1.9. Difficultés rencontrées
Comme toute étude de terrain, notre enquête ne
s'est pas déroulée sans difficultés. Les
difficultés que nous avons rencontrées peuvent être
regroupées au nombre de cinq. Tout d'abord, il avait été
question, de nous rapprocher des responsables des chantiers forestiers
situés dans la région de Mandji pour obtenir des données
sur le volume des essences telles que le moabi et autres qui constituent
l'alimentation de base des éléphants afin de vérifier
l'hypothèse selon laquelle les causes des incursions des
éléphants dans les champs des populations sont dues à la
destruction de ces essences forestières par les sociétés
forestières. Malheureusement les reponsables de la CBG qui est la
compagnie forestière opérant à Mandji et dans ses
environs, n'ont daigné de nous fournir une quelconque information
malgré la judicieuse intervention du chef adjoint du Cantonnement des
eaux et Forêts de Mandji et la présentation de notre lettre de
recommandation. Ils ont évoqué la raison selon quelle, ils
étaient pas sûrs de la destination des informations qu'ils
allaient nous fournir. Ensuite, pendant notre deuxième séjour au
mois d'août, nous avons rencontré d'énormes
difficultés à nous entretenir avec nos informateurs car le mois
d'août correspond à la période des cérémonies
(mariage, retrait de deuil, port de deuil, initiation,...) et des travaux
d'abattage. Il a été donc très difficile de rencontrer les
informateurs sans multiplier les rendez-vous réportés à
plusieurs reprises et cela à prolonger notre séjour par rapport
à notre chronogramme de travail. Puis, grande a été notre
déception de nous voir refuser les informations par les femmes sur la
symbolique de l'éléphant dans les rites initiatiques
féminins. Aucune de toutes celles que nous avons pu rencontrer n'a
accepté de nous donner une information sous pretexe que nous sommes un
homme et de surcroit un non initié.
Aussi, pendant toute notre période d'enquête,
nous avons consaté que le sujet de la déprédation des
cultures par les éléphants, est un sujet qui fâche et qui
suscite des suspicions et des passions. Etant donné que dans
l'imaginaire gisir, il y a des personnes qui se transforment en
éléphant, de ce fait, tout le monde se suspecte. Il est plus
aisé de parler de dégâts que d'évoquer les questions
liées à la symbolique et à la conception de
l'éléphant. Demander à une personne s'il consomme ou pas
la viande de l'éléphant ou l'importance de
l'éléphant peut vous valoir un rejet. C'est pour pourquoi, pour
parvenir à obtenir les informations, nous avons été
obligé de recourir à la parenté car dans ce contexte le
climat était plus détendu et l'informateur plus clément.
Enfin, lors de nos visites sur les lieux des dégâts, nous
envisageons prendre des photographies du système de protection des
cultures mis en place par les populations notamment celles des pièges
dont l'une des fonctions est la protection des cultures. Mais aucun chasseur
n'a accepté de nous montrer un de ses pièges à
l'éléphant en vue d'une prise d'image. Selon eux, il n'est pas
permis de montrer à n'importe qui l'endroit où se situe le
piège car il arrive parfois que des personnes se transforment en
éléphant et se font sciemment attraper par leur piège pour
les attaquer quand ils viennent les visiter sous prétexte que le
piège aurait attraper un éléphant. Et furieux, cet
éléphant se défend en attaquant le propriétaire du
piège.
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