1.10. Les résultats préliminaires
Parmi les personnes qui subissent les dégâts
dans leurs plantations, la quasi totalité identifient
l'éléphant comme étant la source de
déprédation principale. Ce constat est fait par tous les
agriculteurs interrogés y compris les administratifs. De plus, les
dégâts sur les cultures causés par les
éléphants semblent être très accrus dans les
secteurs de l'Ovingi et sur la route de Yeno où les personnes
interrogées au sujet de l'éléphant, incriminent l'action
de cet animal dans leurs champs. Les autres animaux signalés comme
principale source de destruction des cultures sont par ordre
d'importance : les aulacodes, les athérures et les gorilles. Les
dégâts dus aux intrusions des éléphants dans les
champs sont jugés comme étendus sur toute l'année. Au
terme de nos observations sur les dégâts constatés, les
cultures les plus appréciées par les éléphants sont
la banane, les taros, les ignames, les patates douces, la canne à sucre,
les ananas et les ignames. Les tubercules viennent en seconde position.
Par contre, les cultures telles que le manioc amer, le tabac
sont en général piétinées ou
déracinées et éparpillées pêle-mêle
dans la plantation. Les périodes des incursions dans les champs
surviennent le plus en début de saison de pluie (septembre-octobre), au
moment où les cultures des anciens champs sont mûrs et au moment
des semences des nouvelles plantations. Mais également entre
février et avril où les cultures sont encore pour la plupart
jeunes. En saison sèche (juin-juillet), les incursions sont moindres et
épisodiques mais lorsqu'elles se produisent les dégâts sont
également importants. Dans l'ensemble, les nuisances dues aux intrusions
des éléphants dans les plantations sont jugées
inestimables. Ces dégâts sont généralement
occasionnés sur les principales cultures (bananes, ignames, patates
douces, taros, cannes à sucre, tubercules de manioc) et touchent des
cultures de tous âges (jeune, intermédiaire, mûr),
majoritairement estimées de bonne qualité par les populations
elles-mêmes. Parmi les dégâts enregistrés à la
suite des passages d'éléphants et en dehors de ceux
occasionnés directement sur les cultures, on note à la suite de
nos observations des plaintes relatives à des :
· Clôtures abîmées ou
entièrement détruites ;
· Des blessures humaines (1 cas enregistré en
2004) ;
· Campements abîmés ou entièrement
détruits ;
· Lampes détruites ;
· Perte de vie humaine.
Les nuisances générées par les gorilles,
les singes et les criquets dans les plantations sont équitablement
jugés saisonniers. Dans ce groupe, les gorilles sont les animaux qui
semblent être à l'origine de dégâts de plus grande
ampleur mais leurs intrusions sont plutôt jugées moins
fréquentes au cours de l'année. Qu'ils soient
considérés comme déprédateurs principaux ou
secondaires, les dégâts occasionnés par les aulacodes et
les athérures sont presque unanimement reconnus par les agriculteurs qui
les subissent comme s'échelonnant sur toute l'année mais
d'ampleur négligeable. Les superficies de la banane, du taro, de
l'igname, de la patate douce, et de la canne à sucre sont plus
importantes par rapport à celles du tubercule. En effet, l'estimation de
la production détruite par culture permet de rendre compte de
l'importance économique des dégâts causés par les
éléphants dans les champs. Nos résultats d'enquête
ont montré que toutes les personnes interrogées avaient
enregistré des dégâts sur une période d'au moins
deux ans.
Système de
protection des cultures
Pour protéger les cultures contre les intrusions des
animaux en général et des éléphants en particulier,
la plupart des agriculteurs interrogés ont mis en place des
systèmes de protection. Outre le système de protection, certaines
plantations possèdent un campement. Ces campements sont
généralement fréquentés de façon
irrégulière par la majorité des agriculteurs. Avec le
campement agricole, la plupart des agriculteurs ont mis en place un
système de protection individuel contre les intrusions des
éléphants et des autres prédateurs de cultures. Les
systèmes de protection mis en places consistent
généralement à ceinturer les plantations de
barrières utilisant différents matériaux ou techniques
(naturels ou non) mais également des pièges. Parmi les personnes
ayant mis en place ces systèmes, certaines les jugent nuls, d'autres
d'efficacité moyenne.
