4. 2. 2 Les options econometriques, resultats et
interpretation
Il est présenté ici, les options
économétriques et les résultats de la
modélisation.
4.2.2.1 Options économétriques
L'approche économétrique des déterminants
de la pauvreté infanto-juvénile avec le
modèle probit se réfère à
l'équation (I). Fondée sur l'enfant comme unité d'analyse,
l'on sait qu'il est plus aisé de maximiser l'équation (II)
ci-après, laquelle équivaut au même modèle, mais
cette fois sous la forme latente.
p i = âi
Xi + âm X m + â
c Xc + u i
*( II)
Où, X i , X m
,X c garde la même signification que dans
l'équation (I), de même que ui se
réfère toujours au terme aléatoire, et :
p i
|
1 si p i >c 0 si p
i=c
|
Avec : c = nombre réel, limite de tolérance
rapportée à la variable latente *
yi , elle-même se
rapportant au risque de pauvreté
infanto-juvénile.
Notons que56 :
--> les coefficients estimés seront jugés
significatifs à travers la statistique du test du ratio de vraisemblance
: le Likelihood Ratio Test (LRT);
--> les observations d'un même contexte étant
souvent fortement corrélées (par exemple, il est simple de voir
que l'IRM est une combinaison linéaire de type de logement, eau potable,
etc.), l'on tiendra compte de cette interaction sans laquelle la recherche des
déterminants de la pauvreté infantile par le modèle probit
conduirait à une sous-estimation de l'inertie des coefficients du
modèle et donc à une perte d'information. Ce
phénomène (nommé multicolinéarité) sera
testé via les statistiques de Klein/VIF/Glauber (automatiquement). De
même, l'évaluation de la qualité du modèle sera
faite en estimant soit le nombre de fausses prédictions (nfp) soit le
nombre d'unités bien classées (% ubc) ;
- Une fois la multicolinéarité levée, il
sera procédé à une application systématique de
la correction d'hétéroscédasticité de
Huber (1967)/White (1980), car l'on suppose que l'effet taille de
l'échantillon pourrait altérer la robustesse du modèle.
56 Toutes ces indications sur les tests sont
explicitées en encadré F.3 de l'annexe F.
4.2.2.2 Résultats et interprétation
Le tableau 4.7 ci-après donne les résultats des
estimations probit du risque de pauvreté
infanto-juvénile, notamment les coefficients de
régression et les effets marginaux.
Tableau 4.7 : Coefficients de régression et effets
marginaux des estimations Probit
Dependent Variable : Partition from score_ICP
Method : Binary Probit of Newton-Raphson
|
|
|
|
Variable
|
Coeff
|
Std.Error
|
t-Stat
|
Prob.
|
Effet marg.
|
Const.
|
-3.5931
|
1.2402
|
-2.8971
|
0.0038
|
-0.0738*
|
Sexe enfant/féminin
