Contextualisation et variation de la langue française dans l'écriture littéraire au Cameroun: le cas de l'invention du beau regard de Patrice Nganang( Télécharger le fichier original )par Simplice Aimé Kengni Université de Yaoundé I - Maitrise en Lettres Modernes Françaises 2006 |
3.2 Les changements dans la connotation.La connotation se définit comme l'ensemble des significations qui s'ajoutent au sens dénoté d'un mot. Celle-ci l'enrichit de manière parfois inattendue, en fonction de la sensibilité et de la culture de l'émetteur, de celle du destinataire/récepteur, de l'environnement lexical (contexte) et du sens général d'un texte. Ainsi : Le domaine des connotations (pour un terme) dit Benveniste, c'est tout ce que ce terme peut évoquer, suggérer, expliciter, impliquer de façon nette ou vague chez des usagers. Ainsi, la connotation est une manière de substrat sémantique, de significations supplémentaires, qui se superposent à la fonction sémiotique ou dénotative.49(*) Il ressort que ces changements affectent des valeurs supplémentaires aux unités lexicales du français central. E. BILOA affirme qu'en français du Cameroun, les lexies qui étaient mélioratives ou non marquées en français central acquièrent une valeur péjorative.50(*) Plusieurs exemples ont été relevés dans notre corpus, portant sur les verbes, les substantifs et enfin sur les expressions. 3.2.1. Les verbes connotés.Les exemples répertoriés se présentent comme suit : 8) Oui, on devrait se féliciter que son activité véritable de commissaire n'ait plus consisté depuis longtemps en fait qu'à calculer la justesse des pots-de-vin. (P.36) 9) comment est-ce possible qu'une Sita ne veuille pas faire avec un policier ? (P.56) 10) la violence naît de la peur, et à ce moment dans son bureau du silence, [...], devant cette femme qui lui donnait, donnait et redonnait sans fin, D. Eloundou eut peur, et il fut donc violent. (P.56) Ces différents verbes portent d'une manière ou d'une autre des connotations dans l'IBR. Le sens ici ne peut être appréhendé que dans le contexte d'utilisation. Bien plus ces verbes émanent, pour la plupart, de l'usage vulgaire du français au Cameroun. Pour l'exemple 8, le verbe calculer n'a rien à voir avec des exercices arithmétiques ou de résolution de problèmes. L'emploi fait de ce dernier renvoie à l'expression guetter avec envie ou convoiter quelque chose avec beaucoup d'intérêt. Notre corpus met ici en relief le cas du personnage D. Eloundou, commissaire principal adjoint dans la police camerounaise et qui passe pour expert dans la corruption et quête de pots-de-vin. Les occurrences faire et donnait quant à elles s'inscrivent dans le registre de la sexualité. En clair, le verbe faire dans le contexte camerounais renvoie au fait pour une femme d'entretenir des rapports sexuels avec un homme. Tandis que le verbe donnait lui, signifie le fait qu'une femme consente de par ses gestes à entretenir des rapports sexuels avec un homme. Ce contexte de sexualité illégitime est présenté dans l'IBR comme l'apanage des agents de la police camerounaise qui profitent de leurs travaux nocturnes pour entretenir des liens coupables avec des femmes autres que leur épouse légitime. * 49 E. BENVENISTE, cité par G. MENDO ZE, « Introduction à la problématique ethnostylistique », in Langues et communication. Propositions pour l'ethnostylistique, n°4, Université de Yaoundé I, 2005, pp30-31. * 50 E. BILOA, op.cit, p.110 |
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