2.1.4 Les indices classiques de FGT (Foster, Greer et
Thorbecke)
Foster, Greer et Thorbecke (1984) ont proposé un
indice qui est une agrégation corrigée de l'indice CHU tenant
compte de toutes les remarques étalées plus haut. De Foster, les
amendements ont été progressivement apportés par Greer
jusqu'à la version définitive de Thorbecke. L'indice
proposé par ces auteurs est aussi du type dérivé de (F) et
s'écrit formellement :
FGT á =
|
1 ( )
q z x
- i á
= pá
n i=1 z
|
, avec á = 0 (FGT)
|
|
Dans cette formule,á est un paramètre
appelé degré d'aversion pour la pauvreté ; il est une
mesure de l'importance donnée aux individus les plus pauvres. Notons que
l'indice FGT satisfait l'axiome de transfert dès que á =
1et l'axiome de sensibilité aux transferts dès que á
= 2 . En plus, il est aisé de voir que les indices H et I
présentés au début de cette partie et qui sont les indices
de pauvreté les plus connus sont des cas particuliers de l'indice FGT.
En plus il est fort intéressant de constater que FGT est
décomposable et cela pour tout á.
Vu tous ces avantages qui sont assignés à cet
indice, l'on basera le cadre travail empirique de la présente
étude dans cette famille.
Nos paramètres d'intérêt sont
á ? { 0, 1, 2} 28.
1 q
= E (1 - z / x i) =
I
n i=1
|
qui est le income gap ratio (intensité
|
|
tt> Pour á = 0 : FGT0
= p 0 = q / n = H qui est le Headcount
ratio (incidence de la pauvreté) ;
tt> Pour á = 1 : 1
FGT = P1
ou profondeur de la pauvreté) ;
1 q
tt> Enfin, pour á = 2 :
FGT2 = P2 = E(1 - z / xi
)2 exprime la sévérité de la pauvreté
n i=1
ou indice d'inégalité parmi les sujets pauvres.
Nous noterons « 3 I » pour parler de ces trois
indices (incidence, intensité, inégalité).
2.1.5 Les indices de developpement humain : IDH, IDSH, IPH
et ISPH
Il sera présenté dans cette sous-section des
indicateurs dits composites, résultant des travaux de Sen, selon
l'approche dite non monétaire et multidimensionnelle mentionnées
au chapitre 1. Ces indicateurs, élaborés par les IBW, sont
nés du contenu du développement, concept qui n'a jamais fait,
à la même hauteur que la pauvreté, l'unanimité dans
l'économie de développement. Indiquons que la gestion des
ressources rares (économie) date des temps immémoriaux, alors que
l'acte de naissance de l'économie de développement a
été signé en 1943, par Paul Rosenstein-Rodan, dans un
célèbre article de l'Economic journal portant sur les
problèmes de l'industrialisation de l'Europe de l'Est et du
Sud-Est29. Le concept est aussi complexe que la pauvreté.
Pour saisir le concept de l'économie de développement, les
économistes passent par le truchement de quatre paradigmes tels la
dépendance extérieure, le faible degré
d'intégration de l'appareil productif, le rôle capital du secteur
public et la diversité croissante des situations sociales. D'autres
notions aidant à comprendre ce concept sont : l'économie
politique et la politique économique. Ce sont, dans leurs acceptations
les plus larges, la science des hommes affrontant les problèmes de la
rareté et de l'organisation rationnelle de la société et
l'art de l'État dans le domaine économique30. Sans
nuire à la généralité, retenons que le
développement est à nuancer de la croissance. La croissance
28 « ...il est souvent conseillé de
calculer ces trois indicateurs en raison de la complémentarité
des informations qu'ils apportent » enseigne l'analyste, MBONG MBONG
(2001), dans «Impact de la pauvreté urbaine sur la dynamique des
villes : enjeux pour les municipalités africaines et l'engagement des
municipalités africaines dans l'élaboration de politiques,
programmes ou projets visant la réduction de la pauvreté»,
p.13
29 Cf. KAMGA T-I, 2007/2008, « Économie
de développement », Support de cours pour IAS 4, septembre 2007,
ISSEA, p.8
30 Nos notes de cours de politique
Économique.