masculin
âge enfant/3-4 ans révolus
|
-0.0578
|
0.0238
|
-2.4285
|
0.0012
|
-0.0212*
|
0 ans révolus
|
-0.4079
|
0.0608
|
-6.7038
|
0.0011
|
-0.1390*
|
1-2 ans révolus
|
-0.4042
|
0.0541
|
-7.4730
|
0.0019
|
-0.1297*
|
IRM/plus riches plus pauvres
|
-2.1482
|
0.1057
|
-20.3210
|
0.0000
|
-0.2028*
|
pauvres
|
-0.1677
|
0.0384
|
-4.3722
|
0.0411
|
-0.0553*
|
moyen-pauvres
|
-0.1100
|
0.0482
|
-2.2830
|
0.0417
|
-0.0254*
|
riches
|
-0.0281
|
0.3513
|
-0.0800
|
0.1139
|
-0.0098
|
Qualité logement/traditionnelle
moderne
|
3.4667
|
0.2402
|
14.4334
|
0.0000
|
0.0666*
|
IPL/4-6 personnes par pièce
|
|
|
|
|
|
0-1 personne par pièce
|
-0.2388
|
0.3326
|
-0.7179
|
0.1660
|
-0.0019
|
2-3 personnes par pièce
|
0.6540
|
1.8031
|
0.3627
|
0.2707
|
0.0014
|
Lieu d'aisance/sans wc wc
moderne
|
2.3035
|
0.5922
|
3.8898
|
0.0000
|
0.0226*
|
wc traditionnel
|
-1.0930
|
0.3691
|
-2.9613
|
0.0000
|
-0.0989*
|
Gestion wc/privé collectif
|
-0.1407
|
0.1055
|
-1.3335
|
0.1824
|
-0.0402
|
Sel iodé/> 15 ppm sel
0 ppm
|
0.2406
|
0.2572
|
0.9355
|
0.1340
|
0.0465
|
sel < 15 ppm
|
0.2100
|
0.2819
|
0.7449
|
0.1337
|
0.0501
|
Source eau/insalubre salubre
|
1.2135
|
0.1051
|
11.5505
|
0.0000
|
0.0963*
|
Temps approvisionnement Eau/> 30 mn
|
|
|
|
|
|
<= 30 mn
|
-0.1461
|
0.0999
|
-1.4612
|
0.1440
|
-0.0305
|
Niveau d'instruction
mère/supérieur analphabète
|
0.0013
|
0.0004
|
3.2500
|
0.0429
|
0.0001*
|
primaire
|
0.0246
|
0.0118
|
2.0804
|
0.0493
|
0.0145*
|
secondaire
|
0.0689
|
0.0381
|
1.8100
|
0.0721
|
0.0246**
|
ITAG/malnutris
sévèrement malnutris
|
-0.0097
|
0.2357
|
-0.0413
|
0.9671
|
-0.0024
|
Allaitement au sein/ « non »
oui
|
-0.0351
|
0.5397
|
-0.0650
|
0.9481
|
-0.0070
|
Micronutriment/« non vitaminé A
»
|
|
|
|
|
|
« vitaminé A »
|
0.5303
|
0.0839
|
6.3206
|
0.0039
|
0.0956*
|
Vaccination complète/« non »
|
|
|
|
|
|
« oui »
|
0.5096
|
0.0318
|
16.0250
|
0.0000
|
0.0985*
|
Assistance accouchement/non
assisté personnel santé
|
0.0027
|
0.0005
|
5.4002
|
0.0048
|
0.0011*
|
traditionnelle
|
-0.2357
|
0.0888
|
-2.6530
|
0.0044
|
-0.0056*
|
Domaine de résidence/Brazzaville
|
|
|
|
|
|
Pointe Noire
|
0.1301
|
0.0685
|
1.8992
|
0.0854
|
0.0396**
|
Nord Congo
|
0.0299
|
0.0151
|
1.9808
|
0.0222
|
0.0135*
|
Sud Congo
|
0.1219
|
0.0580
|
2.1017
|
0.0295
|
0.0294*
|
Mean dependent var
|
|
0.4223 = (1)
|
|
|
Log likelihood
|
-444.117
|
= vraisemblance logarithmique modèle
|
non contraint
|
Restr.log likelihood
|
-2919.982
|
= vraisemblance logarithmique modèle
|
restreinte
|
LRT [Prob.(LRT)]
|
4951.727
|
[0.000]= (2)
|
|
|
Khi-deux (Prob.)
|
4971,845
|
(0.000)= (3)
|
|
|
% ubc
|
|
84.79 % = (4)
|
|
|
Obs with Dep=0 2499 = effectif classe enfants «non
pauvres»
Obs with Dep=1 1827 = effectif classe enfants
«pauvres»
Total obs 4326 = taille de l'échantillon
/... = base ou modalité de
référence
t-stat = t statistique i.e, coefficient (coeff) par l'erreur
type (std.error)
Prob. = plus-value ; Effet marg. = effet marginal * =
significatif au niveau d'évidence 5 % au plus ** = significatif au
niveau d'évidence compris entre 5 % et 10 %
Source : Travaux de l'auteur sur l'EDSC-I
2005
Avant de procéder à l'interprétation de
ces résultas, nous faisons au préalable des remarques suivantes
:(r1) il ne faut pas perdre de vue que le risque de pauvreté
estimé par le modèle sera interprété en termes de
vulnérabilité, c'est-à-dire la probabilité existant
actuellement (ex anté) pour un enfant de se trouver à l'avenir
(ex post) en situation de pauvreté s'il ne l'est pas, ou d'y demeurer et
même s'y enfoncer davantage s'il l'est déjà ; (r2) il ne
faut pas également perdre de vue que la pauvreté
s'interprète plus aisément en termes de
«bien-être», surtout chez les enfants, ce qui suppose que les
expressions «rehausser le niveau de bien-être» et «baisser
le risque de pauvreté», sont équivalents .Il en est de
même pour les expressions « déterminant», «facteur
explicatif'' ; (r3) le modèle maximise une fonction de demande de
santé ; (r4) l'interprétation des paramètres du
modèle est faite par rapport aux modalités de
référence des différentes variables.
L'interprétation des résultats consignés
dans le tableau 4.7 ci-dessus est déclinée en deux parties
à savoir, les statistiques sur l'évaluation de la robustesse des
résultats (partie surlignée en gris), d'une part les coefficients
et les effets marginaux (respectivement sur les 2ème et
6ème colonne), d'autre part.
S'agissant des statistiques relatives à
l'évaluation de la qualité du modèle ; il ressort
que :
--> (1) désigne le risque pour un enfant
congolais d'être pauvre avant d'atteindre son 5ème
anniversaire. Ce risque lié à la distribution des
caractéristiques de la population à coefficients constants, est
en moyenne égal à 42,23 %, toutes choses étant
égales par ailleurs (T.C.É.P.A.). Cette moyenne n'est autre que
l'incidence de la pauvreté non monétaire infanto-juvénile,
estimée dans la section 4.1.2, et nous savons qu'un tel ratio est
indépendant du seuil absolu de pauvreté que nous avons
fixé à 34,7 % ;
--> (2) correspond à la statistique du test du
ratio de vraisemblance (LRT) montrant la significativité à 5 %
des paramètres du modèle. De par la présentation du
modèle, nous savons que cette statistique dérive du produit par
moins 2, de la différence entre les deux logarithmes de vraisemblance
qui la précèdent ;
--> (3) est la statistique du khi-deux, garantissant la
significativité du rejet de l'hypothèse d'indépendance
entre la variable dépendante et les régresseurs significatifs
;
--> (4) est la statistique d'évaluation de la
qualité de notre modèle, une fois les phénomènes de
multicolinéarité et
d'hétéroscédasticité pris en compte de façon
automatique et systématique. Cette proportion estimée
à 84, 8 % (soit près de 3 668 enfants de moins de 5 ans sur
4326), représente le nombre d'unités bien classées ou, en
d'autres termes, l'équivalent
du coefficient de détermination du modèle,
c'est-à-dire le pourcentage de la variabilité expliquée
par le modèle.
En ce qui concerne les coefficients du modèle et les
effets marginaux, deux types d'informations sont à relever :
Premièrement, l'approche économétrique
des déterminants de la pauvreté infantile met en évidence
un résultat mitigé. Celui-ci en effet s'inscrit à
l'opposé des résultats des analyses descriptives faites
précédemment. En effet, le modèle probit binaire montre
qu'il y a quatre (4) variables caractéristiques des ménages, pour
lesquels au seuil de confiance d'au plus 10 %, nous ne saurons admettre
l'existence de leur influence sur le niveau de bien-être des enfants. Il
s'agit : (i) de l'utilisation du sel iodé, (ii) du mode de gestion des
sanitaires, (iii) de l'indice de peuplement du logement et (iv) de la
modalité « riches » de l'indicateur de niveau de vie des
ménages. Pour les mêmes raisons, il y a deux dimensions
communautaires qui ne sont pas liées à la
vulnérabilité infantile congolaise à savoir l'allaitement
au sein et l'alimentation.
Deuxièmement, lorsque nous nous intéressons aux
coefficients significativement non nuls, c'est-à-dire ceux qui «
impactent » sur le risque de pauvreté infanto-juvénile, des
commentaires, en termes de bien-être peuvent être
formulés :
--> au niveau individuel, le modèle
révèle que le risque de pauvreté dans la petite enfance
est fonction du sexe et de l'âge.
Pour le sexe, cela se matérialise par un coefficient de
régression négatif ; ce qui signifie qu'il y a plus de «
chance » de vulnérabilité des garçons que des filles
eu égard à la modalité de référence.
Toutefois, la sensibilité inhérente à la
probabilité pour un garçon d'être « pauvre » est
faible et vaut -0,0212, toutes choses étant égales par ailleurs
(T.C.É.P.A.). Ce résultat corrobore une observation mise en
relief dans le tableau 4.4 relatif aux « 3 I »57 du profil
de pauvreté, résultat qui stipulait que la pauvreté
infanto-juvénile est très faiblement liée au sexe de
l'enfant. Qu'à cela ne tienne, et même si « une approche
genre » nécessiterait une prise en charge par les décideurs
de la petite enfance sans distinction de sexe, l'étude suggère
une réduction de la pauvreté devant accorder une attention
particulière aux garçons qui sont plus vulnérables que les
filles.
Par rapport à l'âge, il est à souligner
qu'il est un facteur explicatif du risque de pauvreté. Les coefficients
négatifs et significativement non nuls y relatifs prouvent que
l'âge influence à la baisse la probabilité pour un enfant
d'être pauvre. En effet, la sensibilité de la
57 Incidence (ou ratio), Intensité (ou
profondeur) et Inégalité (ou sévérité).
probabilité pour un enfant d'être pauvre est
réduite de 0,1390 à 0,1297 ; soit une baisse d'environ 7 % en
passant de 0 an à 1 ou 2 ans révolus. Ainsi, T.C.É.P.A.,
le risque pour un enfant d'être en situation de pauvreté à
l'avenir est plus élevé dans sa vie « infantile » que
dans sa vie « juvénile ». Une telle disparité de la
sensibilité de la survenue de la pauvreté se voudrait similaire
à celle révélée par la figure 3.11 et
consignée dans le tableau 4.4. Cependant, il est d'une grande
importance de ne pas entériner les résultats de la figure 3.11
via cette analyse économétrique. Cette figure en effet,
illustrait des ratios de déficit alimentaire chronique croissant entre
0-1 an. Malheureusement, les résultas économétriques
relatifs à l'indicateur anthropométrique (ITAG) sont très
loin d'être statistiquement significatifs. À l'opposé, les
observations du tableau 4.4 sont valides, parce qu'elles dénotent des
«3 I» du profil de pauvreté de s'amortir avec l'âge de
l'enfant. En effet, ce tableau rapporte que les enfants de 1 an révolu
sont plus enclins à la pauvreté pour tous ses « 3 I ».
Il semble qu'il n'est pas accordé une place de choix à
l'âge de l'enfant dans l'allocation des ressources et infrastructures
adéquates surtout durant les 24 premiers mois de la vie.
--> au niveau du ménage, le risque de
pauvreté en bas âge s'explique par cinq (5) variables : (i) l'IRM,
(ii) la qualité de l'habitat, (iii) le type de lieu d'aisance, (iv)
l'eau potable et (v) le niveau d'instruction de la mère.
