1.3.3 Quelques autres identites de la pauvrete 1.3.3.1
Pauvreté objective et pauvreté subjective
La notion de pauvreté objective renvoie à la
capacité de satisfaire les besoins vitaux. Mais, l'on peut
différencier trois principales dimensions de cette approche. La
première dimension sous-tend la pauvreté en termes d'exclusion.
C'est une dimension qui se caractérise au niveau individuel par un
niveau de vie matérielle insatisfaisant ou par une insuffisance de
capital social pour établir des liens sociaux stables ou suffisamment
intenses grâce auxquels l'on pourrait travailler dans des conditions
acceptables et réaliser ses droits en tant que citoyen. La seconde parle
de pauvreté d'existence ou de conditions de vie. Enfin, l'on parle de
vulnérabilité, c'est-à-dire de la situation des personnes
qui n'ont pas la capacité de réaliser les ajustements
nécessaires pour préserver leur bien-être lorsqu'elles sont
exposées à des évènements externes
défavorables.
La notion de la pauvreté subjective quant à
elle, admet que les seuils de pauvreté dérivent des jugements
essentiellement subjectifs de ce que constitue un niveau de vie minimum
acceptable par la population d'une société donnée. La
subjectivité de la pauvreté
réside sur la façon dont les sujets
perçoivent eux-mêmes leur bien-être. Les questions du type
«Selon vous, quel est le niveau du revenu mensuel au-dessous duquel vous
ne pourriez pas joindre les deux bouts ?», sont assez souvent
posées pour appréhender ce type de pauvreté. Cette
pauvreté revêt un intérêt manifeste pour comprendre
la satisfaction des populations par rapport à leur niveau de vie. Mais
à cause justement des réponses subjectives collectées lors
des enquêtes en la matière, la méthode est difficilement
exploitable pour donner un sens normatif à des comparaisons subjectives
dans le temps ou dans des contextes différents.
1.3.3.2 Pauvreté structurelle et pauvreté
transitoire
Le concept de pauvreté structurelle ou
organisationnelle fait référence à une situation dans
laquelle l'amélioration du statut des pauvres ne peut s'envisager
qu'à la suite d'un important saut qualitatif aléatoire, à
court ou à moyen terme. Elle découle directement du mode
d'organisation/structuration de la société qui fait en sorte que
sa forte hiérarchisation induise la pérennisation des strates les
plus dénuées dans la pauvreté. Un exemple serait
le cas des bergers d'une localité qui sont en bas de la pyramide
sociale, investissant énormément dans le cadre de leur fonction
alors qu'ils n'en tirent qu'un moindre profit économique. L'on pourrait
dire que c'est le mode d'organisation de la société qui est ainsi
fait.
A contrario, la notion de pauvreté
conjoncturelle ou transitoire se prête à une situation de
pauvreté induite par un choc ou une conjoncture quelconque. Un exemple
serait le cas de la fin des conflits militaires congolais en 1998 : la fin de
la guerre civile a provoqué un exode rural massif des populations vers
Pointe-Noire qui était censé offrir un cadre de vie
sécurisé. La conséquence inhérente de cette
migration a été un surpeuplement et donc une insuffisance
nutritionnelle dans nombre de ménages
«Ponténégrins» jugés pauvres. Puisque la
situation des résidents de Pointe-Noire peut se modifier sous d'autres
conjonctures, l'on reconnaîtrait ces ménages comme étant en
situation de pauvreté transitoire.
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