4.2. Synthèse générale des
résultats collectés
Cette partie constitue le moment de faire le point sur les
données du terrain afin de procéder à leur analyse et
interprétation sociologiques pour visibiliser le fait
étudié. Ainsi, dans le cadre de notre étude il nous est
important de recourir à l'herméneutique des acquis empiriques
dans le but de décoder les sens caché du fait.
Notre observation s'est faite au niveau des acteurs
socio-éducatifs (inspecteurs, enseignants, syndicalistes, parents
d'élèves, élus locaux ...) de la commune de Fatick. En
effet, ces derniers, témoins des temps forts du système
éducatif, sont mieux placés à discourir sur le
comportement lié aux politiques de non ou d'introduction des langues
nationales dans l'enseignement élémentaire formel. Pour ce faire
donc, leurs réponses seront de haute facture en ce qui concerne leur
analyse et interprétation.
En effet, les résultats obtenus sont divers et
variés. Nous pouvons même dire qu'ils sont d'ordre structurel dans
la mesure où les blocages notés s'inscrivent dans une
transversalité ; c'est-à-dire un blocage est susceptible
d'être repéré dans un ou d'autres facteurs de blocage
énoncés dans nos hypothèses .Ce qui nous a permis dans le
cadre de l'analyse de contenue de les interpréter sous forme de
thèmes.
4.2.1. De l'insuccès des classes
expérimentales
Mises en application en 2002(après les conclusions des
EGEF de 1981), les « classes expérimentales » sont des classes
bilingues consistant à l'enseignement du français et des
certaines LN d'un territoire donné. Les classes expérimentales
étaient reparties dans tous les départements du pays dont
l'objectif consistait, entre autres, à converger vers la formalisation
de l'introduction des LN dans l'enseignement élémentaire.
Selon le schéma directeur de la DPLN sur
l'expérimentation des LN dans l'enseignement élémentaire,
cent cinquante cinq (155) classes dans les onze régions du
Sénégal.55Il prévoyait également
l'introduction des cent cinquante cinq (155) tous les deux (2) ans.
Officiellement, le nombre de sites d'expérimentation fonctionnels n'est
pas connu. Mais selon un rapport de
55 Période des onze régions au
Sénégal
la Banque mondiale, il devrait y avoir quatre cent soixante
cinq(465) classes la rentrée 2006, alors que la première cohorte
devrait entre en fin de cycle primaire en juin 2008.56
En effet, elles étaient au nombre de 15 dans le
département de Fatick, (01 classe en wolof, 01 classe en mandingue ,02
classes en puular et 11 classes en sérère). Les facteurs
bloquants étaient d'ordre divers.
De la gestion politique jusqu'aux mesures d'accompagnement
didactique, via la carence communicationnelle au niveau des populations
(parents d'élève), receveuses du projet, les freins ont
été transversalement notoires.
Cependant, souligner ou décrire les contraintes
concernant le dynamisme que devraient connaître ces classes
expérimentales, point de départ pour l'introduction et la
formalisation des LN à l'école , constitue en amont le
décodage ou l'analyse des facteurs de blocages notés à ce
niveau. Ces dites classes expérimentales mises en oeuvre pour une
nouvelle relance du projet d'introduction des LN dans le primaire, ont
constitué un autre moment de banqueroute.
En ce sens, notons la confession d'un de nos
enquêtés, un inspecteur de l'éducation chargé des
classes bilingues : « là aussi c'est une
expérience qui rapidement, a été pratiquement
abandonnée même si, dans quelques zones des gens ont eu tant bien
que mal à le faire. Elle n'est plus ce qu'elle devrait être. Nous
par exemple à Fatick, nous avons pratiquement abandonné cette
année, nous avions cinq classes dans cinq villages différents qui
fonctionnaient jusqu'à l'année passée mais, en raison de
plusieurs difficultés nous avons été amenés
à les laisser tomber. Maintenant c'est fini, on a
arrêté» (P.FAYE, commune de Fatick, avril
2010.) En d'autres termes, l'expérience de ces classes qui se devaient
d'accompagner et de favoriser l'introduction formelle des LN dans le SEF, a
été bloquée, entre autres, par un manque de suivi
politico- technique voire sociopolitique.
En effet, ces propos de notre répondant signalent tout
simplement l'insuccès du programme d'expérimentation
navigué pendant huit années (2002-2010) dont l'objectif final
était l'introduction des LN dans l'enseignement
élémentaire formel.
Sous ce rapport, il est lieu de signaler que les motifs d'un tel
échec sont à rechercher dans plusieurs cadres dont les
paragraphes suivants permettront de mettre en exergue.
56Yéro DIA Abdoulaye BOUSSO et ali,
l'introduction Programme de subventions ROCARE pour la recherche en
éducation, l'introduction des langues nationales dans le système
éducatif formel : entre medium de communication et outils
d'apprentissage scolaires, éduction 2008, p37.
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