En premier lieu, le niveau de bien-être du
ménage en termes de commodités se révèle comme
facteur déterminant du bien-être
infanto-juvénile. Les effets marginaux des ménages
les plus démunis sont négatifs et significatifs, et les enfants
issus des ménages plus pauvres sont les plus vulnérables. Ces
effets dévoilent, T.C.É.P.A., que les « chances »
d'être pauvre dans la petite enfance diminuent avec le niveau de vie du
ménage. La sensibilité (valeur absolue d'un effet marginal) de
ces « chances » est relativement plus élevée pour les
enfants des ménages plus pauvres (0,2028) que leurs homologues des
ménages plus riches. Ce résultat montre qu'une régulation
de l'État est nécessaire, notamment dans une répartition
intelligente des revenus, afin de permettre à toutes les couches de
population de jouir des fruits de la croissance.
En second lieu, nous constatons, T.C.É.P.A., que
habiter un logement moderne est en mesure de rehausser le niveau de
bien-être des « tout petits ».
En troisième lieu, nous soulignons que, par rapport aux
ménages sans WC, il y a, T.C.É.P.A, un impact positif
des ménages ayant des sanitaires modernes (0.0226) sur le niveau de
bien-être des enfants de moins de 5 ans, impact qui est
contrebalancé un peu plus de quatre (4) fois par un effet négatif
des ménages ayant des sanitaires traditionnels (-0,0989).
Nous pensons que l'ajout aux PNDS congolais d'un volet « sensibilisation
» sur
l'impact des aménagements sanitaires et le soutien aux
actions de modernisation de sanitaires pourrait freiner le risque de
vulnérabilité infantile ;
En quatrième lieu, la consommation de l'eau
potable provenant des sources salubres se révèle comme principal
facteur explicatif du bien-être infanto-juvénile,
T.C.É.P.A.. Elle est susceptible de rehausser le niveau de
bien-être infanto-juvénile (et donc de baisser le risque de
pauvreté infanto-juvénile) d'environ 10 % (0.0963),
résultat qui est statistiquement significatif jusqu'à un niveau
d'évidence au-dessous de 1 %. Ces deux derniers résultats
corroborent l'élaboration de l'ICP faite à l'issue de l'ACM (voir
conclusion relative au tableau 4.2) ;
En cinquième lieu, le modèle montre
que le niveau d'instruction de la mère est un déterminant de la
vulnérabilité infanto-juvénile. Et bien que
le coefficient rattaché à la modalité « secondaire
» ne soit significatif qu'à un niveau d'évidence de plus de
5 % (7,21 %), tous les coefficients sont positifs et significatifs. Ainsi,
T.C.É.P.A., le risque de pauvreté
infanto-juvénile fléchit avec le niveau d'instruction de la
mère : « le comportement des femmes ayant un niveau
d'instruction avéré modifie positivement le niveau de
bien-être des enfants de moins de 5 ans ». Cette modification est
d'une sensibilité graduelle ; elle passe d'une valeur minimale de 0,01 %
à une valeur maximale de 2,46 %, lorsque le niveau d'instruction de la
mère varie d'analphabète au secondaire. Quelques commentaires
méritent d'être faits sur cette variable qui a souvent
attiré l'attention de nombre d'analystes du bien-être. L'on
pourrait admettre que l'aptitude à préserver le bienêtre
des enfants est, dans une certaine mesure, liée aux opportunités
économiques des femmes (résultat constaté dans le cas du
Congo, du Cameroun et certainement dans d'autres PVD). Si tel est le cas, alors
les canaux envisageables d'affermissement du bien-être de l'enfant
seraient par exemple (i) les appels d'offres spécifiques aux
mères ; (ii) l'amélioration du capital productif pour celles qui
ont déjà été insérées ; (iii)
l'encouragement à l'effort dans la compréhension des conseils
lors des visites post accouchement ; (iv) l'octroi aux femmes, de certaines
facilités dans l'accès aux services sociaux (informations
sanitaires, éducation, etc.).
--> enfin, au niveau environnemental, il ressort
quatre (4) variables significatives : (i) la vitamine A, (ii) la vaccination,
(iii) le type d'assistance à l'accouchement et (iv) la
géographie
En premier lieu, nous relevons le rôle
prédominant sur la santé des enfants, de la vitamine A et de la
vaccination complète contre les maladies cibles du PEV/C. Ces deux
pôles sont des principaux déterminants communautaires, du risque
de pauvreté infantile. En
effet, le modèle montre que,
T.C.É.P.A., l'administration aux enfants de la vitamine A et
la jouissance de tout l'éventail des vaccins préconisés
par le PEV/C, rehaussent chacune le niveau du bien-être des enfants
d'environ 10 %, ceci respectivement, par rapport aux enfants
à qui il n'est pas administré de vitamine A et n'ayant pas
été couvert par la vaccination. Par conséquent, il serait
judicieux pour l'État de faciliter l'accès aux formations
sanitaires et de diffuser largement les programmes de vaccination, surtout en
milieu rural. En effet, nous savons que pour des raisons aussi bien de
disponibilité et de transport, les formations et informations de
santé sont plus accessibles en zone urbaine qu'en zone rurale.
L'instruction des mères peut une fois de plus être citée
comme palliatif.
En deuxième lieu, il s'ajoute aux deux
précédents facteurs, l'incidence significative du type
d'assistance à la naissance de l'enfant. Les estimations
probits révèlent que, T.C.É.P.A.,
l'accouchement assisté par un personnel de santé est censé
accroître (bien que faiblement) le bien-être
infantile, mais, cet effet marginal positif est quelque peu
équivoque, parce qu'il est contrebalancé (5 fois plus) par une
sensibilité des femmes qui accouchent traditionnellement (0,0011 contre
-0,0056). Ce résultat conforte celui mentionné à la
section 3.2.2 : les mères de niveau d'instruction plus bas, et donc des
ménages plus pauvres, accouchent avec une assistance de moindre
qualité, d'où une mauvaise préservation de la santé
infantile pour ces mères. Un accent sur l'instruction des mères
demeure à fortiori un canal de remède en la matière, et
peut-être il y a lieu de suggérer une meilleure efficience des
formations sanitaires en termes d'accouchements et de soins prénataux
couplés à une réduction des coûts relatifs à
l'accouchement couplés à une baisse du coût du
médicament.
En troisième lieu, un autre élément
communautaire attire notre attention : la localisation géographique. En
effet, par rapport à la capitale politique (Brazzaville), les effets
marginaux relatifs à Pointe-Noire, au Nord Congo et au Sud Congo sont
tous positifs et significatifs. Ainsi, la localisation spatiale de
l'enfant (ou du ménage) est un déterminant de sa
vulnérabilité. T.C.É.P.A., les
sensibilités au bien-être infantile sont toutes positives et plus
grandes dans la capitale économique (3,96 %). Elles sont de 2,94 % et
1,35 %, respectivement au Sud Congo et au Nord Congo. Un tel résultat
s'expliquerait par la nature du modèle qui assure un contrôle de
toutes les raisons évoquées précédemment par l'IRM
en termes de besoins de base, ce qui conforte le profil de pauvreté
élaboré plus haut, lequel révèle notamment une
pauvreté infanto-juvénile ayant au même titre que la
pauvreté des ménages, un caractère régional. En
effet, les « 3 I » de la pauvreté se sont
révélés plus grands dans les domaines Nord Congo et Sud
Congo (qui regorgent plus des zones rurales) par rapport à Pointe-Noire
et Brazzaville, dans lesquelles ces « 3 I » apparaissent
relativement
plus faibles. Un désenclavement de
l'arrière-pays et une dotation en infrastructures de base, surtout
sanitaires constituerait une solution dans les régions encore mal
loties.
