4. 2 LE RISQUE DE PAUVRETE DANS LA PETITE ENFANCE
Note 1 : Les liens «
tissés » entre les variables cibles, ne sont jusque-là que
«admissibles». En fonction des variables définies, cette
section vise à valider si besoin est, les principaux facteurs
jugés significatifs (individuels, communautaires, ménages). De
tels facteurs découlent d'une analyse économétrique qui
vise, essentiellement, à déterminer d'une manière
empirique les lois économiques, en complétant la théorie
par la vérification des liaisons entre les variables et la stature de
ces liens grâce aux observations chiffrées. Elle est un outil de
mesure en économie. Son cadre d'expression est la modélisation ;
un modèle étant une représentation schématique
formelle d'une réalité.
4. 2.1 Modelisation du risque de pauvrete
infantoluvenile
Il est question ici de présenter théoriquement le
modèle postulé, de modéliser,
spécifier les variables, indiquer les options
spéciales d'analyse puis interpréter les résultats.
4.2.1.1 Présentation théorique du
modèle probit55
Soit un échantillon de n individus indicés i, i =
1,..., n. Pour chaque individu, l'on
observe si un certain événement s'est
réalisé et l'on note yi la variable
codée associée à
événement. Posons ? i ? { 1, 2, ...,
n} : y= I 1
0
|
si l'événement s'est réalisé pour
l'individu i si non
|
L'on appelle modèle dichotomique univarié
(logit, probit, plus-value, etc.), un modèle statistique dans lequel la
variable expliquée ne peut prendre que deux modalités
discrètes. Il explique la survenue ou non d'un événement,
en définissant la probabilité de survenue de
l'événement comme l'espérance de la variable codée
yi .
E ( y i ) = prob ( y
i = 1)*1 +prob(yi = 0)*0 =
prob(yi = 1)=pi
55 Sauf indication additive éventuelle,
cette partie se réfère essentiellement à nos notes de
cours d'économétrie et au polycopié de Cours initié
par Christophe Hurlin, 2003, « Économétrie des Variables
Qualitatives ». Des détails sur le modèle Probit sont
donnés en encadré F1 et F2 (Annexe F).
4.2.1.2 Modélisation et spécification des
variables
Modélisation
L`analyse économétrique des déterminants
de la pauvreté infanto-juvénile requiert un fondement
théorique. Ce fondement fait référence à
l'hypothèse selon laquelle la pauvreté d'un enfant est
exclusivement héritée de celle du ménage dont il est issu
; cette dernière devant être confirmée ou infirmée
par la modélisation. La démarche suivie se réfère
à une variante qui est actuellement utilisée au sein du
réseau PEP, notamment l'optique de Lachaud (2000) et de Deaton (1997).
Dans ce contexte, ayant présumé la causalité des facteurs
individuels, communautaires et du ménage, sur le bien-être des
enfants, l'on suppose que les déterminants du bien-être
infanto-juvénile dérivent de la maximisation d'une fonction de
demande réduite de santé à trois vecteurs (enfant,
ménage et structure communautaire). Cette option tient compte de nos
hypothèses sous-jacentes, des données disponibles et
calculées puis des objectifs poursuivis. Par conséquent,
l'unité d'analyse est l'enfant lui-même. La
modélisation de son risque de pauvreté peut se faire à
partir des équations réduites et l'analyse de la demande de
santé infantile peut se faire en maximisant une fonction de demande de
santé. Compte tenu de ces éléments d'analyse, la
modélisation des chances de pauvreté des enfants est
exprimée par la relation (I) :
Rpi = R ( Xi ,
Xm , Xc , u i) (
I)
--> Xi est un vecteur des
caractéristiques de l'enfant [age, sexe] ;
Xm est un vecteur des
caractéristiques du ménage [Indice de Richesse du
Ménage,
niveau d'instruction de la mère, qualité du
logement, iodation du sel, sanitaires (lieu d'aisance et son mode de gestion)
et eau potable (source et durée d'approvisionnement)] ;
Xc est un vecteur des
caractéristiques de l'environnement [domaines, vaccination,
nutrition, vitamine A, allaitement et assistance à
l'accouchement de la mère] ; --> ui est l'erreur
aléatoire du modèle.