désigne généralement un accroissement de
la production alors que le développement est un
phénomène, une expression quantitative et réelle attendue
d'une croissance soutenue. Il s'agit des progrès
enregistrés dans les communications et les transferts, lesquels
réduisent le coût relatif de ces services et permettent de
localiser la production dans tout endroit assurant le coût de
réalisation le moins élevé. On parle aussi d'un
développement local qui est une stratégie de
diversification et d'enrichissement des activités sur un territoire
donné à partir de la mobilisation de ses ressources et de ses
énergies. Cette politique passe par des projets, des stratégies
de formation et de financement31. Cela étant, le
sous-développement sous-entend la non réalisation des objectifs
fondamentaux. Plusieurs courants de pensées s'affrontent, que ce soit
pour pourfendre le terme «développement», accusé
d'être fer de lance d'une forme de colonialisme économique, ou au
contraire pour défendre telle ou telle définition. À
l'heure actuelle, les deux principaux courants opposés sur les
théories du sous-développement sont:
q> le courant libéral tolérant, qui
considère le sous-développement comme un simple
retard du développement ;
q> le courant radical protestataire, qui considère
le sous-développement comme produit de la révolution
industrielle, c'est-à-dire comme un produit du développement des
pays capitalisés et avancés.
Pourquoi doit-on chercher à évaluer le
développement si sa définition n'est pas établie ? Cela
n'est-il pas incongru ? La réponse est simple. Autant la pauvreté
se résume au bien-être, autant le développement s'assimile
à la création annuelle de la richesse monétaire,
calculée souvent en termes de PIB réel par habitant. C'est en
référence à cette dernière considération que
sont nés les indicateurs ci-après représentés sur
la figure 2. Notons que ces indicateurs ont été proposés
par un groupe d'experts du PNUD (à la fin des années 80), en
commençant par l'IDH, puis d'autres indicateurs améliorés,
et ce dans la visée d'une comparaison internationale du niveau de
développement à une date donnée.
31 Cf. DEFFO Thomas, «111 mots clés de la
politique économique », notes de cours pour IAS 4, ISSEA, P.536.
Figure 2 : Quelques indices de développement
humain : sens, origine, dimensions impliquées et motif
d'agrégation
Signification
Raisons d'agrégation
Dimensions impliquées
Origine
Indice
BM et PNUD, 1990
. Santé . Longévité .
Longévité
. Connaissances . Instruction . Instruction
. Égalité sociale . Conditions . Conditions
(Multiples)
. Niveau de vie entre les 2 sexes de vie de vie
. Exclusion
sociale
. Santé
. Connaissances
Indice de Développement Humain
Agrégation première du
niveau de développement
IDH
Indicateur sexospécifique du développement Humain
PNUD, 2001 PNUD, 1997
OMD n° 3 et limites de l'IDH
ISDH
Indicateur de Pauvreté Humaine pour les PVD
Limites de l'IDH
IPH-1
PNUD, 1997
Limites de l'IDH
Indicateur de Pauvreté Humaine pour les
pays
avancés
IPH-2
Jean Paul Minvielle* et Xavier Bry**, 2003
Critique de l'IPH à partir du cas du
Sénégal
Indice synthétique de
Pauvreté Humaine
ISPH
* : Économiste du C3ED (Centre d'Écologie et
d'Éthique pour l'Environnement et le Développement). ** :
Statisticien
Source : l'auteur, sur la base de la
revue de la littérature
n L'IDH indique dans quelle mesure les habitants d'une
région indexée mènent une vie longue (saine), ont
accès à l'éducation (instruction) et jouissent d'un niveau
de vie décent ;
n L'ISDH par contre porte le même jugement mais
intègre les inégalités sociologiques entre les femmes et
les hommes ;
n L'IPH intègre les mêmes dimensions que l'IDH
mais les considère en termes d'élargissement de la
capacité de choix des individus (développement humain au sens du
PNUD, 2005) ; capacité déterminée notamment par
l'accès à un certain niveau de vie, une bonne éducation et
une bonne santé. Ce dernier indicateur est calculé
différemment : IPH1 pour les PVD et l'IPH2 pour les pays de l'OCDE (sauf
la Hongrie, le Mexique, la Pologne, la République de Corée, la
République Tchèque et la Turquie).