Ainsi, l'analyse économétrique, bien qu'ayant
rejeté le caractère explicatif du bienêtre infantile pour
six (06) variables supposées potentiellement explicatives lors des
analyses descriptives, en a qu'en même validé onze (11). Parmi ces
onze variables pertinentes, le modèle a validé l'hypothèse
classique de l'approche indirecte d'analyse de la pauvreté infantile :
« les enfants issus des ménages pauvres le sont
systématiquement ». Cependant, relevons une nuance
établie à deux niveaux dans la présente approche directe.
D'une part, la richesse des ménages est entendue ici en termes de
commodités (besoins de bases) et non en termes monétaires.
D'autre part, elle ne cadre pas avec le côté que nous pouvons
appeler « fort » de l'hypothèse traditionnelle
préconisée par l'approche indirecte [« ...une
pauvreté infantile exclusivement héritée
des ménages... »]. En effet, le modèle exhibé montre
trois catégories de facteurs qui sont en mesure d'influencer le niveau
du bien-être en bas-âge : (i) toutes les deux (02)
caractéristiques postulées sur l'enfant lui-même ; (ii)
cinq (05) caractéristiques des ménages sur les neuf
postulées ; et (iii) quatre (04) caractéristiques communautaires
sur les six envisagées. En conséquence, l'analyse faite ne
contredit nullement l'approche monétaire mais la complète :
le point commun à ces analyses directe et indirecte réside en une
pauvreté infantile héritée des parents, l'effet
additionnel étant par conséquent les deux autres
catégories de facteurs déterminants de la pauvreté
infantile, à savoir les variables biologiques de l'enfant
(pauvreté intrinsèque) et les variables communautaires
(pauvreté structurale ou communautaire).
4.3 LIMITES DE L'ETUDE ET PERSPECTIVES
Cette section présente les faiblesses et les
recommandations découlant de cette étude.
4.3.1 Limites de l'étude
Les résultats obtenus dans la présente
étude méritent d'être nuancés dans la mesure
où
ils exhibent quelques faiblesses liées à la fois
aux techniques utilisées d'une part et à la nature
des données traitées d'autre part. Au nombre de
celles-ci l'on peut retenir les suivantes :
Le manque de robustesse de l'ICP infanto-juvénile
élaboré est imputable à la nature du logiciel SPAD qui
attribue une pondération uniforme à toutes les composantes, alors
qu'il n'est pas faux d'admettre que le niveau d'instruction de la mère
(par exemple), a plus d'importance que l'administration à l'enfant des
nutriments contenant de la vitamine A.
n Le profil de pauvreté élaboré ici n'a
pas été en termes d'analyse de la sensibilité. En effet,
bien que ce profil ait permis un classement des enfants des trois
catégories de variables sélectionnées (enfant,
ménage, environnement) en fonction des niveaux de pauvreté (les
« 3 I »), il n'a cependant pas procédé à une
vérification de la robustesse de ce classement au choix de la ligne
absolue de pauvreté z fixée à 34,7 %. Cette faiblesse
nécessite des tests de dominance stochastique qui permettent
d'étudier la sensibilité envisagée. À cette fin,
une possibilité consisterait à faire varier le z fixé
à des valeurs croissantes ou décroissantes de 5 %, et d'observer
la conséquence sur les « 3 I », c'est-àdire : appliquer
une méthode de balayage avec un pas de 5 % à chaque
simulation.
n Une des principales insuffisances de l'approche d'analyse
de la pauvreté utilisée ici est liée au fait qu'elle n'est
pas dynamique. En effet, la pauvreté n'étant pas un
phénomène statique, son étude en coupes
instantanées ou encore en coupes transversales ne saurait rendre compte
des facettes de ce problème. Une approche longitudinale utilisant les
modèles de durée serait plutôt appropriée pour
l'analyse de la pauvreté et l'élaboration de son profil. Par
ailleurs, la disponibilité des données sur les panels suivis
régulièrement aurait permis d'envisager une alternative par
laquelle la modélisation probit/logit s'utiliserait pour analyser les
déterminants d'une pauvreté infantile conjoncturelle ou
transitoire. Notons qu'en plus de ce dernier volet de pauvreté,
les données de panels pourraient servir à évaluer les
performances de stratégies de réduction de la pauvreté en
bas-âge.
