B. Bilan des réalisations de la Commission
D'entrée de jeu, il faut signaler les
difficultés que nous avons éprouvées pour accéder
aux rapports de la Commission. Les personnes interrogées et les
administrations visitées n'ont pas pu nous donner l'information exacte
sur l'emplacement des archives de la Commission. Heureusement, nous avons pu
trouver les rapports de la délégation régionale au sud du
pays dans le bureau provincial de Bururi. Ces rapports reflètent le gros
du travail de la Commission d'autant plus que c'est la région la plus
touchée par la crise de 1972 et 1973. Nous avons également eu
accès à quelques bribes de rapports des travaux des
délégations régionales au Nord, à l'Ouest et
à l'Est du pays.
101 Art. 2 du D.-L. n° 1/21 précité102
Articles 12 et 13 du D.-L. n° 1/21 précité103 Art. 4 du
D.-L. n° 1/21 précité104 Art. 10 du D.-L. n° 1/21
précité
On peut dresser les résultats obtenus comme suit :
1. L'apurement du contentieux relatif aux
immeubles
Les deux tableaux suivants indiquent le nombre de cas
traités dans certaines circonscriptions géographiques et
administratives de référence.
VWWW *nW *: *Wov bre *we *cas *traités *wans
*certaines *cov v wes *wu *pwsr*
VVVIOV*
|
VVVVVVV
|
*VVVVVV*DV*CVV *TVVIVVS*
|
Au Sud Province Bururi
|
Rutovu
|
8
|
Burambi
|
5
|
Makamba
|
52
|
Nyanza-Lac
|
64
|
Mabanda
|
65
|
Vugizo
|
14
|
Rumonge
|
926
|
A l'Ouest Province Cibitoke
|
Rugombo
|
69
|
Musigati
|
49
|
Mpanda
|
12
|
Buganda
|
93
|
Au Nord
|
Busoni
|
116
|
A l'Est
|
Bukemba
|
19
|
Tableau n°2 : Nombre de cas traités dans
les zones de la commune Rumonge106
ZONE
|
|
NOMBRE DE CAS TRAITES
|
Kigwena
|
A
|
140
|
|
B
|
62
|
Mugara
|
A
|
117
|
|
B
|
46
|
Kibira
|
A
|
68
|
|
B
|
98
|
Rumonge A
|
68
|
|
B
|
104
|
Minago
|
A
|
152
|
|
B
|
71
|
Ces tableaux montrent que la commune de Rumonge a
été la plus affectée par les événements
tragiques de 1972 et 1973. Même à ce jour, elle ne s'est pas
encore remise, car 99% du contentieux judiciaire oppose les rapatriés et
les personnes restées au pays107.
A la lumière des chiffres insérés dans
ces tableaux, nous retenons que la Commission s'est beaucoup investie pour
résoudre les nombreux litiges dont elle a été saisie
pendant les 10 mois de son fonctionnement. Les membres de la
délégation régionale rencontrés nous ont
affirmé qu'ils arrivaient dans chaque secteur concerné et y
demeuraient tout le temps que l'épuisement des litiges relevés
nécessitait, avant d'aller ailleurs. C'est un travail fait dans un
esprit véritablement «missionnaire».
Cependant, ce travail n'a pas atteint les résultats
escomptés. D'abord, cela est dü au fait que la Commission n'a
réglé que les cas des réfugiés qui ont
accepté de se rapatrier à l'époque. Ensuite, elle a
été saisie des litiges relatifs aux biens autres qu'immobiliers
de manière trop rare. En outre, l'impunité à
l'égard des personnes responsables des forfaits durant la crise de 1972
et 1973 décourageait le mouvement de rapatriement. A cela s'ajoute le
contexte socio-
106 Ce tableau est construit par l'auteur lui-même à
partir des données tirées des archives conservées à
la Province Bururi
107 Selon les sources provenant des autorités judiciaires
de Rumonge
politique du pays qui restait toujours tendu. Enfin, force est
de reconnaître que la procédure rapide et spéciale
adoptée pour régler ces litiges comportait le risque d'ouvrir la
porte à beaucoup d'irrégularités et d'erreurs.
2. La régularisation des titres d'occupation et
l'attribution des concessions de terres vacantes
Ce travail a nécessité, pour sa
réalisation, la mise en place d'une Sous-commission ad-hoc et des
commissions restreintes à l'échelle régionale.
Au niveau local, les opérations ont été
effectuées par ce qu'on appelait des Sous-commissions restreintes.
Chacune de celles-ci était composée d'un conseiller communal du
ressort, les premiers secrétaires du parti sur les collines de
recensement et le moniteur agricole de la région108. Nous
nous limiterons à la commune Rumonge, car, outre qu'elle a
été la plus secouée par la crise, ses terres sont
également les plus convoitées.
Ainsi donc, conformément à son cahier de charge,
la Sous-commission restreinte chargée de la redistribution des terres
abusivement attribuées à Rumonge a commencé d'abord par
relever les propriétés par colline de recensement et les
propriétés non déclarées devant la Commission
Nationale. Elle a relevé également les demandeurs de
propriétés par colline et par commune d'origine. En tout, elle a
enregistré 291 propriétés à attribuer entre 2 394
demandeurs dont 2200 étaient originaires de Rumonge, et 194 en
provenance d'autres communes. L'élimination systématique de ceux
qui ne remplissaient pas les conditions requises a permis de satisfaire
à 409 demandes.
Chaque bénéficiaire recevait deux hectares de
caféiers ou de palmiers à huile; et chaque zone administrative
mêmement. En outre, le Parti recevait un hectare et ses mouvements
intégrés, c'est-à-dire la Jeunesse Révolutionnaire
de Rwagasore (J.R.R.) et l'Union des Femmes Burundaises (U.F.B.), recevaient
chacun 0,5 hectare et ce par colline de recensement. Les
propriétés restantes étaient réservées
à l'installation des demandeurs ultérieurs qui étaient
sans terre.
Dans sa tâche, la Sous-commission restreinte de Rumonge
s'est heurté à beaucoup de difficultés telles que les
enseignements de sabotage vulgarisés à l'encontre de sa mission
par certains membres de la J.R.R.; l'épidémie du choléra
qui a provoqué des arrêts momentanés de son travail;
l'austérité du terrain, etc. Ces difficultés ont
entraîné les problèmes suivants:
- l'absence de délimitation des
propriétés faute de pistes de pénétration;
- l'absence de création des villages pour l'installation
de nouveaux occupants, comme préalablement prévu;
- la rancune des « latifundiaires » et des militaires
dont les propriétés usurpées sont revenues soit à
l'Etat, soit aux anciens propriétaires;
- l'incertitude sur la superficie à réserver au
Projet d'Intensification Agricole Rumonge-Burambi-Buyengero (PIA-RU.BU.BU) qui
devrait s'étendre sur l'espace situé en bas de la route
Rumonge-Nyanza- Lac depuis la Ruzibazi jusqu'à la Nyengwe;
- le danger d'installer les nouveaux occupants sans
résoudre le problème de nombreux revenants non encore
réinstallés;
- la problématique du droit de propriété
des immeubles par incorporation se trouvant dans les propriétés
à redistribuer109.
On remarque qu'au moment de sa disparition, la C.N.R. de 1977 a
laissé en suspens plusieurs questions.
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