II -Les pouvoirs
accordés à l'odeur diffusée
1. Les spécificités
associées aux senteurs d'ambiance
Certains pouvoirs sont attribués aux odeurs par
l'homme : un pouvoir de discrimination, un pouvoir curatif ou
mortifère et un pouvoir de transport. Ces pouvoirs peuvent être
rattachés à certaines pratiques.
1.1. Le pouvoir de discrimination des
odeurs
Généralement, on désigne les odeurs que
par leurs causes (odeur de jasmin, de rose, de musc) ou par leurs effets (odeur
agréable, désagréable, appétissante etc.). Les
odeurs deviennent le médiateur privilégié des
mystères du monde qui nous entoure puisque leur mode de propagation
reste obscur. L'odeur contribue à la séduction qu'exercent les
choses et les êtres, en plus elle facilite la distinction entre ce qui
est acceptable ou rejeté (Daucé, 2000). « En
effet, les religions font très souvent référence aux
odeurs lorsqu'il s'agit de matérialiser la communication avec
l'au-delà ou d'établir la barrière entre le Divin et le
Mal. Le Divin et le Bien se caractérisent par les bonnes odeurs ;
les saints et les saintes ont une odeur « odeur de
sainteté », signe pour les vivants de l'élection. Au
contraire, le Mal est synonyme de miasme et sent le souffre »
(Daucé, 2000, p.87).
Les odeurs ont un pouvoir de discrimination permanent et cela
en dépit de la levée de certains mystères. En effet, le
nez permet de servir de vigie et d'intervenir dans les jugements que nous
portons sur ce qui nous entoure. Le nez nous trahit rarement : il
diffère de la vue qui peut nous tromper et nous donner l'illusion de
l'excellence.
Très souvent, la présence de quelques flairs
suffit pour juger du confort ou de la propriété d'un lieu :
l'odeur permettra au client de s'assurer que le ménage a
été bien fait. Certaines odeurs peuvent procurer à un lieu
une autre dimension (Daucé ,2000).
1.2. Le pouvoir curatif ou mortifère des
odeurs
Cette idée est renforcée par la constatation que
le nez offre un lien direct sur le cerveau. Il faut donc lui éviter
toute odeur susceptible de le corrompre.
Pour se sentir bien, il faut
sentir.
Une dimension hédoniste qui est présente dans
ces nouvelles pratiques. Un passage de la lutte contre les mauvaises odeurs au
désir de programmer olfactivement notre environnement pour ne
soumettre à notre appendice nasal que des odeurs agréables qui
sont choisies en fonction de leurs propretés thérapeutiques.
Cette quête hédoniste est également liée à
un autre pouvoir des odeurs. Elles ont la capacité de transporter
l'esprit dans le temps et l'espace (Fanlo, 2003).
1.3. Le pouvoir évocateur des
odeurs :
La capacité des odeurs à évoquer des
souvenirs et susciter des émotions est une notion largement
étudiée par la littérature. Cette particularité en
fait le médiateur privilégié du monde réel. Elles
transforment les pulsions en valeur personnelle ou sociale positive (le
subliment), le font rejaillir quand on s'y attend le moins (Daucé,
2000).
Enraciner l'être humain dans le monde et lui faire
oublier le temps qui passe est un pouvoir puissant des odeurs. Avec une odeur
diffusée, c'est tout un monde qui prend possession de notre corps, le
livrant au temps et à l'espace comme si toutes les frontières
étaient abolies (Royet et al. 2000).
|