5.2.2.1 Sur les parts de marché et recettes
fiscales
Une étude faite en 2004 par la Direction du Commerce
Intérieur du Ministère Béninois du Commerce nous donne les
résultats que voici :
i) Estimation des parts de marché du secteur
formel et du secteur informel
Années
|
Ventes officielles d'essence
(en litre)
|
Ventes informelles d'essence
(en litre)
|
Total des ventes (en litre)
|
Part de marché des
ventes officielles (%)
|
Part de marché des
ventes informelles (%)
|
Total des part de marché
(%)
|
1998
|
208.129.300
|
23.185.606
|
231.314.906
|
89,98
|
10,02
|
100
|
1999
|
210.084.600
|
29.213.341
|
239.297.941
|
87,80
|
12,20
|
100
|
2000
|
130.239.100
|
137.367.904
|
267.607.004
|
48,67
|
51,33
|
100
|
2001
|
50.474.000
|
245.828.658
|
296.302.658
|
17,03
|
82,97
|
100
|
2002
|
51.332.800
|
258.623.381
|
309.956.181
|
16,56
|
83,44
|
100
|
2003
|
88.682.700
|
232.186.650
|
320.869.350
|
27,64
|
72,36
|
100
|
2004
|
91.104.581
|
244.984.926
|
336.089.507
|
27,11
|
72,89
|
100
|
Source : DCI/Ministère du Commerce
(1ère et 2ème colonnes) et
complétée par nous-mêmes
De cette étude, nous constatons que la part de
marché du secteur informel est très élevée, presque
plus de 2, 5 fois la part de marché du secteur formel (soit 72,89%) en
2004. C'est dire qu'aujourd'hui, l'ampleur qu'a prise ce commerce est si
inquiétante qu'il faut chercher à collaborer avec les acteurs du
secteur informel. Or les distributeurs informels ne supportent pas trop de
charges/coûts (électricité, eau, entretien de bureaux,
réparations ou acquisition des biens meubles et immeubles, etc.) comme
ceux qui sont formels.
Comme le dit Olivier WILLIAMSON dans la théorie des
coûts de transaction, les coûts d'accès au marché
(coût de recherche d'information sur les prix, coûts de
négociation, auxquels s'ajoute le poids de l'incertitude) surpassent les
coûts liés au fonctionnement d'une firme intégrée.
Donc les distributeurs formels investissent énormément pour leur
installation. Il va falloir qu'ils arrivent à rentabiliser leurs
investissements. Voilà qu'ils n'ont qu'une infime part
de marché (27,11%) par rapport aux distributeurs informels qui ont une
part de marché très importante (72,89%) alors que ceux-ci n'ont
pas investi autant que ceux-là.
Il faut donc une révolution dans le secteur des
produits pétroliers. L'Etat ne peut rester impuissant face à la
disparition à long terme des sociétés
agréées. Les modes d'organisation que WILLIAMSON appelle
structures de gouvernance sont aujourd'hui indispensables pour contribuer
à mettre de l'ordre sur le marché des hydrocarbures.
Bien vrai des conflits naîtront dans le processus qui
conduira à une telle réforme.
Mais dans la théorie de l'agence, Nicolas CURIEN dit
qu'il ne sert à rien de focaliser toute l'attention sur les conflits qui
naîtront de toutes façons. Il faut plutôt les limiter et
chercher avant tout à se consacrer à ce qui peut permettre de
créer les conditions d'une coopération profitable à toutes
les parties prenantes.
ii) Estimation des recettes fiscales issues du
marché de l'essence
Années
|
Ventes officielles d'essence
(en litre)
|
Ventes informelles d'essence
(en litre)
|
Taxes perçues par l'Etat
/litre d'essence vendu (en FCFA)
|
Montant total des taxes perçues
par l'Etat (en FCFA)
|
Montant total des taxes échappant
à l'Etat (en FCFA)
|
1998
|
208.129.300
|
23.185.606
|
51,32
|
10.681.195.676
|
1.189.885.278
|
1999
|
210.084.600
|
29.213.341
|
51,32
|
10.781.541.672
|
1.499.228.685
|
2000
|
130.239.100
|
137.367.904
|
86,94
|
11.323.530.017
|
11.943.337.908
|
2001
|
50.474.000
|
245.828.658
|
98,34
|
4.963.486.975
|
24.174.175.643
|
2002
|
51.332.800
|
258.623.381
|
79,21
|
4.066.156.643
|
20.485.989.019
|
2003
|
88.682.700
|
232.186.650
|
79,84
|
7.080.064.442
|
18.536.814.371
|
2004
|
91.104.581
|
244.984.926
|
89,40
|
8.144.749.541
|
21.901.652.371
|
Source : DCI/Ministère du Commerce
(1ère et 2ème colonnes) et
complétée par nous-mêmes
De ce tableau (ii) qui précède, nous constatons
que non seulement les distributeurs formels perdent beaucoup de parts de
marché au fil des ans, mais aussi l'Etat
enregistre une perte énorme en matière des recettes
fiscales qu'engendrent les ventes informelles, soit environ 22 milliards (en
2004).
Nous sommes convaincu que si l'ancienne stratégie de
lutte contre la vente aux abords des voies cesse pour laisser place à
une nouvelle vision pour le secteur des hydrocarbures (mise en place d'un cadre
institutionnel), le marché se porterait mieux et tous les acteurs
pourront vivre dans un environnement plus sain. Il est urgent de mettre en
oeuvre d'autres nouvelles formes d'organisation si l'on veut voir ce secteur
informel contribuer efficacement au développement
socio-économique du Bénin.
|