1.3. 2 Concepts de ligne et de profil de pauvrete
Mesurer et analyser la pauvreté nécessite le
choix d'une ligne de pauvreté séparant les « pauvres »
et les « non pauvres ». Cette ligne peut être absolue ou
relative. L'on parle ainsi de pauvreté absolue et de pauvreté
relative. La finalité ici est d'élaborer un profil de
pauvreté.
1.3.2.1 La notion de seuil de pauvreté
Il est communément appelé seuil de
pauvreté (ou ligne de pauvreté), une ligne de bien-être
prédéfini, que l'on considère comme la frontière
qui sépare les pauvres des non pauvres. Tout sujet ayant un niveau
de bien-être (revenu, consommation, niveau d'accessibilité
à certaines commodités de base comme l'éducation, la
santé, le travail, ...) inférieur à la ligne de
pauvreté fera donc partie des pauvres. Nous parlerons dans cette section
de deux seuils de pauvreté rencontrés dans la littérature
et conçus sous l'impulsion de la Banque mondiale : seuil absolu d'une
part et seuil relatif d'autre part.
1. Le seuil absolu de pauvreté
Le seuil absolu de pauvreté est classiquement
présenté en deux grandes catégories : la catégorie
des seuils de pauvreté à des fins de comparaisons internationales
et la catégorie des seuils nationaux de pauvreté. Parmi les
seuils de pauvreté destinés aux comparaisons internationales le
plus usité est celui calculé par la Banque Mondiale, à
l'aide de la consommation ; il est égal à 1 dollar (en
parité de pouvoir d'achat, ou PPA de 1985) par jour et par personne. En
principe, chaque année, la Banque Mondiale élabore un seuil de
pauvreté absolue en convertissant le seuil de pauvreté d'au moins
30 PVD en PPA aux prix de 1985, puis, retient comme nouveau seuil de
pauvreté absolue la médiane des dix (10) seuils de
pauvreté en queue. En définitive, le nouveau seuil de
pauvreté absolue choisi a un pouvoir d'achat similaire à celui de
1 dollar par jour en PPA aux prix de 1985.
Les seuils de pauvreté nationaux sont
confectionnés par chaque pays. Sachant que le problème de
développement en Afrique et dans la presque totalité des pays du
tiers monde reste la famine, les PVD qui ont essayé d'élaborer
des seuils de pauvreté l'ont construit autour d'une approche
alimentaire. Nous allons présenter trois modes d'évaluation de ce
seuil de pauvreté absolue vu sous l'optique alimentaire.
a) Méthode du coût des besoins
essentiels
Ici sont déterminées une composante alimentaire
et une composante non alimentaire. La composante alimentaire est fonction d'un
panier de biens de consommation. C'est ce panier qui est valorisé pour
accéder à la quantité de calories fixées par le
seuil calorique
retenu19. La composante non alimentaire est
estimée par exemple en se donnant a priori une fonction de demande de
denrées alimentaires ( si ) sous la forme d'une
fonction linéaire du rapport entre les dépenses totales
xi (alimentaires et non alimentaires) et la composante
alimentaire ( za ) du seuil de pauvreté. Notons i un
ménage donné et åi le terme d'erreur
:
x
- la fonction de demande de denrées alimentaires est :
si =a + fi ln( i) +
åi Avec á et
za
(3 des coefficients à estimer. L'ordonnée
à l'origine (a) est la valeur estimée sans biais de la proportion
de la consommation alimentaire moyenne des ménages qui se situent tout
juste au niveau du seuil de pauvreté, c'est- à- dire ceux pour
lesquels x i= za ;
- La composante non alimentaire ( za ) du
seuil de pauvreté est déduite comme suit :
za = za -
áza za = (1 -
á)za ;
- Le seuil de pauvreté absolue au niveau national est
alors : z = z a + za Notons
qu'un inconvénient majeur de cette méthode
réside dans le fait qu'en pratique le choix des composantes alimentaire
et non alimentaire de l'ensemble considéré est arbitraire.
b) Méthode de l'équilibre
calorique
La technique de l'équilibre calorifique ou apport
énergétique alimentaire est fondée sur une dépense
de consommation qui permettrait uniquement à une personne de se procurer
une quantité de nourriture suffisante pour satisfaire un besoin
calorique prédéterminé. L'on estime ainsi la
quantité d'énergie alimentaire absorbée à partir de
la consommation des ménages convertie en équivalents adultes.
c) Méthode de la ration alimentaire
Cette technique consiste à évaluer le budget
alimentaire permettant d'acheter des éléments nutritifs en
quantité tout juste suffisante. Dans la pratique, il est souvent
supposé d'obtenir le seuil de pauvreté de telle manière
que la consommation totale corresponde au triple du niveau du coût des
nutriments essentiels. Cela est tributaire d'un biais et constitue
l'inconvénient majeur de cette méthode : le seuil de
pauvreté est surestimé car les sousgroupes pour lesquels les
niveaux de consommation réelle ou de revenus enregistrés sont
plus élevés consacrent en général une part moins
importante de leur budget à la consommation.
19 Il peut valoir (en Kilot calories), selon les pays
2000, 2200, 2400, etc. La valorisation tient compte du coût d'une ration
alimentaire de base, aussi bien pour les principaux groupes d'âges que
pour les deux sexes.
|