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Protection de l'environnement et commerce international

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par Cheick Oumar TOURE
Université de Limoges - Master droit international et comparé de l'environnement 2008
  

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Section I: La primauté des règles commerciales

En cas de contradiction entre une règle commerciale et un AEM quel organe est compétent pour trancher le litige ?

Supposons qu'un différend commercial surgisse parce qu'un pays a pris une mesure affectant le commerce (imposition d'une taxe ou restriction des importations, par exemple) au titre d'un accord environnemental, en dehors du système de l'OMC, et qu'un autre pays s'y oppose. Le différend devrait-il être examiné à l'OMC ou dans le cadre de l'autre accord?

Selon le Comité du commerce et de l'environnement, s'il y a différend au sujet d'une mesure commerciale prise au titre d'un accord environnemental et si les deux parties au différend ont signé cet accord, celles-ci devraient recourir aux dispositions de cet accord pour régler le différend. Par contre, si l'une d'elles n'a pas signé l'accord environnemental, la seule instance pouvant connaître du différend est alors l'OMC(24).

Nous allons étudier dans un premier paragraphe les attributions de l'ORD pour ensuite examiner dans un second paragraphe sa philosophie sur la protection de l'environnement à

24 Organisation mondiale du commerce : comprendre l'OMC Troisième édition Précédemment publiée sous le titre «Un commerce ouvert sur l'avenir» Septembre 2003, révisé en février 2007

travers quelques différends mettant au prise protection de l'environnement et commerce qu'il a eus à trancher.

Paragraphe I: L'organe de règlement des différends (ORB)

Nous allons tout d'abord étudier l'organisation de l'ORD (A), pour ensuite examiner son fonctionnement (B)

A Organisation

1 Présentation du mécanisme de règlement des différends

Le règlement des différends constitue la clef de voûte du système commercial multilatéral et la contribution sans précédent de l'OMC à la stabilité de l'économie mondiale. Sans un moyen de régler les différends, le système fondé sur les règles ne serait d'aucune utilité car les règles ne pourraient pas être appliquées. La procédure de l'OMC consacre le règne du droit et permet de rendre le système commercial plus sûr et plus prévisible. Le système est fondé sur des règles clairement définies, assorties d'un calendrier pour l'examen d'une affaire. Les décisions initiales sont rendues par un groupe spécial et approuvées (ou rejetées) par l'ensemble des membres de l'ORD. Il est possible de faire appel sur les points de droit.

Cependant, il ne s'agit pas de rendre un jugement mais, en priorité, de régler les différends, si possible par voie de consultations. En juillet 2005, environ 130 seulement des 332 affaires avaient atteint le stade de la procédure de groupe spécial complète. La plupart des autres ont été notifiées comme ayant été réglées à l'amiable ou restent au stade de la phase de consultation prolongée, depuis 1995 pour certaines.

Une procédure de règlement des différends existait dans le cadre de l'ancien GATT, mais il n'y avait aucun calendrier établi, il était plus facile de bloquer les décisions et beaucoup d'affaires traînaient en longueur sans arriver à une solution. Le Mémorandum d'accord issu du Cycle d'Uruguay a mis en place un processus plus structuré, dont les étapes sont plus clairement définies. Il établit une discipline plus rigoureuse quant au délai imparti pour le règlement d'une affaire ainsi que des échéances flexibles pour les différentes étapes de la procédure. Il souligne qu'un règlement rapide est indispensable au bon fonctionnement de l'OMC.

2 Composition et règles de conduites des membres

L'ORD est composé de représentants de tous les membres. Il s'agit de représentants de gouvernements le plus souvent des diplomates en poste à Genève, relevant du ministère du commerce ou du ministère des affaires étrangères. Il contrôle l'application et l'efficacité des procédures de règlement des différends au titre de tous les accords de l'OMC, ainsi que l'exécution des décisions rendues par l'OMC dans ce cadre. Par conséquent, l'article 2.1 du Mémorandum d'accord donne à l'ORD « le pouvoir d'établir des groupes spéciaux, d'adopter les rapports des groupes spéciaux et de l'Organe d'appel, d'assurer la surveillance et la mise en oeuvre des décisions et recommandations, d'autoriser la suspension des concessions et d'autres obligations résultant des accords visés. L'ORD a également adopté des règles de conduite relatives au Mémorandum d'accord destinées à garantir l'intégrité, l'impartialité et la confidentialité du système de règlement des différends. Ces règles de conduite s'appliquent à toutes les «personnes visées» qui comprennent les membres de groupes spéciaux, les membres de l'Organe d'appel, les experts qui prêtent leur concours aux groupes spéciaux, les arbitres, les membres de l'Organe de supervision des textiles, et le personnel du Secrétariat de l'OMC et du secrétariat de l'Organe d'appel. Ainsi, «les personnes visées» se doivent d'être