n Enfin, l'analyse directe choisie occulte le volet
monétaire de la pauvreté des ménages. En effet, tout au
long de l'analyse des résultats, nous nous sommes aperçus qu'un
meilleur ciblage des stratégies de consolidation du bien-être des
enfants passe, dans une certaine mesure, par un brassage des indicateurs
monétaires et non monétaires. Cela permettrait de mieux allouer
les ressources et donc de mieux orienter les stratégies de prise en
charge de la petite enfance. Par exemple, l'étude a
révélé que le niveau d'éducation de la mère
est un des principaux déterminants de la santé
infanto-juvénile. À ce titre donc, la pauvreté
monétaire peut aussi être associée étroitement
à la même variable, de sorte que les politiques visant à
améliorer l'éducation des femmes soient susceptibles d'avoir des
effets de synergie simultanément sur la santé et sur la
pauvreté des ménages.
4.3. 2 Perspectives
À la lumière de quelques principaux
résultats de notre analyse empirique, nous essayons de formuler les
suggestions suivantes, en plus des orientations stratégiques
consignées dans le DSRP du Congo.
Tableau 4.8 : Perspectives du bien-être en
bas-âge : points d'encrage et suggestions
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Points d'encrage
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Activités ou Suggestions
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Vulnérabilité infanto-juvénile
intrinsèque
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Une attention particulière aux garçons, lesquels
sont plus vulnérables que les filles.
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Une place de choix à l'âge de l'enfant dans
l'allocation des ressources et infrastructures adéquates, surtout durant
leurs 24 premiers mois de leur vie
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Lutte contre la pauvreté infanto- juvénile
héritée du ménage
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Répartition intelligente des revenus à toutes les
couches de population de manière à offrir une meilleure
préservation du bien-être en bas-âge
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Initiation et Encouragement des projets de construction des
habitations modernes : palliatif à l'exacerbation de la pauvreté
des « touts petits ».
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Ajout d'un volet « sensibilisation poussée » sur
l'impact des
aménagements sanitaires sur le PNDS congolais et
Soutien des initiatives de modernisation sanitaires : frein à la
vulnérabilité infantile
|
Installation de davantage de robinets publics : atout majeur pour
la réduction de la pauvreté infantile
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Offres de plus d'opportunités économiques aux
femmes (appels d'offres spécifiques, amélioration du capital
productif, encouragement à l'appréhension des conseils lors des
visites pré/postnataux, octroi de certaines facilités dans
l'accès aux services sociaux)
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Lutte contre la pauvreté infantojuvénile
environnementale
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Octroi aux femmes des facilités d'accès aux
formations sanitaires, Large couverture vaccinale, Infrastructures
(désenclavement, transport, communication, hôpitaux)- surtout en
milieu rural.
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Instruction/ Éducation de base aux femmes :
priorité
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Efficience des formations sanitaires en termes d'accouchements
et de soins prénataux, Réduction des coûts relatifs
à l'accouchement et au médicament.
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Désenclavement de l'arrière-pays et Dotation en
infrastructures
sanitaires, surtout dans les régions encore mal loties
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Source : l'auteur
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À cette fin, une synergie serait par exemple d'engager
de concert avec les institutions tant nationales qu'internationales
impliquées dans l'évaluation de la pauvreté,
l'élaboration des termes de références suivant une optique
directe de mesure du bien-être infantile tels que : (i) Pauvreté
des enfants et dépenses publiques de modernisation ; (ii)
Pauvreté des enfants et accès de la femme à
l'éducation ; (iii) Pauvreté des enfants et opportunités
socioéconomiques pour la femme ; (iv) Pauvreté des enfants et
genre au Congo ; (v) vulnérabilité des enfants et
environnement.
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