CHAPITRE TROSIEME :
ANALYSE DES PRINCIPAUX DEFIS AUQUELS UNE
STRATEGIE DOIT FAIRE FACE
Avec ses vastes étendues d'herbages et de savanes
boisées, la RDC offre de grandes possibilités de
développement de l'élevage. Pourtant le pays compte à
peine 1 à 1,3 millions de têtes de gros bétail, alors que
son potentiel pastoral est de 30 à 40 millions de bovins. C'est surtout
à l'est du pays (Ituri et Kivu) que le potentiel est le plus grand. Mais
la pauvreté généralisée et l'importation massive
des produits carnés congelés (poisson, abat, etc.) de basse
qualité à des prix défiant toute concurrence (à peu
près 1 USD/kg), empêchent le développement de ce secteur.
C'est surtout l'élevage du petit bétail et de la volaille qui a
pris de l'importance, surtout en exploitation urbaine et périurbaine
où il est destiné à l'autoconsommation et à la
vente en ville.
Le rôle de la recherche en appui à la production
animale, la transformation et la commercialisation est de rendre disponible les
produits animaux à des prix abordables et d'assurer que seuls les
produits sains atteignent les marchés locaux, régionaux et
étrangers.
3.1. DEMANDE DEFICITAIRE
La principale contrainte au développement de
l'élevage en RDC se situe donc au niveau de la demande. Les produits
carnés de production locale ont une élasticité revenu
élevée, car de bonne qualité et coûtent donc trop
cher en comparaison avec les produits importés. De plus, la consommation
de viande bovine a beaucoup diminué depuis 1975. Selon les
enquêtes budget consommation, la consommation de viande à Kinshasa
(3,3 kg/tête) a diminué de 50% depuis 1975, tandis que celle de
poisson (frais et conservé, notamment le mpiodi) s'est maintenue
à 10-11 kg/capita18. Le meilleur remède pour
développer ce secteur est donc une croissance économique forte et
soutenue, partagée largement par la population.
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3.2. IMPORTATION DES PRODUITS D'ELEVAGE
Les mutations profondes des systèmes pastoraux
traditionnels nécessitent une capacité d'adaptation importante :
la croissance démographique renforce la demande et fait pression sur les
capacités de production ; cependant la concurrence déloyale
exercée par les viandes importées (« dumping ») entrave
la compétitivité de la production locale.
Les importations constituent un frein pour développement
de notre
production et la qualité d'élevage.
Il est difficile, pour des raisons sociales, de freiner les
importations de viande et de poisson de basse qualité à des prix
relativement bas. Cependant une certaine protection contre ces importations bon
marché s'impose si l'on veut encourager une production locale de bonne
ou de moyenne qualité. Pareille protection existe déjà
officieusement, mais elle est souvent contournée sous plusieurs formes:
procédure d'enlèvement d'urgence, procédure de transit,
fausse classification des produits19, etc.
Le rôle de l'Etat en matière d'élevage,
à part les services d'appui au développement de l'élevage
(recherche, vulgarisation, formation, appui à la commercialisation), est
surtout de:
> faire respecter la législation en vigueur concernant
les importations
(douane, taxes) et le contrôle sanitaire;
> veiller à la couverture sanitaire, la lutte contre
les épizooties et la prophylaxie médicale (traitement
préventif contre les parasites, lutte contre les glossines, vaccination,
...).
Ce rôle est vraiment essentiel, même dans une
économie libéralisée. Il comprend la réhabilitation
des laboratoires vétérinaires, l'approvisionnement en intrants
vétérinaires et d'élevage, etc. Il faut noter que dans le
passé, la prophylaxie et les soins vétérinaires au Kivu et
en Ituri se faisaient à travers des associations ou coopératives
d'éleveurs. Un certain appui à ces structures paraît de
nouveau nécessaire.
19 Des oeufs de consommation courante sont
importés des Pays-Bas comme des oeufs a couver, exempt de toute taxe ou
droit de douane.
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