2. La rencontre des entrepreneurs agriruraux du 1er
juillet 2010 : un moyen pour faciliter l'insertion territoriale et sociale
Des entretiens CreActE réalisés auprès
des créateurs d'entreprises agrirurales, il est ressorti un sentiment
d'isolement de ces derniers, par rapport au reste de la profession agricole ;
ils avouent que l'échange d'informations entre professionnels est
nécessaire pour progresser sur leur exploitation. On ressent le
même besoin du coté des porteurs de projets qui sont aussi
demandeurs d'échanges sur des expériences professionnelles
concrètes.
Du coté de la Maison des Services des Monts du Forez,
une problématique ressortait en juin 2010, qui était de maintenir
dans le temps la mobilisation des porteurs de projets rencontrés lors
des entretiens CreActE et intéressés par la semaine de l'accueil
en octobre.
Cette partie pose également la question du rôle
que doit jouer un agent de développement généraliste. Dans
la mesure où il ne peut pas forcément répondre à
des questions techniques, il agit souvent comme une porte d'entrée qui
ré-oriente les entrepreneurs vers les structures compétentes ;
ayant une connaissance fine du territoire en raison de la veille territoriale
qu'il y mène, il a aussi pour rôle d'établir des liens
entre les diverses connaissances qu'il a. Dans le cadre agrirural, on peut
notamment se demander s'il n'a pas pour rôle de faire du lien entre les
entrepreneurs et de créer des synergies au niveau du territoire, afin de
favoriser la pérennité des systèmes et l'insertion
territoriale des créateurs d'entreprise. Nous l'avons vu : la mise en
place de dynamiques culturelle et sociale sur un territoire n'y favorise pas
forcément la création de richesses sur le court terme. Toutefois,
elle est nécessaire au renforcement de l'attractivité du
territoire, pour faciliter l'insertion territoriale et sociale du
créateur d'entreprise agrirural et pour favoriser la
pérennité du système face au mépris des locaux pour
la notion d'agriruralité.
Ainsi, parce que la mise en place de telles dynamiques ne
peut pas être impulsée par un seul entrepreneur rural, il sera
indispensable de dynamiser les réseaux humains et professionnels en
créant des synergies locales.
Ce sont ces constats et ces interrogations qui nous ont
conduits à organiser une rencontre agrirurale le 1er juillet 2010 en fin
de journée (de 17h30 à 20h00), à la ferme de la Gilbernie
(commune de Noirétable).
L'idée était d'aménager un temps
d'échange convivial et productif autour d'un goûter à la
ferme, dans le but de travailler deux points :
- La confortation d'un "réseau technique
relationnel" entre porteurs de projets et les créateurs d'entreprises
agrirurales ;
- Le repérage des besoins des porteurs de projets
agriruraux, en vue d'adapter le programme de la semaine de
l'accueil.
Pour ce faire, il s'agissait de mobiliser :
- Cinq porteurs de projets qui se sont montrés
intéressés par la semaine de l'accueil ;
- Trois ou quatre créateurs d'entreprises
nouvellement installés ;
- L'ADASEA du Puy de Dôme afin d'identifier des
porteurs de projets limitrophes qui sont dans des
démarches d'installation ;
- Le PNR Livradois Forez afin de mettre en
évidence des créateurs d'entreprises limitrophes ;
- Quelques étudiants de Roanne Chervé.
La rencontre agrirurale s'est déroulée comme suit
:
Tableau 9 : Déroulement de la journée
agriruale
Horaire
|
Étapes de la rencontre
|
Objectifs
|
17 h 30
|
Accueil et dégustation de produits locaux Phase
d'échanges
|
Créer du lien, un réseau entre porteurs de
projets souhaitant s'installer dans la région (en agri-rural)
|
18 h
|
Visionnage de la vidéo de présentation du
territoire de la Communauté de Communes des Montagnes du Haut-Forez
|
Présenter le territoire et donner envie, faire
réagir les porteurs de projet sur ce territoire et les
opportunités d'installation
|
18 h 10
|
Intervention de Joël FORTUNIER, créateur
d'entreprise agrirurale depuis 1982 : présentation de son
activité, de l'historique de son exploitation, discussion sur
l'intégration locale
|
Instaurer une réflexion et un débat sur les
installations en agri-rural (ou système atypique) sur le territoire.
Repérer les besoins des candidats en terme de réseau
|
18 h 45
|
Visionnage de la vidéo sur la semaine de l'accueil
2009
|
Mobiliser les porteurs de projet pour la semaine de l'accueil
en octobre. Repérer leurs attentes et leurs disponibilités
|
19 h
|
Intervention d'un autre créateur (roses et
maraîchage ?) sur son parcours et la mise en place d'un réseau
|
Repérer les freins à l'installation en milieu
rural ainsi que des besoins des porteurs de projet ? plan d'action et programme
de la session d'accueil
|
|
Source : Lucile REBOUL - David COMMEAT - juin
2010
David COMMEAT a animé le temps d'échange, Lucile
REBOUL et Marie-Laure SOULIER ont encadré la rencontre.
Au travers cet échange, il s'agissait de
réinvestir les outils d'animation et de présentation du
territoire (vidéos du territoire) que nous avons vu plus haut.
Il s'agissait aussi de créer une miniature de la Semaine de
l'accueil spécialisée sur l'agiruralité pour permettre la
rencontre des entrepreneurs agriruraux et favoriser la création de
dynamiques locales.
Il faut reconnaitre que ce temps de partage
d'idées n'a pas permis d'atteindre tous les objectifs fixés.
Lors de la mobilisation des entrepreneurs agriruraux pour cette
rencontre, cinq entrepreneurs s'étaient engagés à
être présents, en revanche seuls deux d'entre eux avaient
répondu favorablement à notre invitation, les autres
étaient pris par diverses activités agrirurales liées
à la saison (organisation de diners agriruraux, livraisons...). Au
final, deux créateurs d'entreprises agrirurales ont participé
à la rencontre alors qu'un seul porteur de projets agrirural avait fait
le déplacement. Par la suite, seul un couple s'est excusé de
n'avoir pu assister à la rencontre en raison d'un empêchement
personnel.
Ainsi, cette rencontre décevante, laisse
apparaitre le fait que les créateurs d'entreprises sont très
consciencieux et intéressés par ce type d'initiatives toutefois,
leur temps est compté
notamment en période estivale. En revanche, en
ce qui concerne les candidats à l'installation, étant
donné que leurs projets sont encore flous et qu'ils ne connaissent pas
encore le lieu de leur implantation, ils ont moins tendance à
s'impliquer dans des initiatives locales.
Ce constat autorise à poser la question suivante :
faut-il, au final, véritablement tout faire pour lever les freins
à l'installation et faciliter l'intégration des porteurs de
projets?
En effet, on peut se demander si finalement les freins que
rencontrent les porteurs de projets, tant au niveau foncier, qu'au niveau
juridique et au niveau de leur intégration ne sont pas un passage
obligé pour les faire murir avant qu'ils ne deviennent des
créateurs d'entreprises responsables.
|