Une approche de mesure du bien-etre des enfants et de la pauvreté des ménages au Congo( Télécharger le fichier original )par Anaclet Géraud NGANGA KOUBEMBA Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur Statisticien 2008 |
CONCLUSION GÉNÉRALEAu terme de cette étude, outre l'atteinte des objectifs de nature académique et professionnelle, l'étude empirique a tenté de prendre en main certaines dimensions descriptives et explicatives de la pauvreté des ménages et des enfants au Congo. À cette fin, basée sur l'EDSC-I 2005, la présente étude avait pour finalité d'une part de mesurer et d'analyser les déterminants du bien-être infanto-juvénile et, d'autre part, d'analyser les facteurs de vulnérabilité infanto-juvénile. L'analyse permet de présenter cinq principales catégories de résultats. En premier lieu, l'objectif de l'étude était de simuler le niveau de vie de ménages. Une analyse des correspondances multiples (ACM) affinée par une agrégation de type Ward a permis de classifier 5879 ménages à partir d'un ensemble de onze variables relatives au cadre de vie et aux actifs possédés. Cinq classes regroupées en trois catégories ont été distinguées en termes de pauvreté par les besoins de base. Cette pauvreté est vécue sous trois angles : une carence en infrastructures, une insécurité à l'existence humaine et un déficit en confort. La première catégorie de ménages, assimilée globalement aux ruraux, oppose d'une part le Nord Congo qui vit une situation de pauvreté accentuée et, d'autre part, le Sud Congo qui la vit modérément. La deuxième catégorie de ménages est assimilée à la zone « semiurbaine, semi-rurale ». Elle vit une situation intermédiaire de pauvreté. Enfin, la troisième catégorie de ménages, assimilée globalement aux urbains, oppose d'une part les grandes métropoles (Brazzaville et Pointe Noire) qui vivent une situation de vulnérabilité modérée et, d'autre part, les villes secondaires (Nkayi, Dolisie, Ouesso) qui vivent une pauvreté sévère. En deuxième lieu, l'objectif de l'étude était de décrire sommairement le bien-être infantile. Ce dernier a été analysé à base d'un échantillon national de 4904 enfants de moins de 5 ans. Premièrement, dans l'ensemble, la couverture vaccinale totale n'est que d'environ 18 % et la probabilité qu'un enfant reçoive la totalité des vaccins contre les maladies cibles du PEV/C s'élève avec le niveau d'instruction de la mère. Deuxièmement : (i) un peu plus de 9 enfants sur 10 sont allaités au sein ; (ii) la qualité d'assistance à l'accouchement est le majeur déterminant de la fréquence d'allaitement ; (iii) la fréquence d'allaitement varie très légèrement avec le sexe de l'enfant. Troisièmement : (i) quelle que soit la région, très peu de ménages consomment du sel non iodé ; (ii) le niveau d'instruction élevé de la mère influe positivement sur la fréquence d'administration aux enfants de la vitamine A. Quatrièmement, un peu plus d'un enfant sur quatre endure une malnutrition pérenne au Congo (26 %). En troisième lieu, l'objectif de la recherche était d'élaborer et d'analyser un indicateur composite de pauvreté (ICP) infanto-juvénile. À cette fin, une ACM a été utilisée, portant sur un échantillon de 4326 enfants. Deux classes sont distinguées : la classe « enfants pauvres », caractérisée par un cadre de vie précaire et une privation d'au moins un besoin de base et, la classe « enfants non pauvres », caractérisée par un cadre de vie relativement décent et une jouissance d'au moins un besoin de base. L'ICP a montré que les enfants congolais de moins de 5 ans sont enclins à trois types de pauvreté : (i) une pauvreté héritée des parents, (ii) une pauvreté structurale et (iii) une pauvreté induite par l'âge et le sexe de l'enfant lui-même. En quatrième lieu, l'étude a estimé trois types d'indices composites de pauvreté : l'incidence, l'intensité et l'inégalité (« 3 I »). D'abord, une classification a permis de déterminer d'une part un seuil absolu de pauvreté infanto-juvénile, lequel a été fixé à 0,347 et, d'autre part, une incidence de pauvreté de 42, 2 %. Ensuite, les « 3 I » ont été estimé selon la formulation de FGT. Sous l'angle intrinsèque, l'étude a révèlé que d'une part, l'incidence de la pauvreté ne discrimine pas le sexe de l'enfant et, d'autre part, les enfants de 1 an révolu sont plus enclins à la pauvreté. S'agissant des caractéristiques