2. Le seuil relatif de pauvreté
En référence à la définition de la
notion de pauvreté relative définie plus haut, le seuil de
pauvreté relative est évalué par rapport à une
source prédéfinie. Très couramment, il est utilisé
le principe qui suit : il est fixé à une proportion égale
à la moyenne arithmétique ou à la
médiane20 de la répartition de la consommation voire
du revenu, par exemple le quintile des dépenses moyennes. Une fois cette
proportion fixée, les sujets au-dessous du premier quintile sont
considérés comme relativement pauvres alors que ceux qui sont
situés au-dessus de ce même quintile sont non pauvres. Le seuil de
pauvreté relative induit une propriété intéressante
d'invariance de la mesure de la pauvreté. En effet, la mesure de la
pauvreté ainsi réalisée ne subit aucun impact par un
doublement de la distribution de tous les revenus et du seuil de
pauvreté, puisque le seuil de pauvreté croît avec le revenu
dans la même proportion. Notons que la propriété reste
valable avec la répartition de la consommation. Par contre, il sied de
préciser que cette propriété est non valide dans le cas de
la pauvreté absolue pour laquelle l'accroissement du revenu ou de la
consommation impacte différemment le seuil de pauvreté.
Nonobstant cette nuance, il est souvent reconnu que c'est d'un
grand intérêt que d'utiliser conjointement les deux seuils de
pauvreté (absolue et relative) pour s'offrir un moyen direct de
déterminer des seuils de pauvreté multiples via des comparaisons
de pauvreté. De même, il est opportun, pour deux dates distinctes
données, de comparer différemment les fluctuations des
pauvretés absolue et relative. Ainsi, l'on s'aperçoit que ces
deux seuils appellent les notions de pauvreté absolue et de
pauvreté relative.
1.3.2.2 Pauvreté absolue et pauvreté
relative
La pauvreté absolue apparaît lorsqu'un individu,
un foyer ou un ménage, ne dispose pas des attributs
considérés comme ceux du bien-être. Les seuils de
pauvreté élaborés à partir des données
relatives à la consommation des individus et des ménages
où l'on construit une ligne de pauvreté normative au-dessous de
laquelle les individus et les ménages sont considérés
comme pauvres, relèvent d'une approche absolue. Bien entendu, il
convient de distinguer deux cas. Dans l'approche par les besoins de base, la
pauvreté absolue renvoie à un seuil de pauvreté
(exprimé en valeur absolue) et correspond à la
potentialité de combler des besoins minimaux. Ensuite, de la même
manière, en ce qui concerne l'approche absolue par le revenu, un sujet
est qualifié d'absolument pauvre si son revenu est au-dessous d'un seuil
de
20 Par rapport à cette caractéristique
de tendance centrale, de nombreux pays utilisent aussi un seuil de
pauvreté qui correspond à environ 50% de la dépense
médiane nationale.
pauvreté normatif défini à partir des
revenus de la population. Cette approche trouve ainsi sa
légitimité dans un consensus autour d'une norme sociale reconnue
comme illustrative d'un minimum vital. Il s'agit par exemple des seuils
suivants : seuil calorique de 2400 Kcal par jour et par personne, seuil de 1$
par personne et par jour (Banque Mondiale, 1984).
La pauvreté relative s'intéresse aux
différences relatives entre sujets (individus ou ménages) d'une
même communauté. Elle est variable et change de nature à
l'intérieur même de la communauté ou du groupe social
soumis à l'étude. Elle peut donc se retrouver dans n'importe
quelle couche sociale d'un groupe, aussi bien chez les «pauvres» que
chez les «non pauvres». L'on désigne par conséquent
sous le vocable de pauvreté relative des personnes qui sont moins bien
loties que les autres membres de la communauté. En termes de revenu, une
personne est relativement pauvre si elle appartient à un groupe
considéré comme à faible revenu. En revanche, en termes de
besoins de base, la personne sera considérée comme relativement
pauvre si elle fait partie d'un groupe moins accessible à un minimum de
biens et services jugés de base à l'atteinte d'une certaine
qualité de vie.
C'est à l'aide de ces seuils de pauvreté que les
analystes essayent de discriminer les groupes de population en
«pauvres», «non pauvres», .... L'analyse qui en
résulte est souvent qualifiée de profil de pauvreté ;
concept qui est défini à la section suivante.
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