2.1- APPROCHE NOTIONNELLE OU
DEFINITION DES CONCEPTS.
Pour une bonne investigation dans la démarche de la
sociologie de l'éducation qui consiste à étudier le
phénomène social portant sur les stéréotypes
sociaux et leur incidence sur la scolarisation de la jeune fille dans
l'arrondissement de Mora, il est judicieux que nous en définissions les
concepts-clé.
En effet, étant donné que les concepts ou les
mots désignent dans des contextes différents des choses
différentes, il convient de préciser leurs contours afin que le
sujet de la recherche soit éloigné de toute confusion. Par
là, nous rendons le sujet plus intelligible, clair, précis et
pratique. Dans la même optique, Durkheim (1968 :13) pense que :
«la première démarche du sociologue est de
définir les choses dont il traite afin que l'on sache bien de quoi il
est question, c'est la première et la plus indispensable condition de
toute preuve et de toute vérification». Dans le présent
travail, nous définirons tour à tour les concepts de
stéréotypes sociaux, d'achèvement du cycle primaire.
2.1.1- Stéréotypes
sociaux
L'étude des stéréotypes sociaux est l'un
des champs d'investigation majeurs de la psychologie sociale cognitive. Cette
dernière a émergé dans les années 70 comme un
nouveau paradigme en psychologie. Il semble qu'on doive le terme de
stéréotype à Lippmann (1922) qui voyait le
stéréotype comme un élément d'une tendance
universelle à regrouper les événements et les objets sur
la base d'une similarité. Lippmann (1922), cité par Fischer
(1996 :112) pense que : « la pratique du
stéréotype fait partie d'un mécanisme simplificateur qui
nous permet de gérer l'environnement réel, qui est à la
fois trop grand, trop complexe et trop évanescent pour une connaissance
directe ».
En effet, pour Fischer (1996 :113), ce terme
désigne «une manière de penser par clichés,
c'est-à-dire l'ensemble des catégories descriptives
simplifiées basées sur des croyances et par lesquelles nous
qualifions d'autres personnes ou d'autres groupes sociaux». En
d'autres termes, les stéréotypes sont un schéma cognitif
associé à l'un des critères tels que : l'apparence
physique, le sexe, l'identité religieuse, politique, ethnique, sexuelle,
critères qui définissent nos croyances et qui guident nos
jugements sur les groupes sociaux et sur leurs ensembles.
L'on se rend donc aisément compte que dans le cadre
de la différenciation sociale, le stéréotype est un
mécanisme de maintien des préjugés, ces derniers
étant une attitude évaluative et souvent négative à
l'égard des types de personnes ou des groupes, en raison de leur
appartenance sociale. Un préjugé est un jugement qui peut se
développer en dehors de toute expérience réelle et qui
s'exprime à travers un ensemble d'attitudes et de sentiments pour
caractériser des groupes, des individus ou des objets. Tout
préjugé englobe trois éléments : une dimension
évaluative souvent négative qui s'opère en dehors de toute
expérience avec la réalité en question ; des attitudes qui
sont aussi souvent négatives et portent un jugement défavorable
sur les personnes ou les groupes concernés ; des représentations
intergroupes fonctionnant sur un mode dichotomique et opposé pour
définir des relations réciproques.
De ce qui précède, il ressort que les
préjugés sont des jugements non fondés empiriquement qui
apparaissent lorsque les individus sont mis en présence d'autres
individus appartenant à des groupes différents
(Fischer,1996).cette définition de Fischer(1996 :118) est
d'ailleurs significative : « le préjugé
est une représentation acquise, qui s'apprend par
l'intériorisation des modèles parentaux. Par la suite,
l'influence des groupes, et du contexte social dans lequel nous vivons cultive
nos idées préconçues et les cultive »
La scolarisation est l'un des facteurs de formation des
préjugés (Fischer, 1996). En effet, la scolarisation
s'intègre dans l'ensemble des influences qui déterminent nos
pensées et nos actions, en fonction des contextes dans lesquels nous
sommes amenés à fonctionner. Pour renchérir ces propos,
Fischer (1996 :118) pense que : « les manuels scolaires
sont un relais privilégié d'apprentissage des
préjugés. Ils opèrent comme des équivalents
contemporains des fables anciennes venant ainsi façonner les esprits et
nourrir la pensée sociale ». Ces propos de Fischer (1996)
nous permettent de comprendre que la scolarisation est une forme de
développement des préjugés et de leur maintien.
Le stéréotype peut avoir un certain pouvoir
descriptif dans des sociétés traditionnelles, stables, à
faible taux de changement social. Les réalités sociales changent
plus vite que les stéréotypes portés sur elles.
Les stéréotypes sont un schéma cognitif
associé à l'un des critères tels que : l'apparence
physique, le sexe, l'identité religieuse, politique, ethnique, sexuelle,
critères qui définissent nos croyances et qui guident nos
jugements sur les groupes sociaux et sur leurs ensembles. Ceci s'explique par
le fait que nous n'avons pas assez de temps et de disponibilité pour
traiter la grande quantité d'information potentiellement disponibles
à propos de certains groupes sociaux.
Cependant, il faut noter le fait que les
stéréotypes fonctionnent aussi comme des justifications
idéologiques pour les asymétries de statut et le pouvoir dans les
rapports en groupe, ou sur un ensemble des modes opératoires socialement
transmis et qui définissent le rôle et les fonctions des membres
de groupe stéréotypés. C'est une représentation
à la fois commune au plus grand nombre de membres d'un groupe
(prototype).
De tout ce qui précède, l'on peut relever une
évidence : les stéréotypes et les
préjugés sont deux composantes d'un processus, la
catégorisation, qui consiste globalement à schématiser la
réalité sociale, c'est-à-dire à la découper
en catégories distinctes.
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