du ménage, la recherche a montré que les « 3 I » de la pauvreté chutent brutalement lorsque l'on passe des enfants des ménages plus pauvres à leurs homologues des ménages plus riches. En particulier, il a été trouvé qu'un peu plus de 6 % d'enfants de moins de 5 ans qui, bien qu'issus de ménages riches ou plus riches, sont frappés d'un manque d'au moins un besoin de base. Sous le même angle, les enfants dont la mère est plus instruite ont plus d'opportunité en termes de qualité de bien-être. Enfin, sous l'angle communautaire l'étude a montré que : (i) la pauvreté infantojuvénile revêt un caractère régional [l'indice numérique de pauvreté est plus élevé au Nord Congo (60 %), suivi du Sud Congo (52 %) par rapport à Pointe Noire et Brazzaville où il vaut respectivement 25 % et 24 %] ; (ii) il y a discrimination entre deux blocs administratifs, d'un côté « Brazzaville et Pointe Noire » avec un indice numérique de pauvreté infanto-juvénile modéré et avoisinant plus de la moitié de la moyenne du Congo (42,2 %), et de l'autre, « Nord Congo et Sud Congo » avec un ratio de pauvreté infanto-juvénile accentué (un peu plus du double de la même tendance centrale) ; (iii) au Congo, l'accouchement sans assistance est le principal facteur de l'extrême précarité de l'existence en « bas-âges ». En cinquième lieu, l'étude a essayé d'élaborer un profil de vulnérabilité infantojuvénile à l'aide d'une estimation économétrique basée sur un échantillon de 4326 enfants. La modélisation probit a été utilisée à cet effet. Elle a suggéré quelques résultats qui tendent à confirmer certaines relations établies dans le cadre des analyses descriptives. Côté individuel de l'enfant, le modèle révèle qu'il y a plus de « chance » de vulnérabilité des garçons que des filles et que l'âge influence à la baisse la probabilité pour un enfant d'être pauvre, T.C.É.P.A. Côté niveau de vie du ménage, les estimations rapportent que : (i) T.C.É.P.A., les « chances » d'être pauvres dans la petite enfance diminuent avec le niveau de vie du ménage ; (ii) T.C.É.P.A., habiter un logement moderne est en mesure de rehausser le niveau de bienêtre infanto-juvénile ; (iii) T.C.É.P.A, un impact positif des ménages ayant des sanitaires modernes s'exerce sur le niveau de bien-être des enfants de moins de 5 ans, impact qui est contrebalancé par un effet négatif des ménages ayant des sanitaires traditionnels. De même : (i) T.C.É.P.A, la consommation de l'eau potable provenant des sources salubres se révèle comme principal facteur explicatif du bien-être infanto-juvénile (résultat qui est statistiquement significatif jusqu'à un niveau d'évidence au-dessous de 1 %) ; (ii) T.C.É.P.A., le risque de pauvreté infanto-juvénile fléchit avec le niveau d'instruction de la mère et la sensibilité inhérente à cet effet positif passe d'une valeur minimale de 0,01 % à une valeur maximale de 2,46 %, lorsque le niveau d'instruction de la mère varie d'analphabète au secondaire. Côté environnement, il ressort que : (i) T.C.É.P.A., la vitamine A et la jouissance de tout l'éventail des vaccins préconisés par le PEV/C, rehaussent chacune le niveau du bienêtre des enfants d'environ 10 % ; (ii) T.C.É.P.A., l'accouchement assisté par un personnel de santé est censé accroître (bien que faiblement) le bien-être infantile ; (iii) T.C.É.P.A., appartenir à un au pôle « Nord Congo et Sud Congo » rehausse le niveau du bien-être des enfants, par rapport à leurs homologues qui appartiennent au pôle « Brazzaville et Pointe Noire ». Globalement, l'étude montre que, malgré les efforts consentis par le Gouvernement dans l'élan de la croissance, réduire la pauvreté infanto-juvénile pourrait nécessité une synergie. Ce serait, par exemple, d'engager de concert avec les institutions tant nationales qu'internationales impliquées dans l'évaluation de la pauvreté, l'élaboration des termes de références suivant une optique directe de mesure du bien-être infantile. Ces termes pourraient être : (i) Pauvreté des enfants et dépenses publiques de modernisation ; (ii) Pauvreté des enfants et accès de la femme à l'éducation ; (iii) Pauvreté des enfants et opportunités socioéconomiques pour la femme ; (iv) Pauvreté des enfants et genre au Congo ; (v) Pauvreté des enfants et environnement. INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
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