Paragraphe II: Avis recueillis sur l'autorité des
chefs religieux dogon.
Suite à notre descende sur le terrain nous avons
effectué un sondage auprès des populations dans un certain nombre
de villages dogon, sur l'importance et le respect qu'accordent les citoyens
dogon aux chefs religieux traditionnels, mais également sur
l'autorité et l'avenir de la religion traditionnelle dans la
société dogon.
Nous, nous sommes rendus pour la circonstance successivement
à Nombori (Cercle de Bandiagara), à
Bankass et à Dinangourou (Cercle de
Koro).
Entre 75 et 80% des
personnes interrogées dans ces trois localités affirment
approuver le pouvoir décisionnel à savoir l'autorité des
chefs religieux traditionnels, car selon eux ces chefs sont des
personnalités qui ont un sens très élevé de la
spiritualité et réaffirment leur sympathie pour la religion
traditionnelle et ses rites.
Ce résultat est évocateur de la place
prépondérante de la religion traditionnelle chez la plupart des
dogon, cela de nos jours dans un monde où l'on assiste constamment
à la création de nouvelles religions ou du moins de nouveaux
courants religieux et où la religion est utilisée à des
fins personnelles ou utilisée comme un outil financier ou de
propagande.
Globalement entre 85 et 90%
de la totalité des individus interrogés affirment pratiquer
d'autres religions et se proclament êtres croyants de ces religions, sans
pour autant, dénier leur appartenance ou affection plus ou moins forte
à la religion traditionnelle. Ils pratiquent ainsi une sorte de
syncrétisme qui les protège doublement.
Entre 10 et 15% d'entre eux,
nous confient avec une certaine incertitude perceptible que les chefs religieux
n'ont plus leur place dans notre société actuelle dans un
XXI è siècle en plein bouleversement et en plein
essor, dans lequel la modernisation touche presque tous les secteurs de la
société, donc de la vie.
Il est intéressant de noter que cet échantillon
d'individus perplexes ou pessimistes quant à la réelle importance
des chefs religieux traditionnels vit dans la plaine, comme pour dire qu'il est
plus facile de contester le rôle de ces chefs à la plaine que sur
les falaises ou le plateau.
Cette réticence n'est que temporaire car ils sont
parfaitement conscients du fait que quand leur tour arrivera de s'installer eux
aussi sur les falaises ou plateau, cette idéologie s'éclipse
nettement.
Mais la grande majorité des personnes approchées
estiment être conscientes du fait que toutes nos moeurs et traditions ne
doivent pas être ignorées ou abandonnées à une
ère où chacun est à la recherche d'une vraie
identité, une identité qui lui est singulière; même
si elles sont d'accord que certaines mentalités et pratiques doivent
nécessairement voir indispensablement pour ne pas être sur le
côté du sens inverse du goudron qui mène vers un
développement plus ou moins épanouie ou encore de ramer à
contre courant c'est à dire à aller l'encontre de la
mondialisation.
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