5.1.2 Développements académiques
subséquents
Ce modèle a connu plusieurs apports académiques
qui sont venus le préciser. Ils peuvent se résumer en trois
grandes familles. La première s'intéresse aux marchés
incomplets12 en ce sens que le transfert des risques n'est pas
optimal et de l'incitation à négocier dans ces conditions. La
deuxième se concentre sur la méthode d'acquisition d'informations
en la considérant endogène aux marchés13. Le
troisième se penche d'avantage sur le mode de formation des
anticipations et de leur qualité.
5.1.2.1 Complétude des marchés et
efficience informative
La dimension d'incomplétude permet en
réalité de ne pas intégrer le recours à des
substituts pour se concentrer sur l'effet d'une transaction
privilégiée sur un seul et unique segment de marché. Si
cette dernière est effectivement privilégiée, elle rend
les prix plus informatifs car elle les influence de facto. Cette situation
permet-elle de faire coexister transactions informées avec des prix plus
informatifs ?
12 COURY T, << Informational efficiency, Trade
and Incomplete markets >>, Cornell University, 2002
13 LITVINOVA, OU-YANG, << Endogenous Information
Acquisition: a revisit of the Grossman-Stiglitz model>>, Duke University,
2002
Dans une condition d'incomplétude, les deux peuvent
coexister : il n'y aurait pas de liens entre le bruit, le volume des
transactions et les informations clés. Voilà donc le paradoxe
amoindri dans des conditions spécifiques toutefois peu applicables aux
marchés des changes reconnus pour leur complétude, à
l'exception de ceux d'économies émergentes. La spéculation
dans ces derniers peut de facto pleinement exister.
Une autre approche de l'incomplétude des marchés
dans leur rôle de transfert des risques a été
développée par Grossman14. Il ne s'agit pas de
considérer les marchés comme incomplets selon le critère
des instruments et des transactions possibles mais de considérer que les
actifs financiers ne fournissent pas le flux financier nécessaire pour
répondre de manière durable et optimale aux fonctions
d'utilité des agents. Ces derniers investissent pour maintenir
intertemporellement leur consommation. Théoriquement ceci se fait au
moyen des flux financiers générés par les actifs
détenus.
Or ces derniers sont défaillants car ils ne permettent
pas une juste répartition complète des risques entre les agents :
le flux financier espéré d'un actif n'est pas constant.
Détenir un actif jusqu'à son terme est vain. Les agents sont donc
amenés à effectuer plus agressivement des transactions sur les
marchés. Ceci modifie les termes présidant à l'offre et
à la demande des actifs donc les prix. Cette situation renvoie au
concept de prix « allocatif » évoqué
antérieurement qui intègre les mouvements de prix
résultant de ces changements dans l'allocation d'actifs des agents. Ce
bruit supplémentaire accroît l'inefficience potentielle des prix
en tant que pourvoyeur d'information. Il est donc impératif pour le
spéculateur de pouvoir déterminer si les variations de taux
relèvent d'un mouvement d'allocation ou de la révélation
d'une information fondamentale, rendant plus impérieuse la
nécessité d'être supérieurement informé.
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