Le système le plus utilisé est la clôture
traditionnelle qui consiste à ceinturée la plantation avec des
cordes modernes métallique en une, deux ou trois strates,
attachées à des arbres de diamètre moyen par des clous, et
sur lesquelles sont accrochées des boîtes métalliques
(canettes de jus ou de bière, boites de conserves vides) qui teintent
quand on exerce une pression sur la corde. Les systèmes qui utilisent
les lampes ou les feux allumés dans les plantations la nuit, des sons
produits en cognant sur des fûts, deviennent inefficaces après une
période d'habituation des éléphants et les personnes qui
obtiennent des résultats satisfaisants sont celles qui font une
surveillance permanente dans les plantations de jour comme de nuit. Le
système de protection mis en place par les agriculteurs dépend en
partie des moyens dont chacun d'eux dispose. Nous avons remarqué :
des clôtures traditionnelles avec campement et avec lampes et feux, des
clôtures traditionnelles avec campement et avec feux, des clôtures
traditionnelles sans campement, fumée toxique, Piéges, Coup de
fusil, Epouvantail métallique, Pagne de couleurs vives, Fût de
résonance.
Règlement des
conflits : Plaintes et battues d'éléphants dans les villages
A la question de savoir si dans leur vie d'agriculteur, elles
avaient déposé au moins une fois une plainte officielle
concernant les dégâts causés par des
éléphants dans leurs plantations, certaines personnes
déclarent l'avoir déjà fait et d'autres non. Cependant
celles qui l'ont déjà fait ne sont plus prêtes à le
refaire dans la mesure où elles n'ont pas eu d'écho favorable. Et
c'est sur cette base que celles qui ne l'ont jamais fait n'osent le faire car
elles estiment que si celles qui ont déjà déposé
des plaintes n'ont rien eu pourquoi iront-elles perdent leur temps. Ce qui
revient à dire que tout le monde à céder au
découragement, plus personne ne compte sur l'administration.
Pour les personnes ayant déposées des plaintes,
dans la majorité des cas, ces plaintes sont souvent restées sans
suite. Les autres cas bien que ayant conduits à des constats sur le
terrain par des agents des Eaux et Forêts, ont été pour peu
seulement, suivis d'une autorisation de battue par l'administration. Et parmi
les personnes ayant bénéficiées des battues, certaines
n'ont pas pu les rendre effective par manque d'arme adéquate ou de
balles et d'autres par manque de chasseur expérimenté. Par
ailleurs, plusieurs battues d'éléphants non autorisées et
menées par des chasseurs locaux ont conduits à des morts
d'éléphants. Chaque année il en meurt sûrement plus.
Perception et causes supposées des
incursions
Au regard de ces dégâts, la majorité des
personnes affirment que l'éléphant n'offrait aucun avantage pour
eux sauf pour ceux qui vendent l'ivoire et ceux qui ont des
« fétiches ». Rare sont les personnes qui les
tolèrent, la plupart des personnes les détestent. Toutefois, pour
les initiés, l'éléphant est un élément de la
nature très précieux qu'il faut conserver car il symbolise bien
de choses malgré les dégâts régulièrement
enregistrés dans les champs. Les causes des incursions des
éléphants les plus évoquées sont :
l'extermination des essences appétées par les
éléphants par la CBG, l'accroissement de la population
d'éléphants du à l'interdiction des battues,
l'inefficacité du système de protection du à
l'habituation des éléphants à ce système,
l'habituation des éléphants aux lampes et aux feux du à la
présence des lampes électriques des compagnies
pétrolières, et la présence « des
éléphants du village ».
Structure, provenance et Signes de
reconnaissance
Les résultats d'observations directes ont montré
que les groupes d'éléphants qui font des incursions dans les
champs des populations sont à la fois des éléphants de
forêt et de savane. Les éléphants de forêt, ont une
structure composée de six à huit individus rarement plus de dix.
Par contre les éléphants de savane ont une structure
composée de trois à quatre individus. Ces derniers forment en
général une même famille. La provenance des ces
éléphants est identifiée vers Rabi (route Yeno). Les
crottes, les pistes, les cassures d'arbustes et les empreintes ont
été les plus importants signes de reconnaissance relevés.
Toutefois, dans certains sites agricoles, nous avons remarqué la
présence de certaines essences forestières recherchées par
les éléphants notamment le douka, les manguiers sauvages dans et
aux environs de certaines plantations.
|