indépendantes et impartiales, d'éviter les conflits d'intérêts directs ou indirects et de respecter la confidentialité des procédures de règlement des différends. En particulier, toute personne visée doit déclarer l'existence ou l'apparition de tout intérêt, relation ou sujet dont on pourrait raisonnablement s'attendre qu'il soit connu d'elle et qui est susceptible d'influer sur son indépendance ou son impartialité ou de soulever des doutes sérieux sur celles-ci. Elle est notamment tenue de communiquer des renseignements sur les intérêts financiers, professionnels et autres intérêts actifs ainsi que sur les prises de position personnelles et l'emploi ou les intérêts familiaux. Les recours sont portées devant une instance permanente créée en 1994: l'Organe d'appel. Les décisions obligatoires et contraignantes pour tous les membres. Toute décision finale de l'Organe d'appel ne peut être annulée que par une décision unanime de l'ORD. En effet, au titre de l'article 2.4, la règle générale veut que l'ORD prenne ses décisions par consensus c'est-à-dire, lorsqu' aucun membre présent à la réunion ne s'oppose formellement à la décision proposée.

B Fonctionnement

Le système de règlement des différends est de nature sui generis car il s'agit d'une procédure à mi-chemin entre la négociation diplomatique et le règlement juridictionnel dont les principales étapes sont:

1 L'établissement du groupe spécial

- Première étape: les consultations (jusqu'à 60 jours). Avant de prendre d'autres mesures, les parties au différend doivent discuter entre elles pour savoir si elles peuvent arriver à s'entendre. Si ces discussions n'aboutissent pas, elles peuvent aussi demander au Directeur général de l'OMC d'intervenir comme médiateur ou de toute autre manière.

- Deuxième étape: le groupe spécial (le délai prévu pour l'établissement d'un groupe spécial est de 45 jours et le groupe a six mois pour achever ses travaux). Si les consultations n'aboutissent pas, le pays plaignant peut demander l'établissement d'un groupe spécial. Le pays incriminé peut l'empêcher une première fois, mais lors d'une deuxième réunion de l'Organe de règlement des différends (ORD), il n'est plus possible d'y faire opposition (sauf s'il y a consensus contre l'établissement du groupe spécial). Le groupe spécial a officiellement pour tâche d'aider l'ORD à énoncer des décisions ou recommandations, mais comme son rapport ne peut être rejeté que par consensus à l'ORD, il est difficile d'infirmer ses conclusions. Les constatations du groupe doivent être fondées sur les accords invoqués. Le rapport final du groupe spécial doit en principe être communiqué aux parties au différend dans un délai de six mois. En cas d'urgence, notamment lorsqu'il s'agit de produits périssables, ce délai est ramené à trois mois. Le Mémorandum d'accord énonce en détail les procédures de travail des groupes spéciaux. Les principales étapes sont les suivantes:

2 Procédures de travail des groupes spéciaux

- Avant la première réunion: chaque partie au différend expose par écrit au groupe spécial ses arguments.

- Première réunion -- les arguments du plaignant et ceux de la défense: le ou les pays plaignants, le pays défendeur, et ceux qui ont déclaré avoir un intérêt dans le différend, présentent leurs arguments à la première réunion du groupe spécial.

- Réfutations: les pays concernés présentent des réfutations écrites et des arguments oraux à la deuxième réunion du groupe spécial.

- Experts: si une partie soulève des questions de caractère scientifique ou technique, le groupe spécial peut consulter des experts ou désigner un groupe d'experts chargé d'établir un rapport consultatif.

- Avant-projet de rapport: le groupe spécial remet aux deux parties les sections descriptives (éléments factuels et arguments) de son projet de rapport et leur donne un délai de deux semaines pour présenter leurs observations. Ce rapport ne contient pas les constatations et conclusions.

- Rapport intérimaire: Le groupe spécial soumet ensuite un rapport intérimaire comprenant ses constatations et conclusions aux deux parties, qui disposent d'un délai d'une semaine pour demander un réexamen.

- Réexamen: La phase de réexamen ne doit pas dépasser deux semaines. Pendant cette période, le groupe spécial peut tenir d'autres réunions avec les deux parties.

- Rapport final: Un rapport final est transmis aux deux parties et, trois semaines plus tard, il est distribué à tous les membres de l'OMC. Si le groupe spécial conclut que la mesure commerciale incriminée est effectivement contraire à un Accord de l'OMC ou à une obligation dans le cadre de l'OMC, il recommande que la mesure soit rendue conforme aux règles de l'OMC. Il peut suggérer comment procéder à cette fin.

- Le rapport devient une décision: Le rapport devient, dans les 60 jours suivants, une décision ou recommandation de l'Organe de règlement des différends, à moins qu'il n'y ait consensus pour le rejeter. Les deux parties peuvent faire appel du rapport (et il est arrivé qu'elles le fassent l'une et l'autre).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote