2.1.1.2 Indice H : incidence de la pauvreté
En faisant par exemple A ( x ,z ) =
1 n et en choisissant gi et mi(x, z) tels que
g i mi ( x , z
) = 1 dans la famille (F), l'on obtient un indice simple
Fn ( x , z ) = q /n =
H, le plus simple au point de l'interpréter comme
étant la proportion de pauvres dans la population
totale. Il est souvent abrégé H d'après son
nom anglais «headcount index» désignant en
français l'expression «incidence ou ratio de
pauvreté»:
H = q / n
L'indice H est parfois interprété comme
indicateur de l'étendue ou incidence de la pauvreté (par exemple,
le pourcentage des enfants de 14 ans ayant bénéficié de
moins de cinq ans d'éducation). L'inconvénient majeur de H est
qu'il considère que tous les sujets sont dans la même situation
dès lors qu'ils ont une valeur de bien-être inférieure au
seuil de pauvreté, attribuant ainsi la même importance aussi bien
à une personne à un niveau de bien-être juste
inférieur au seuil qu'à une personne de niveau de bien-être
quasiment nul. Une dernière faiblesse de H réside dans le fait
qu'il ne dépend pas de x, mais seulement de q, c'est-à-dire du
nombre de pauvres. Ainsi même si le niveau de bien-être d'un sujet
croit, H reste invariant, contrairement à ce que à quoi l'on
s'attendrait d'un bon indice de pauvreté26 qui doit
dépendre de la valeur du seuil de pauvreté.
2.1.1.3 Indice I : intensité de la
pauvreté
En faisant par exemple A ( x , z ) =
1 q et mi ( x , z ) = 1/
z dans la famille (F), l'on
obtient un autre indice simple F n ( x ,
z)
q
= . Il est souvent abrégé I dérivé
I
= (1/ q )[ Eg i(1/ z)]
i
=
1
de l'initial de son appellation anglais «income gap
ratio» ou «poverty gap ratio» (c'est le niveau du
bien-être nécessaire pour sortir la population ciblée de la
pauvreté):
1 q
I = E ( g i / z)
q i=1
L'indice I mesure la profondeur ou le déficit moyen de
la valeur du bien-être exprimée en pourcentage du seuil de
pauvreté, ce qui est intéressant car, contrairement à H,
l'indice I s'élève avec la diminution de la valeur
attribuée à la mesure du bien-être. Cependant, il a
l'inconvénient d'être insensible au nombre de personnes qui vivent
en situation de pauvreté. En effet, il est possible d'obtenir d'un
même I deux fois plus de pauvres dans le pays ciblé, situation
indésirable dans les politiques d'éradication du fléau.
Les faiblesses enregistrées des indices H et I ont
été à même de booster les analystes de la
pauvreté vers des formulations plus rigoureuses que nous
présentons plus bas.
26 Si un gouvernement se basait exclusivement sur cet
indice pour la lutte contre la pauvreté, les efforts ne seraient pas
concentrés sur les personnes les plus démunies.
n 1. 2 Les agregations axiomatiques SShT (Sen, Shorrocks
et Thon)
Il sera présenté dans cette partie des indices
assez améliorés, dérivant toujours de la famille (F). Avec
pour chef de fil Sen, les constructeurs des trois indices qui vont être
mis en exergue mettent l'accent sur l'établissement d'un certain nombre
d'axiomes que devrait satisfaire un « bon » indice ; cela, dans le
but de corriger quelques faiblesses de mesures traditionnelles
susmentionnées. Certains axiomes (exception faite pour les indices G, H
et I) sont donnés à titre indicatif dans l'encadré 1
ci-après.
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Encadré 1 : Quelques
axiomes des indices de mesure de la pauvreté
n axm1. Axiome Monotonie : T.C.É.P.A.
[Toutes choses égales par ailleurs], une réduction du revenu d'un
sujet qui se trouve au-dessous de la ligne de pauvreté doit
accroître la mesure de pauvreté (Sen).
n axm2. Axiome Transfert : T.C.É.P.A.,
un transfert de revenu entre une personne qui se trouve en dessous de la ligne
de pauvreté et une personne qui est plus riche doit accroître la
mesure de pauvreté (Sen).
n axm3. Axiome focus : La mesure de
pauvreté reste inchangée si le revenu d'un sujet qui se trouve
au-dessus de ligne de pauvreté augmente (Sen).
n axm4. Axiome faible transfert : Un transfert
régressif où le bénéficiaire continue à
être pauvre doit augmenter la valeur de l'indice de pauvreté
(Thon).
n axm5. Axiome fort transfert : Un transfert
régressif doit augmenter la valeur de l'indice de pauvreté dans
tous les cas (Thon).
n axm6. Axiome sensibilité aux
transferts : T.C.É.P.A., un transfert régressif d'un
montant x du i-ème vers le j-ème pauvre provoquera une plus
grande augmentation de la mesure de pauvreté qu'un transfert
régressif du même
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n
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montant du k-ème vers le l-ème pauvre si.
xj --- xi = xl
--- xk > 0 et xk >
xi (Sen et Kakwani).
n axm7. Axiome cohésion aux
sous-groupes : soit une population composée de m groupes
d'individus. La pauvreté agrégée de l'ensemble de la
population augmente lorsque la pauvreté d'au moins un groupe augmente,
celle des autres groupes restant constante. (Foster, Greer et Thorbecke)
n axm8. Axiome dissociation : Soit une
population composée de m groupes, chaque groupe contenant
nj individus ( j = 1, 2,..., m et
n1 + n 2 + ... + n m =
n ) . Si on note P la mesure de pauvreté agrégée
calculée sur l'ensemble
m
de la population et pj celle qui est
calculée sur le jème groupe alors : p =
En j p j/n (Foster, Greer et
j 1
Thorbecke).
n axm9. Axiome symétrie
: Une permutation des allocations initiales entre deux sujets laisse constante
la mesure de la pauvreté.
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n
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Source : STATECO n°90-91,
Aout-Décembre 1998 ; Soliz et Alejandro, 1999.
Les axiomes ci-dessus cités expliquent les fondements
éthiques et moraux qu'il conviendrait d'avoir à l'égard
des démunies, de sorte qu'un indice de pauvreté se construise en
reflétant assez bien ces axiomes.
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