L'équation (I) exprime le risque pour un enfant
congolais de moins de 5 ans d'être pauvre compte tenu des
caractéristiques décrites ci-dessus. En d'autres termes,
contrairement à une approche indirecte qui prendrait en compte la
mère (ou le ménage) comme unité d'analyse, l'approche
directe considérée ici, prend comme unité d'analyse
l'enfant. Ainsi, la présente approche économétrique veut
examiner dans quelle mesure les caractéristiques
susénumérées influencent le bien-être des enfants.
Sur ce, cette modélisation appelle une spécification sommaire des
variables.
Spécification des variables
D'abord, la variable dépendante du modèle est
l'indicateur composite de bien-être des enfants (ICP) ou les scores,
archivés comme indiqué plus haut à l'issue de la
classification mixte de la section 4.1. Cette variable dépendante
ordinale a été dichotomisée en deux classes
catégorielles d'enfants : classe 1/2 = « pauvres » et classe
2/2 = « riches » ou « non pauvres ». Nous
reprécisons que l'échantillon concerne 4326 enfants
âgés de 4 ans révolus au moment de l'enquête
(année 2005). Ensuite, s'agissant des variables explicatives du
modèle, elles sont considérées comme exogènes. Le
bien-être des enfants considérés est supposé
être déterminé par trois groupes de facteurs :
(i) Au niveau du ménage : l'éducation de la
mère est censée agir sur la santé de l'enfant. Par
exemple, l'accès à l'information en matière de
santé pour une mère qui sait lire et écrire. Pour mieux
capter l'information, nous avons distingué le niveau d'instruction de la
mère en analphabète, primaire, secondaire, supérieur ;
l'IRM en plus pauvres, pauvres, moyen pauvres, riches, plus riches ; le type de
logement en traditionnel, moderne ; le type de WC en traditionnel, moderne,
sans WC ; le mode de gestion des sanitaires en collectif, privé ; la
principale source d'eau potable en salubre, insalubre ; le temps
d'approvisionnement en eau (moins 30 minutes, plus de 30 minutes). Ces
modalités sont censées avoir une incidence sur le bien-être
infantile comme nous l'avons constaté dans les analyses
précédentes ;
(ii) Au niveau individuel : l'âge et le sexe sont des
indicateurs biologiques de santé physique. Par exemple, il a
été supposé plus haut que l'indice taille-âge qui
indique le retard de croissance chez les enfants, est fortement
corrélé avec l'âge. Ces deux variables sont potentiellement
agissantes sur le bien-être infantile. Leurs modalités sont :
masculin, féminin pour le sexe et 0 an, 1-2 ans, 3-4 ans révolus
pour l'âge ;
(iii) Au niveau communautaire, les facteurs candidats
à un impact sur le niveau de vie des enfants sont le domaine
(modalités : Sud Congo, Nord Congo, Pointe Noire, Brazzaville), la
vaccination complète contre les maladies visées par le PEV/C :
BCG, Polio, DTcoq, Rougeole (modalités : « oui », « non
»). Le pouvoir explicatif de ces variables a été pressenti
lors de l'analyse descriptive (chapitre 3) puis dans le profil de
pauvreté (section 4.1 du présent chapitre). Toujours au niveau
communautaire, l'analyse descriptive révélait l'influence, sur le
développement infantile, de la vitamine A (modalités : «
vitaminé A », « Non vitaminé A »), du type
d'assistance à l'accouchement de la mère (modalités :
personnel de santé, traditionnel, non assisté), de l'indice
taille-âge : ITAG (modalités : sévèrement malnutris,
malnutris) et de l'allaitement au sein (modalités : « oui »,
« non »). Ce sont des potentielles variables explicatives.
Note 2 : Une étude qui
étendrait l'âge des enfants au-delà de 5 ans, se
révélerait intéressante si elle intègre l'aspect
éducation scolaire aussi bien dans l'élaboration de l'ICP des
enfants que dans le modèle. Cette option est à l'évidence
excentrique pour la présente étude.
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