Dans le tableau 2 suivant, sont inscrites les formules de calcul
de ces indices.
Tableau 2 : Expressions formelles des indicateurs de
développement humain présentés
Indice de développement
|
Dimension
|
Indicateur de mesure
|
Formule
|
IDH
|
Santé/longévité
|
Espérance de vie à la naissance (p1)
|
IDH = p 1 + p 2
+ p3
|
Connaissance
|
% d'alphabétisation des adultes et TBS (p2)
|
3
|
Niveau de
vie/Conditions de vie
|
PIB réel*/habitant (p3)
|
ISDH
|
Santé/longévité
|
Espérance de vie à la naissance (p1)
|
+ +
p p p
1 2 3
ISDH =
|
Connaissance
|
% d'alphabétisation des adultes et TBS
(p2)
|
|
|
% du revenu du travail Des femmes et du travail des
Hommes dans le PIB
(p3)
|
(p2)
|
IPH 1
|
Santé/longévité
|
% de personnes risquant
de décéder avant l'âge de
40 ans (P1)
|
1
3 3
P + P P 3 3
+
1 2 3
I P H 1 =
|
3
(
avec p3 = ( p3.1 +
p3.2 + p3.3) / 3
P31 : % d'individus privés d'accès à l'eau
potable ;
P32 : % des personnes n'ayant pas accès aux services de
santé ;
P33 : %des enfants de moins de 5 ans souffrant d'insuffisance
pondérale modérée ou aiguë
|
Connaissance/Instruction
|
% des adultes analphabètes (P2)
|
Niveau de
vie/Conditions de vie
|
% de personnes
privées de
conditions de vie
décentes (P3)
|
IPH 2
|
Santé/longévité
|
% d'individus risquant de décéder avant
l'âge de 60 ans (P1)
|
1
3 3 3
IPH 2 p 1 + p
2 p 3 + p4
--
|
Connaissance
|
% des adultes illettrés (P2)
|
Niveau de
vie/Conditions de vie
|
% d'individus vivant en deçà du
seuil de pauvreté (P3)
|
4 )3
|
Exclusion sociale
|
% des individus actifs en situation
de chômage de longue durée (p4)
|
ISPH
|
Multiples
|
Pm ; m allant de 1 à M
|
M 1
1 p
ISPH = [ ( m ) a
r ; a ? IR
M = R
m 1 m
|
Pm, Rm et a désignent respectivement
le niveau de référence du degré de la pauvreté, les
composants ou sousindicateurs de la pauvret et le degré d'aversion de la
pauvreté.
Source : l'auteur, sur la base de la
revue de la littérature32
La présentation de ces quelques indices étant
achevée, il appartient aux prochaines sections de présenter leurs
applications dans certaines économies.
32 La littérature reproche quelques limites
aux indicateurs de développement humain. Nous en avons relevé
certaines qui sont ventilées en encadré B.1 de l'annexe B. Pour
une exhaustivité à l'égard des critiques à ces
indices, voir : PNUD, « notes techniques », Rapport sur le
développement humain, 2004, p.8 ;
www.wikipedia.org ; PNUD, Rapport
sur le développement humain, 1997, 2000, 2001,2004
|