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Le pouvoir décisionnel des chefs religieux traditionels Dogon aux dépens des lois et règlements en vigueur

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par Amadou Sangara
Université de Bamako, Mali - Maitrise Droit Privé 2007
  

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Section II: L'autorité des chefs religieux dans un contexte intercommunautaire démocratique.

Les chefs religieux traditionnels jouissent d'une renommée et d'une autorité, non négligeables au sein de leur communauté et ont au moins deux casquettes : d'abord représentants des populations et ensuite auxiliaires de l'administration.

Principalement un domaine nous semble être le mieux indiqué pour expliquer la nécessité de l'autorité traditionnelle dans ce monde plus que jamais dominé pour la modernité et marqué par une fuite incessante vers l'avant à savoir le domaine de la décentralisation dans un premier paragraphe et pour compléter cette section, l'important nous semble être de savoir ou de mettre l'accent sur les avis des populations dogons sur l'autorité de leurs chefs religieux dans un second paragraphe.

Paragraphe I: Dans le domaine de la décentralisation.

Les chefs traditionnels ont beaucoup d'appréhensions par rapport à ce sujet ou domaine dit de la décentralisation. Leurs craintes sont relatives à la perte de pouvoir, de légitimité, de territoires qu'engendrent la communalisation, en tout cas le morcellement des territoires en centres décentralisés de plus en plus nombreux et qui se dotent d'une certaine autonomie vis-à-vis des premiers

Depuis l'avènement du processus démocratique et l'émergence de nouveaux acteurs sur l'arène locale, leur pouvoir a considérablement diminué, ce qui justifie leurs craintes :

- Certains de leurs administrés sont devenus des militants des partis politiques, d'ONG, d'associations, et échappent ainsi à leur contrôle ;

- L'administration locale est devenue partisane, elle les écoute de moins en moins et s'accapare certaines de leurs prérogatives ;

- La présence d'une délégation judiciaire et d'association de droits de l'homme offre plusieurs possibilités de recours quant à leurs décisions en matière de règlements de conflits ;

- Les projets de développement traitent directement avec les populations, les ONG et Associations, alors que l'attribution des opérations de développement était devenue, il y a quelques années une source de légitimation pour les chefs ;

- Les députés et les autres cadres nationaux tendent de plus en plus à se substituer à eux dans la représentation des populations et le règlement des conflits.

Tous les nouveaux acteurs de l'arène locale se sont en fait, établis aux dépens d'une parcelle de leur pouvoir.

Leurs relations avec les autres acteurs sont ambiguës, faites de suspicion du foncier ou du règlement litigieux et des attributions respectives. Il y a conflit de compétences entre les conseils municipaux et les chefs traditionnels, d'où la nécessité de l'adoption des textes adaptés et très précis fixant les attributions ou compétences de tout un chacun.

Dans des zones comme, la presque entière partie du « pays dogon » où il y a une faible présence de l'Etat, les structures traditionnelles ont survécu aussi bien à la période coloniale que post-coloniale, et les gens ont gardé leurs formes traditionnelles d'organisation sociale.

Les structures traditionnelles restent très importantes dans l'organisation de la vie des gens au niveau local en dépit des structures de l'Etat moderne. Les autorités traditionnelles, par exemple, règlent la vie du village, contrôlent l'accès à la terre, et règlent les conflits.

L'existence des autorités traditionnelles signifie que la décentralisation ne se fait pas dans le vide. L'expérience récente a montré que pour réussir la décentralisation il faut tenir compte des structures traditionnelles existantes. Bien que l'opinion répandue a été qu'elles sont un fardeau historique sur la route de la modernité, il est maintenant largement reconnu que pour beaucoup de gens, les structures traditionnelles sont souvent plus légitimes que l'Etat moderne.

Dans beaucoup de cas, les gens acceptent les structures traditionnelles en raison des échecs du gouvernement central à mettre en place des structures fonctionnelles au niveau local. Se fier aux normes et aux règles traditionnelles est non seulement compréhensible mais également tout à fait raisonnable particulièrement lorsqu'il n'y a aucune meilleure alternative.

Si l'Etat ne peut pas améliorer de façon significative la vie des gens au quotidien, il n'est pas surprenant que les gens continuent à vivre selon leurs structures et leurs règles traditionnelles sans trop faire attention au gouvernement central.

En ôtant tout pouvoir réel de décision aux autorités traditionnelles, la décentralisation marque une rupture avec l'ordre ancien. L'organisation harmonieuse du pouvoir de décision entre les autorités communales désignées par la loi et les autorités traditionnelles aurait du être une des originalités de la décentralisation au Mali.

La non implication effective des autorités traditionnelles dans l'exercice du pouvoir a abouti à un ``déficit de conscience citoyenne'' car dans la plupart des cas, l'autorité communale traite directement avec le citoyen sans se référer à son chef traditionnel qui a un ascendant sur lui. Il convient de noter que les difficultés de mobilisation actuellement constatées et la faiblesse de recouvrement des taxes sont en partie liées à cette situation.

Dès lors, il importe de réhabiliter les chefs traditionnels afin qu'elles puissent mieux jouer leur rôle dans la mise en oeuvre du processus de décentralisation.

Mais les chefs religieux traditionnels gardent une capacité de nuisance, notamment en tant que garants des valeurs traditionnelles et sont incontournables dans la résolution des conflits. Il ne fait aucun doute que ces dits chefs ont perdu leur influence d'antan au profit des nouveaux leaders politiques.

Mais toujours est-il qu'ils ont gardé le monopole du pouvoir coutumier aux mains des grandes familles régnantes actuelles et de leurs descendants.

Egalement ces chefs tout en se maintenant plus ou moins sur le terrain politique, opèrent un glissement vers le développement.

En effet, ceux-ci sont de plus en plus sollicités dans le cadre de la sensibilisation des populations.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus