Dy

Ces régions sont caractérisées par la prédominance des dossiers relatifs aux autres biens que les terres. Ainsi, les provinces de Muramvya, Muyinga et Gitega occupent respectivement la première, la deuxième et la troisième place en ce qui concerne le nombre élevé de plaintes liées aux « autres biens » enregistrées206.

Malheureusement, comme nous l'avons souligné précédemment, ces dossiers ne seront véritablement traités que lorsqu'on aura résolu la problématique qui entoure la rubrique « autres biens ».

3. Au Nord du Pays

La région du Nord est confrontée particulièrement aux conflits fonciers impliquant les sinistrés de date récente, c'est-à-dire ceux de 1993 dits aussi « personnes déplacées à l'intérieur de leur pays ».

L'ampleur de ce phénomène dans la région fait que la province de Ngozi se place dans les premières positions dans l'enregistrement des litiges fonciers207. Fort heureusement, cette province a un grand nombre de litiges fonciers déjà réglés ou en passe de l'être. Cette célérité dans le traitement des dossiers s'explique d'un côté par le dynamisme et la bonne collaboration de tous les intervenants dans cette province. D'un autre côté, les conflits fonciers mettant en cause les sinistrés de la crise de 1993 sont moins difficiles à résoudre par ce fait que les preuves surtout écrites et orales sont souvent trouvables.

Parmi les solutions appliquées, la plus intelligente est l'échange des propriétés, souvent combiné avec les compensations, entre les personnes

206 Sur les 19 658 plaintes liées aux « autres biens » enregistrées, on comptait à la fin de 2007, 12 632 à Muramvya, 2 865 à Muyinga et 1 715 à Gitega.

207 Soit 1 444 plaintes enregistrées jusqu'au 31 décembre 2007

déplacées et celles qui sont restées chez elles. Le travail de la C.N.T.B. y est si bien apprécié qu'il y a même des parties qui, après entente, retirent leurs plaintes des juridictions de droit commun pour les déposer auprès de la Commission.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry